12 mars 1883, tentative de meurtre, Marseille
Circonstances de l’incident
- Encore un crime eu chemin de fer.
Hier matin, à l’arrivée en gare de Marseille du train n°15, on a trouvé dans un wagon de deuxième, classe un voyageur atteint d’une balle de revolver à la tempe. II avait presque perdu connaissance. On parvint à le ranimer, et alors il déclara s’appeler M....e, huissier à Privas. Entre Montélimart et Pierrelatte, un vieillard à longue barbe blanche qui, quoique temps auparavant, était monté dans le compartiment, avait soudain sorti un revolver de sa poche, et lui en avait tiré trois coups à la tête. Une balle a été retrouvée dans le compartiment.
Journal "L'INTRANSIGEANT" du 14-3-1883 (Collection BNF_Gallica)
- Marseille, 15 mars.
L’hypothèse du suicide de l’huissier M....e prend de plus en plus consistance. M. M....e, questionné hier par M. Ramondeur, commissaire spécial de la sûreté, a raconté avoir quitté Privas le 9 mars au soir, pour aller à Avignon où il serait arrivé dans la nuit. De là, il serait parti, au petit jour, à pied, pour Montdevergues rendre visite à une parente, enfermée dans un asile d’aliénés. Le Lendemain, il serait revenu à Avignon et, à onze heures du matin, il retournait à Montélimar d'où il aurait repris, à minuit-douze, le train pour gagner Pierrelatte. Hier matin, vers dix heures, M. M....e, dont l’état est des plus satisfaisants, a reçu la visite de sa mère, domiciliée à Marseille, qui l’a fait transporter chez elle, chemin des Chartreux, pour lui prodiguer des soins dévoués. Dans le courant de l'après-midi, bouillottes, banquettes et revolver, mouchetés de sang, ont été déposés au greffe correctionnel. Lé révolver qui a été trouvé sur la voie par un homme d’équipe, est un bull-doc british du calibre 7; des recherches sont faites pour savoir si cette arme toute neuve n'aurait pas été achetée à une date récente à Avignon où à Privas et par qui.
Journal "L'INTRANSIGEANT" du 17-3-1883 (Collection BNF_Gallica)
- Marseille, 19 mars.
Le nouvel attentat commis dans le train arrivant à Marseille avait été expliqué par une prétendue tentative de suicide. Le Petit Provençal publie une lettre de M. Paul M....... e, le frère de la victime du drame. Il résulte de cette lettre que la famille du blessé proteste avec énergie contre toute idée de suicide. La situation et le caractère de la victime ne sauraient rendre cette version acceptable. D'autre part, l’instruction n’a amené encore la découverte d’aucun fait nouveau pouvant faire la lumière sur cette mystérieuse affaire.
Journal "L'INTRANSIGEANT" du 21-3-1883 (Collection BNF_Gallica)