12 novembre 1886, déraillement, ligne Sisteron à Pertuis

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Circonstances de l’accident

  • ACCIDENT SUR LE P.-L.-M.

Le train n°429 a déraillé hier, sur la ligne de Digne à Grenoble, entre la station de Peipin et celle de Sisteron, après s'être heurté à un bloc de rocher détaché de la montagne.

Quatre voyageurs ont été tués, neuf autres blessés.

D'après une autre version, le bloc de rocher se serait détaché de la montagne au moment du passage du train et écrasé une voiture de voyageurs. Cette catastrophe doit être imputable aux pluies persistantes dans la région, mais la compagnie a-t-elle bien pris les mesures de précaution nécessaires pour assurer la sécurité de la voie? C'est ce que l'enquête démontrera.

Journal LE RADICAL 14-11-1886 (Collection BNF Gallica).


  • Toujours le P.-L.-M..

Il n’y a pas de cadavre, c’est vrai, pour cette fois-ci, mais ce n’est pas la faute de la funèbre Compagnie. Ce ne sont que des éboulements et des déraillements qui, s’ils n’ont pas fait de victimes, prouvent surabondamment combien ces administrateurs enmillionnés apportent de négligence à l’entretien de leur matériel. Entre Sisteron et Lison, un éboulement de trois cents mètres cubes s’est produit sur la ligne. Près de Gap, le train 375, de la même Compagnie, a déraillé par suite de la rupture d’un essieu. Non loin dé la gare de Monchard (sic), toujours sur le P.-L.-M., le train de marchandises 160 a également déraillé. C’est miracle qu’il n’y ait pas eu de victimes.

Journal L'Intransigeant 14-11-1886 (Collection BNF Gallica).


  • Le P.-L.-M. au jour le jour.

On devrait au moins obliger cette, folâtre Compagnie à faire l’acquisition d’un cimetière pour y enterrer ses victimes. Nous avons dit hier que le train n° 429 avait été enseveli, entre Digne et Sisteron, par un éboulement qu’il eût été facile de prévenir si le service d’inspection de la voie avait été fait plus fréquemment et d’une façon plus sérieuse. Voici les noms des victimes de cette catastrophe, qui témoigne une fois de plus de la criminelle incurie du haut personnel delà Compagnie P.-L.-M: M....u, mécanicien; Étienne B......n, employé au télégraphe et une femme dont l’identité n’a pu être constatée. Cinq personnes ont été blessées très grièvement. Les nommés Marius B....n, conducteur-chef, O.....r, conducteur; L.....d, chauffeur; P....y et R.....d, soldats au 71e à Toulon ; quatre autres ont ôté blessées moins grièvement, les nommés L......ud, B......l, R.......d Marc-Jules, Q.....s Robert-Joseph.

Journal L'Intransigeant 15-11-1886 (Collection BNF Gallica).


  • La catastrophe de Sisteron.

On nous écrit de Sisteron qu'une partie de la montagne de Montgerves s'est effondrée au moment du passage du train 429 venant de Marseille. L'éboulement a couvert la voie ferrée d'un amas de 300,000 mètres cubes de terre. La machine a été renversée, une voiture de 1 ere classe a été brisée. L'accident est survenu à deux kilomètres de Sisteron, entre cette gare et celle de Peipein (sic), vers 11 heures 50. Il y a eu immédiatement trois morts: le mécanicien, nommé M.....n ; un ouvrier du télégraphe à Marseille, nommé E.....ne, et une femme voyageant en 3e, dont l’identité n'est pas encore établie, et une vingtaine de blessés, dont huit très grièvement. Les autres ont de fortes contusions. La population de Sisteron et des villages voisins s'est rendue tout entière sur le lieu de l'accident. On a immédiatement organisé les secours. Aussitôt la catastrophe connue, on envoya des secours de Sisteron, tandis que l'on prévenait le préfet à Digne. Il partit avec un médecin par train spécial. On déblaya le plus rapidement possible les wagons et la machine. L'infortuné mécanicien fut retrouvé la tête broyée sur la droite de la machine Sa position laisse supposer qu'il a vu l'éboulement commencer, mais qui a été impuissant à arrêter son train. La machine était enfoncée dans les terres. Dans la soirée, à cinq heures, un nouvel éboulement s'est produit, sans causer, toutefois, aucun accident. Trois autres blessés ont succombé depuis midi, ce qui porte le nombre des morts à 6. Le mécanicien se nommait M.....n ; il était âgé de vingt-huit an et sortait de l’école des Arts-et-Métiers et devait quitter bientôt la Compagnie. Son frère est banquier à Pertuis. Son cadavre est presque coupé en deux. Une circonstance fortuite a empêché ce malheur d'être beaucoup plus grave encore. Le train 416, qui devient 429 à Pertuis, part habituellement 5 heures 28 de Marseille mais, depuis la rupture de la ligne de Gardanne, aucun train de Rognac ne correspondant plus il part avec beaucoup moins de voyageurs. De Pertuis on envoya une machine de secours à Sisteron. Un train spécial arriva à Digne, à sept heures du soir, ramenant douze blessés, qui furent aussitôt admis à l'hôpital. La population, déjà effrayée par les inondations, est consternée. L'ingénieur en chef est à Sisteron. Voici les noms des onze blessés : B.....n Marius, conducteur-chef, grièvement blessé; O......, conducteur, blessé ; L......n, chauffeur, grièvement blessé ; S......u Plan-des-Mées, près Digne ; R.....d, soldat du 61° à Toulon ; T.......n, né à Eussard ; L........d (Léon), d'Embrun ; B........l (Ferdinand) et G......s, employés des télégraphes à Marseille; ......d (Louis), cafetier à Valonne, et Le C......c, de Mens. Comme nous l'avons dit, trois de ces blessés sont morts dans l'après-midi. La route nationale et le télégraphe ont été coupés par l'éboulement.


Journal Le Radical 15-11-1886 (Collection BNF Gallica).


  • Digne, 14 novembre.

Voici les détails complémentaires au sujet de la terrible catastrophe dont nous avons parlé hier: aucun blessé n'a succombé. Le voyageur tué est M. Étienne B....n employé au télégraphe de Marseille. La femme tuée est une fermière du village de Montfort, près Sisteron. Les éboulements continuent. La circulation est complètement interrompue de ce côté. La route contournant la montagne est également obstruée. Le préfet venant de Digne n'a pas pu passer. L'ingénieur en chef du contrôle et les délégués du ministre des travaux publics sont arrivés ce matin. M Édouard Millaud, ministre des travaux publics, est attendu aujourd'hui à trois heures. Il est impossible de commencer les travaux de déblaiement. L'emploi de la dynamite sera nécessaire pour activer le glissement des terrains. Le temps est redevenu pluvieux et froid. Les montagnes voisines sont couvertes de neige.

14 novembre au soir : Le soldat R....d a succombé à ses blessures à l'hôpital de Digne. L'état du chef de train et du chauffeur est plus satisfaisant, quoique très grave encore. Les autres blessés continue aussi à mieux aller; Ils ont reçu la visite du préfet et de l'archev^que de Digne. Les obsèques des trois victimes ont eu lieu ce matin à Sisteron, au milieu d'une affluence d'ouvriers. Les autorités iviles et militaires, ainsi que les chefs de service, assistaient à la cérémonie.

Avignon, 14 novembre. M. Millaud, ministre des travaux publics ets arrivé ce soir à sept heures.

Journal L'Intransigeant 16-11-1886 (Collection BNF Gallica).



  • La catastrophe de Sisteron.

Sisteron, 14 novembre. Outre les trois morts signalées, on annonce la mort de M. Marius Brun, chef conducteur du train, et de deux voyageurs. Le chauffeur L....d est dans un état désespéré. Les obsèques des victimes ont eu lieu hier matin. Le ministre des travaux publics a passé une partie de la journée d'hier à Sisteron avec le préfet et l'ingénieur en chef du contrôle ; il a visité le théâtre de la catastrophe et la route, qui, par suite de nouveaux éboulements, est complètement obstruée. M. Millaud est rentré le soir à Pertuis.

DERNIÈRE HEURE: Nous recevons la dépêche suivante : Digne, 14 novembre. Le soldat R.....d a succombé à ses blessures à l'hôpital de Digne. L'état du chef de train et du chauffeur est plus satisfaisant, quoique très grave encore. Les autres blessés continuent aussi à mieux aller ; ils ont reçu la visite du préfet et de l'évêque de Digne. Les obsèques des trois victimes ont eu lieu ce matin, à Sisteron, au milieu d'une grande affluence d'ouvriers. Les autorités civiles et militaires, ainsi que les chefs de service, assistaient à la cérémonie.

Journal Le Radical 16-11-1886 (Collection BNF Gallica).


Voici l’identité de trois morts, dans le registre d’état-civil de Sisteron :

  • Albert Jules Matabon, 28 ans, mécanicien au chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée, célibataire, né à Pertuis (84) le 8 avril 1858, y domicilié, fils de Honoré Matabon et d’Adeline Catherine Breugne.
  • Étienne Bouterin, 27 ans, agent de l’entretien des lignes télégraphiques, époux de Thérèse Marthe Courbon, né à Tarascon (13) le 18 mars 1859, domicilié à Marseille, fils de Gilles Bouterin et de Jeanne Marie Féraud.
  • Henriette Baptistine André, 50 ans environ, épouse d’Isidore Ischen, née à Entrepierres (04), domiciliée à Montfort (04), fille de feu Jean Antoine André et de feue Julie Latil.

Photos et cartes postales

Croquis et plans