1 février 1885, expulsion de soldats du Mahdi, gare de Paris-Lyon

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Circonstances de l’incident

  • Les soldats du Mahdi.

Nous avons raconté à cette place, il y a quelques jours, les exploits des Soudanais, amenés, dernièrement a Paris par le sieur Lagrange dans le but de les exhiber dans une salle de la rue Vivienne. Celui-ci, ayant constaté que cette entreprise ne répondait pas à ses prévisions, cessait de les faire travailler dés le 11 janvier, comme aussi de leur payer leurs appointements et de subvenir à leur nourriture et à leur entretien. Ces malheureux, au nombre de dix, se trouvèrent donc, du jour au lendemain, dans un dénuement absolu. Ils durent alors foire assigner, le sieur Lagrange devant le tribunal de commerce, afin d’obtenir, le paiement de leurs appointements. Le procès suivait son cours quand, à la suite d’une scène de pugilat que nous avons racontée et qui se passa dans l’hôtel, où ils étaient-descendus, cité Bergère, entre eux et un voyageur, M. C..., on les invita à "s’éloigner". Obéissant à cette injonction, ils se disposaient hier à partir pour Marseille, munis, d’une carte de parcours délivrée par la préfecture de police. Mais le logeur refusa de leur livrer leurs bagages, parce qu’ils n’avaient pu payer ce qu’ils devaient. Les Soudanais se rendirent alors chez le commissaire de police du faubourg Montmartre, M. Tomasi. Malgré la présence parmi eux de plusieurs interprètes, dont un parlait l'anglais et l’arabe, l’autre l’anglais et le français, ce n’est qu’à grand peiné qu'on a pu les comprendre; A onze heures du soir les Soudanais discutaient encore au commissariat. L’un d’eux, le chef sans doute, grand gaillard de près de deux mètres s’était couché dans le cabinet du magistrat, et on a dû employer la force pour le faire sortir. La discussion menaçant de s’éterniser, on pris le parti d’envoyer chercher des fiacres et, bon gré mal gré, les Soudanais durent y monter! Ils ont été conduits à la gare de Lyon sous l’escorte de plusieurs agents, qui ont veillé à leur départ pour Marseille, où Ils embarqueront afin de regagner le désert.

Le trajet en voiture, de ces étrangers, reconduits par des agents, comme nous l’avons dit, à la gare de Lyon, s’est accompli sans incident notable. Seul un des nègres, nommé Ahmet, a montré la plus vive irritation et ai donné du fil à retordre à ses conducteurs. Toute la troupe, c’est-à-dire neuf personnes, est partie par le train de minuit cinquante. Au moment de l'embarquement, les scènes de violence ont recommencé, il a fallu de sérieux renforts pour permettre aux gardiens de la paix d’installer en wagon leurs incommodes pensionnaires. Quant au nègre Ali, que l’on, n’avait pu emmener, il a d’abord été conduit au poste de la rue Drouot. Il a passé une nuit assez calme et hier, à midi, a été transféré au Dépôt d’où il a dû partir à son tour, quelques heures plus tard, pour la gare de Lyon. Des ordres sont donnés pour que les bagages de tous ces pauvres diables leur soient envoyés à Marseille dans un bref délai.

Journal "L'intransigeant" 1 et 2 -2-1885 (Collection BNF Gallica)

Photos et cartes postales

Croquis et plans