5 septembre 1881, Charenton

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Circonstances de l’accident

  • Le 5 septembre 1881, à 9h42, le train 584 qui circule avec 30 minutes de retard est arrêté en gare de Charenton lorsque le train 10 approche de la gare. Sur ordre du chef de gare, le train 584 redémarre d’urgence, le mécanicien du train 10, qui roule à 70 km/h, aperçoit les signaux d’urgence et actionne le sifflet pour ordonner le freinage mais il percute, à une vitesse de 25 km/h, l’arrière du train 584 qui a réussi à atteindre une vitesse de 12 km/h.
  • Les deux dernières voitures, une de 2ème classe et une de 3ème classe, construites en bois, sont broyées par la locomotive percutante. Le bilan de l’accident est de 22 morts et 81 blessés.
  • Selon le PLM, « c’est en exécution d’un ordre du 30 mai dernier que le train 584, n’ayant pu à cause de son retard, déposer utilement à Villeneuve-Saint-Georges ses voyageurs à destination de Maisons-Alfort et Charenton, qui ne pouvaient plus s’y rendre par le train 18 déjà passé, s’est arrêté dans ces deux dernières gares. Mais si les prescriptions règlementaires à cet égard ont été observées, elles ont été violées sur trois autres points, et c’est le concours de ces trois irrégularités qui a causé l’accident :
    • Le garage des trains sur la section très fréquentée de Villeneuve-Saint-Georges à Paris devant présenter plus de dangers que d’avantages, la Compagnie a été régulièrement autorisée à faire une exception aux prescriptions générales en vigueur sur le reste du réseau, et remplace sur ce parcours le garage des trains en retard par un avertissement écrit, remis au mécanicien du train le plus rapide, d’avoir à modérer sa vitesse à cause du train à marche moins rapide qui le précède et qui a du retard. Cette disposition, commandée par un ordre de service, n’a pas été observée par le chef de la gare de Maisons-Alfort. Cependant, il avait fait partir le train 584 à 9h41, heure réglementaire du passage du rapide, et aurait dû arrêter ce dernier, arrivé deux minutes seulement après le 584, alors qu’un intervalle de 5 minutes est prescrit entre les trains. Le chef de gare de Maisons-Alfort allègue son ignorance des dispositions réglementaires à cet égard, mais il est prouvé qu’il les avait lui-même appliquées la veille au soir. Cette violation du règlement est la cause première de l’accident.
    • La gare de Charenton est couverte par un disque placé à 1 400 m environ, et qui doit être fermé dès qu’un train est en vue. L’enquête a prouvé que ce disque, placé hors de vue de la gare, fonctionnait régulièrement, et que la sonnerie qui ne peut agir que si le disque est hermétiquement fermé, avait été parfaitement entendue. Mais il résulte de divers témoignages dignes de foi que l’agent qui est en est chargé n’a pas couvert le train 584 comme il aurait dû le faire dès son entrée en gare, et que le disque n’a été fermé que derrière le rapide qui l’avait déjà précédé.
    • L’emploi réglementaire de l’appareil Tyer aurait dû prévenir l’accident : l’agent chargé des signaux déclare qu’à l’arrivée du 584, il a fermé la voie. Mais il est probable qu’il se trompe ici comme sur le moment où il a fait jouer le disque, et qu’il faut plutôt croire à la déclaration du télégraphiste de Maisons-Alfort qui affirme qu’on lui a donné voie ouverte, immédiatement après la lui avoir fermée.
    • Selon le Directeur, quelques points demeurent obscurs, et ne pourront probablement être éclaircis que par l’instruction judiciaire, qui dispose de moyens qui manquent à la Compagnie ».
  • L’enquête confirme les causes vues par le PLM et ajoute que le chef de gare était préoccupé par des soucis familiaux et que les cantonniers avaient participé à une fête. Le chef de gare de Maisons-Alfort est condamné à douze mois de prison, le cantonnier de Maisons-Alfort est condamné à six mois de prison et le cantonnier de Charenton, est condamné à trois mois de prison.


Photos et cartes postales

Croquis et plans

La presse

  • La catastrophe de Charenton va soulever une grande émotion, des polémiques et même des remous politiques, abondamment relayés par la presse locale, nationale et internationale. A une époque où les questions de responsabilités et indemnisation des victimes ne sont pas encore très tranchées, les suites judiciaires de cette affaire seront également scrutées à la loupe.
  • Journal LE RADICAL 7-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[1]]
  • Journal LE RADICAL 8-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[2]]
  • Journal LE RADICAL 9-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[3]]
  • Journal LE RADICAL 10-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[4]]
  • Journal LE RADICAL 11-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[5]]
  • Journal LE RADICAL 12-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[6]]
  • Journal LE RADICAL 18-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[7]]
  • Journal LE RADICAL 22-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[8]]
  • Journal LE RADICAL 23-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[9]]
  • Journal LE RADICAL 19-10-1881 (Collection BNF Gallica). [[10]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 7-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[11]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 8-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[12]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 9-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[13]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 10-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[14]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 11-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[15]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 15-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[16]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 24-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[17]]
  • Journal LE PETIT PARISIEN 7-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[18]]
  • Journal LE PETIT PARISIEN 8-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[19]]
  • Journal LE PETIT PARISIEN 9-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[20]]
  • Journal LE PETIT PARISIEN 10-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[21]]
  • Journal LE PETIT PARISIEN 11-9-1881 (Collection BNF Gallica). [[22]]

Les suites judiciaires

  • L’ACCIDENT DE CHARENTON-

L’affaire de l’accident viendra aujourd’hui et demain» 10 et 11 mars courant, devant, la neuvième chambre correctionnelle. Les sieurs G..., chef de gare à Maisons Àlfort; G......s et M.....r, aiguilleurs, sont poursuivis pour homicide et blessure par imprudence. La compagnie. Paris- Lyon- Méditerranée est également citée comme civilement responsable. Plusieurs des victimes de l'accident ou leurs parents doivent, dit-on se porter parties civiles. D’après l’instruction, l’accident se serait produit par suite de manque de signaux. Georges Meusy.

Journal L'INTRANSIGEANT 10-3-1882 (Collection BNF Gallica).

  • Journal L'INTRANSIGEANT 12-3-1882 (Collection BNF Gallica). [[23]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 13-3-1882 (Collection BNF Gallica). [[24]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 14-3-1882 (Collection BNF Gallica). [[25]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 14-3-1882 (Collection BNF Gallica). [[26]]
  • Journal L'INTRANSIGEANT 16-3-1882 (Collection BNF Gallica). [[27]]


  • L’ACCIDENT DE CHARENTON-

Comparution devant la chambre correctionnelle de la Seine des employés rendus responsables de la terrible catastrophe de Charenton; Le chef de gare et les deux aiguilleurs sont condamnés.

Journal L'INTRANSIGEANT 3-1-1883 (Collection BNF Gallica).

Sources

  • Compte rendu de la séance du Conseil d’Administration de la compagnie PLM du 9 septembre 1881.
  • Compte rendu de la séance du Conseil d’Administration de la compagnie PLM du 16 septembre 1881.
  • « Le Petit Parisien » numéro 1778 du 8 septembre 1881,
  • « La Comédie Politique » numéro 144 du 18 septembre 1881,
  • « L'Illustration septembre » 1881
  • « Le Journal illustré » septembre 1881
  • « L'Univers illustré » 17 septembre 1881
  • « Evening Post » du 7 septembre 1881
  • « Les accidents de chemin de fer. Grandes catastrophes » par Georges Grison 1882
  • « Catastrophe de Charenton. 42 victimes. L'accident. Les victimes. Les responsabilités », Laurent 1881