Impression des billets et des titres de parcours

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L 'évolution

Dès la création des chemins de fer, il faut remettre au voyageur une pièce formant reçu, constatant le paiement du prix de sa place. On peut donc dire que l'impression de ce billet ou ticket est à la base même de l'exploitation d'une Compagnie de transports.


Le billet est à l'origine, un simple coupon détaché d'un livre de souche sur lequel le receveur note lui-même le jour et l'heure du départ, le numéro du wagon, de la place occupée, et qu'il signe. On passe ensuite au « billet-jarretière », imprimé à l'avance et comportant le nom de toutes les gares situées sur une même ligne et les prix correspondant. Le receveur y biffe les parcours à ne pas utiliser.


Les chemins de fer se développant, on cherche un moyen plus rapide et plus simple de délivrer un billet. C'est un chef de station d'une ligne de chemins de fer de l'Angleterre, Thomas Edmonson, qui crée le billet tel qu'on le connait aujourd'hui, à savoir un simple rectangle de carton. Il est utilisé en France pour la première fois en 1842, par la gare de Givors. Bien que pratique, ce ticket est toutefois d'une fabrication difficile car faîte manuellement et donc très lente. Edmonson invente alors une machine qui imprime et numérote les billets. Celle-ci connaît au fil du temps divers perfectionnements (fonctionnement à la main puis au gaz, et enfin électrique).


L'Imprimerie

Outre les machines à imprimer les billets en carton, sont aussi nécessaires des machines à imprimer les titres de parcours en papier (cartes d'abonnement etc...) et les règlements de la Compagnie (bulletins de déplacement, permis etc...)


Pour y loger tout ce matériel, la Compagnie construit donc un bâtiment à Paris en 1923, au n° 7 de la rue du Charolais, à l'entrée de la gare des Messageries départ.

Cette Imprimerie est placée sous l'autorité du Chef de la 4ème Division de l'Exploitation et comprend une partie administrative et une partie purement technique.


La partie administrative

Elle est chargée de préparer les modèles de billets et titres de parcours nécessaires pour les différents tarifs, d'élaborer les instructions concernant le transport des voyageurs et des bagages, d'organiser les bureaux de distribution dans les gares et bureaux de ville, de tenir à jour les listes des séries de billets en approvisionnement dans chaque gare, bureaux et agences de voyage en France et à l'étranger et de s'assurer de leur renouvellement, de commander les matières premières et les fournitures nécessaires aux ateliers d'impression.


La partie technique

Elle s'occupe de la fabrication des billets et de leur envoi. L'ensemble des ateliers occupe une superficie de 1200 m2.


  • Les machines utilisées sont de trois types :
    • Machines à plat = celles dont un châssis mobile, dans lequel sont fixés des composteurs renfermant soit des caractères d'imprimerie soit des plaques en métal sur lesquelles on a gravé en relief le texte à reproduire, vient frapper par un mouvement alternatif de haut en bas la partie à imprimer, placée sur une table d'impression.
    • Machines semi-rotatives = celles qui impriment une composition ou des plaques de métal comme les machines à plat, mais alimentées par une bande de papier sans fin disposée en bobine se déroulant au fur et à mesure de l'impression.
    • Machines rotatives = celles dont tous les éléments d'impression, d'encrage, numérotage etc... sont cylindriques, elles impriment exclusivement du papier en bobine au moyen de cylindres gravés en relief.


  • Les différents ateliers : Il y a deux ateliers principaux, affectés, l'un à l'impression des billets en carton (la couleur des billets est différente selon la classe utilisée, jaune pour la 1ère classe, verte pour la 2ème et chamois pour la 3ème), l'autre à celle des titres de parcours, permis, bons de réduction, cartes de service et de circulation, cartes d'identité pour les Agents et leur famille, cartes d'abonnement, coupons constituant les billets d'agences de voyage, billets d'entrée en gare, billets passe-partout etc... et des ateliers annexes d'attachage, brochage, encartage etc...
    • L'atelier d'impression des billets en carton comprend quinze machines à imprimer à plat dont une qui peut imprimer recto-verso. Il se complète par l'atelier d'attachage et de plombage des paquets de billets. Le système d'attachage consiste à passer une ficelle très fine dans les deux trous espacés de 2 mm dont chaque carton est percé au premier stade de son passage sous les composteurs. La ficelle est passée d'abord dans le sens du plus fort numéro du billet de la série au plus faible, puis dans le sens inverse en utilisant les deux trous séparément. Les deux morceaux de la ficelle sont alors noués puis plombés. Les billets peuvent ainsi être distribués dans l'ordre de leur numérotation sans avoir besoin de couper la ficelle, ce qui donne aux guichetiers toute garantie contre l'émission hors-tour de billets de la même série. Après l'attachage, les billets sont vérifiés puis placés dans des boîtes spéciales pour leur envoi aux gares ou bureaux destinataires.
    • L'atelier d'impression des billets en papier, cartes d'abonnement, permis etc... possède cinq machines semi-rotatives et deux machines rotatives, actionnées par un électro-moteur.
    • L'atelier d'impression par report complète les billets demandés en trop petite quantité par les gares ou les agences de voyages, pour être établis à leur nom dès l'impression.
    • L'atelier de brochage et d'encartage relie en carnet les feuillets tels que permis, passe-partout, au moyen d'un fil d'acier. La partie brochée est ensuite recouverte de papier gommé.
    • Enfin, un magasin des réserves a été créé pour répondre aux besoins rapides des Services pour les carnets de permis et des agences de voyages pour les coupons, afin d'y stocker les éléments nécessaires pour leur établissement.


En 1930, le nombre des principaux titres imprimés se répartit ainsi :

  • Billets en carton 60 000 000
  • Billets passe-partout en papier avec souche 4 600 000
  • Billets d'entrée en gare 4 000 000
  • Cartes d'abonnement de travail 2 000 000
  • Coupons d'agences de voyages 1 700 000
  • Coupons combinés de l'Union internationale 1 500 000
  • Billets à délivrer avec tickets garde-place 1 500 000
  • Divers, billets d'autocars, billets spéciaux (foires..) 6 500 000
  • Soit, en chiffres ronds 82 000 000

S'y rajoutent les cartes d'identité mises en place pour les Agents et leur famille (830 000 cartes imprimées pour le Réseau, d'autres organismes et d'autres Grands Réseaux) ainsi que l'impression des titres de parcours pour le compte des Chemins de fer de l'Algérie, de la Tunisie et du Maroc, de diverses Compagnies secondaires et des permis pour les autres Grands Réseaux français et tous les Services de la Compagnie.

La dépense d'impression des titres de parcours s'élève en 1930 à 442 000 francs, ce qui s'avère bien plus économique que si celle-ci avait été confiée à l'industrie privée.


Source