Article RGCF d’août 1932 par M. Richon Ingénieur en chef de la Traction au PLM, Partie 2

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Ravitaillement des locomotives

Antérieurement, le PLM avait fait, au dépôt de Vénissieux, l’essai de distribution de charbon aux locomotives par l’intermédiaire de trémies. Les résultats avaient été intéressants, mais l’installation était sur bien des points trop sommaire et avait dû être remaniée et complétée.

Le dispositif de Nevers comporte également des trémies. Il présente, et par son ampleur et par les nouveautés de son équipement mécanique, un intérêt tout spécial. L’emplacement disponible a permis de réunir en les juxtaposant les deux parties qui constituent ordinairement un chantier de combustibles pour le ravitaillement des locomotives : le parc de stockage et l’appareil de distribution des combustibles aux locomotives. La disposition générale de ce chantier est donnée en plan par la figure 4.

Parc de stockage

Il comprend un faisceau de huit voies, jumelées deux par deux, desservant un terrain de 8 500 m2 utilisable pour des entassements pouvant atteindre 21 000 tonnes de combustibles. Les deux voies de chaque groupe sont reliées, vers leurs extrémités opposées à l’aiguille de jonction, par une communication. On a renoncé aux transversales avec plaques tournantes qui ne peuvent pas recevoir les wagons et les grues à vapeur roulantes à grand empattement.

Une voie de tiroir permet les manoeuvres de classement des wagons.

Le parc est desservi par une grue à vapeur tournante et roulante à benne preneuse.

L’appareil de distribution est constitué essentiellement par quatre trémies - peseuses desservant les deux voies de rentrée des machines et alimentées elles-mêmes par une grue électrique tournante et roulante qui se déplace sur un portique, également roulant (Figure 5). La grue électrique prend le charbon, soit dans la grande soute enjambée par le portique, soit dans les wagons en stationnement sur les trois voies voisines, et le déverse dans les trémies, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un crible à secousses, dans les deux trémies médianes.

La grue permet enfin d’assurer l’évacuation des scories déversées par les machines dans les fosses spéciales du type bien connu dit « fosses mouillées ».

La grue à portique et les trémies sont décrites ci-après.

Grue à portique

  • La grue à portique utilisée pour la manutention des combustibles et l’enlèvement des scories comporte :
    • un portique à deux palées,
    • une grue électrique roulante et tournante à portée variable,
    • une benne preneuse.
    • Le portique roule sur deux files de rails distants de 28 m d’axe en axe et se déplace au-dessus d’une soute à combustibles de 150 m de longueur, bordée par des murs en maçonnerie de 1,50 m de hauteur, pouvant recevoir de 5 à 6 000 tonnes de combustibles divers.

Au delà de la soute, le portique peut aller jusqu’aux fosses mouillées à scories situées du côté de l’origine des deux voies de rentrée de locomotives.

  • La grue roulante et tournante est, à commande électrique et à benne preneuse. Elle repose sur un châssis roulant sur les rails fixés à la partie supérieure des poutres principales du portique. Sa portée varie de 7 mètres à 12,50 mètres. Les organes de commande et de contrôle des manoeuvres sont installés dans une vaste cabine fermée dont la partie antérieure est largement vitrée. Pendant la saison froide, cette cabine est chauffée au moyen d’une chaufferette électrique.
  • La benne preneuse, qui ouvre à toute hauteur, peut contenir 1 500 kg de combustibles. Elle est disposée pour permettre l’écoulement rapide de l’eau contenue dans les scories puisées dans les fosses mouillées.

Les diverses manutentions effectuées avec la grue sur portique portent sur quatre qualités le combustibles : menus, tout venant, criblés et agglomérés cylindriques.

  • Ces manutentions sont les suivantes :
    • déchargement des wagons directement dans les trémies de distribution ou dans l’entonnoir du crible à secousses,
    • déchargement des wagons dans la soute,
    • reprise dans la soute pour charger les trémies ou des wagons,
    • chargement des scories sur wagons.

Pour cette dernière opération, la benne preneuse puise les scories déposées au fond des fosses pleines d’eau. En raison de la nature abrasive des scories et pour éviter l’adhérence des escarbilles dans la gorge des poulies de mouflage de la benne, les câbles de levage et d’ouverture se terminent par des chaînes qui ont seules à tremper dans l’eau des fosses.

Trémies surélevées

Les trémies de distribution sont au nombre de 4. Elles sont placées entre les deux voies de rentrée.

Chaque trémie a une capacité de 50 m3 et peut contenir 40 à 50 tonnes de combustibles. L’ouverture est carrée et mesure 6,60 m de côté. Son plan est à 11,22 m au-dessus du rail.

Au-dessous de la base, de section carrée d’un mètre de côté, est un entonnoir rectangulaire dont le fond est fermé par un registre horizontal actionné par un moteur électrique. Ce moteur est mis en mouvement, dans les deux sens, par un système de boutons de manoeuvres placés à 1,50 m au-dessus du sol.

L’entonnoir est prolongé au-dessous du registre par un conduit vertical qui se bifurque en deux goulottes de chargement fixes, orientées transversalement, vers l’une et l’autre des deux voies de rentrée. Un volet commandé par un levier, à partir du sol, permet d’obturer chacune, de ces deux goulottes.

Un poste de manoeuvre comportant un double jeu de trois boutons permet la commande électrique de ces appareils.

Pour éviter, pendant l’hiver, la congélation du charbon humide, les parois de la trémie sont disposées pour être chauffées. Ce chauffage est assuré par une circulation d’air chaud dirigé dans une enveloppe en tôle qui entoure la trémie, depuis le registre jusqu’aux deux tiers environ de sa hauteur, et qui est portée par des cloisons assurant une bonne répartition de la chaleur sur les quatre faces.

L’air chaud provient d’un poêle à vapeur installé sur la plateforme située à 6 m au-dessus du rail, et formé d’une enveloppe en tôle calorifugée entourant un radiateur comportant des éléments à ailettes. La vapeur est produite par la chaufferie de l’huilerie dont il sera question plus loin.

L’originalité des nouvelles trémies réside en ce que ce sont des trémies - peseuses qui permettent de connaître avec une grande précision le poids de combustible livré à chaque machine et d’enregistrer ce poids sur un ticket.

A cet effet, chaque trémie, son registre de fermeture et sa commande forment un tout suspendu sur un système de leviers à couteaux constituant une bascule d’un modèle spécial qui ne peut être mise en action que si le registre est fermé.

La livraison des combustibles est précédée et suivie d’une pesée dont les résultats sont enregistrés automatiquement sur le ticket. La différence de ces pesées donne la valeur du tonnage livré.

Chaque ticket est formé par un carton et un feuillet mince séparés par une feuille de papier carbone. Le feuillet est remis au mécanicien qui le conserve et peut ainsi tenir attachement des quantités de combustibles qu’il a reçues. Le carton est remis au bureau du Magasin des Combustibles où il sert à déterminer et totaliser les quantités de combustibles délivrées par locomotive et par mécanicien.

La bascule donne des pesées avec une précision de 1/1 000.

Dans l’ensemble, toutes les précautions ont été prises en vue de rendre impossible toute fausse manoeuvre et de garantir l’exactitude du fonctionnement. Il est à remarquer que, du fait de l’enregistrement des pesées, aucune fraude n’est possible.

Crible à secousses

Pour assurer une marche régulière à certains trains express dont l’horaire est très tendu, on est dans l’obligation de ne délivrer aux locomotives qui les remorquent que des combustibles de choix ne contenant qu’une faible proportion de menus. On est donc conduit à cribler les gros charbons contenant une trop forte proportion de menus. Pour cela, on a dû installer, dans divers dépôts, un crible à secousses qui est actionné électriquement et est alimenté par une grue à benne preneuse.

En pareil cas, le criblage exige une main d’oeuvre spéciale non négligeable et constitue une opération supplémentaire qui s’intercale entre la prise au tas proprement dite et le stockage en bennes, sur le quai de chargement.

Le dispositif de Nevers a été étudié pour supprimer tous ces inconvénients. Le crible a été placé au-dessus des deux trémies médianes et joue le rôle d’un entonnoir. En passant dans le crible, les menus tombant de la benne sont reçus sur une courroie transporteuse qui les déverse dans la trémie affectée aux menus. Les morceaux ayant plus de 30 mm, refusés par le crible, glissent sur une seconde courroie transporteuse qui les entraîne dans la trémie réservée aux criblés.

Le crible est susceptible de traiter à l’heure 35 tonnes de charbon tout-venant.

Des échelles et des galeries rendent toutes les parties du crible et des trémies facilement accessibles pour la visite et l’entretien.

Moteurs électriques

  • Nature du courant : Triphasé 50 périodes 240 volts.
  • Translation du portique : 29 chevaux; vitesse 30 mètres minute.
  • Translation de la grue : 16 chevaux; vitesse 40 mètres minute.
  • Rotation de la grue : 13 chevaux; vitesse 2 tours minute.
  • Levage de la benne : 36 chevaux; vitesse 42 mètres minute.
  • Commande du registre des trémies : 7 chevaux.

Rendement de l’appareil

Aux termes de la soumission, la grue à portique devait débiter 35 tonnes par heure dans le cas le plus défavorable, c’est-à-dire du wagon tombereau placé sur la voie intérieure au portique à la trémie située en face de ce wagon, en y puisant du tout-venant ou du menu. De plus, la benne devait pouvoir prendre des scories, des criblés ou des agglomérés cylindriques mais aucun débit minimum n’était imposé.

Aux essais, le débit de 35 tonnes a été facilement obtenu avec du tout-venant et même des criblés.

En service normal, un pareil rendement ne peut être soutenu d’une manière continue parce qu’il y a des pertes de temps inévitables, dues à la nécessité de ne pas déverser de combustible dans une trémie à laquelle une locomotive se ravitaille, aux interruptions pour le retrait des wagons vides et leur remplacement par des chargés, au graissage et à l’entretien de l’appareil, etc. Néanmoins, on peut compter sur un débit journalier minimum de 600 tonnes, bien supérieur au tonnage journalier maximum délivré par le dépôt de Nevers.

Résultats obtenus

La mise en service des installations de manutention et de distribution de combustibles aux locomotives, que nous venons de décrire, a fait réaliser à peu près tous les avantages escomptés.

Pour délivrer 350 tonnes de combustibles (tonnage livré au dépôt de Nevers pendant la journée de 1931 la plus chargée), soit 280 tonnes de criblés, tout-venant et menus et 70 tonnes d’agglomérés, 6 charbonniers et distributeurs suffisent. La distribution par wagonnets sur des quais surélevés placés au niveau du parc à charbon, mais dominant de 4,50 m la voie des machines (type de Clermont Ferrand), exige 20 hommes pour la même quantité de combustibles. Les autres dispositifs de distribution par wagonnets sont encore plus onéreux.

Un seul agent en 3/8 peut assurer aisément la distribution du combustible aux locomotives.

La durée du ravitaillement des machines est également réduite de 25 % environ. Elle est au surplus indépendante du tonnage livré mais varie, bien entendu, avec le nombre des qualités livrées.

Lorsqu’elles sont pleines, les quatre trémies offrent une réserve de 160 à 200 tonnes, suffisante pour assurer, en temps normal, les livraisons pendant plus de 8 heures, ce qui facilite l’organisation du service des machinistes de la grue électrique et permet d’obtenir un bon rendement de ces agents.

Tout l’appareillage est robuste, y compris les organes de pesage.

Ravitaillement en huiles

Le nouveau dépôt de Nevers inaugure, pour le PLM, un type d’huilerie tout à fait différent des huileries utilisées sur ce réseau pour la distribution des huiles de graissage aux locomotives.

Jusqu’ici en effet, t’huile était remise aux mécaniciens, sur présentation d’un bon, par un agent spécialisé qui la prélevait dans de simples barils déposés dans l’huilerie. Un va-et-vient hebdomadaire des fûts vides et des fûts pleins, entre les magasins généraux et le magasin distributeur, assurait, à grands frais de main d’oeuvre, le renouvellement du stock.

Le nouveau système d’huilerie est installé industriellement. La distribution est automatique et se fait à l’aide de jetons. Le renouvellement du stock est assuré par des wagons-réservoirs en provenance des magasins centraux.

Ce type d’huilerie est en cours d’installation dans plusieurs dépôts et sera finalement étendu aux 29 dépôts les plus importants du réseau.

  • L’installation comprend deux bâtiments :
    • l’un, de beaucoup le plus vaste, pour la réception, l’emmagasinage et le chauffage de l’huile,
    • l’autre, pour la distribution automatique.
  • Le bâtiment - magasin comporte :
    • un rez-de-chaussée surélevé servant d’entrepôt des barils et formant quai du côté de la voie de réception des wagons d’approvisionnement,
    • au sous-sol, un local où se trouvent deux chaudières génératrices de chauffage central pour les trémies à charbon et les cuves à huile. Une salle où sont remisées neuf cuves verticales, dont sept de 6,800 t et deux de 2,500 t, dans lesquelles sont emmagasinées les différentes qualités d’huile.

Ces cuves sont alimentées, soit par déversement direct des barils placés dans le local du rez de chaussée, soit à l’aide d’une motopompe électrique aspirant l’huile dans les wagons-citernes. La température de cette salle est maintenue aux environs de 45°, de façon à obtenir une fluidité suffisante de l’huile.

Quatre pompes centrifuges électriques, installées sur le sol, servent au refoulement de l’huile dans quatre distributeurs placés dans le bâtiment de distribution; ces pompes sont actionnées automatiquement par un contacteur - basculeur à mercure qui est déclenché par la tige d’un flotteur placé dans chacun des bacs.

  • Le bâtiment de distribution contient quatre distributeurs fermés à clé, correspondant chacun à l’une des quatre qualités d’huile susceptibles d’être délivrées. Une rainure, ménagée dans la porte de ces distributeurs, permet l’introduction d’un jeton spécial qui, en tombant dans un tube, déclenche au passage le contacteur d’une pompe électrique, qui est mise en action et débite la quantité d’huile correspondant au type de jeton.

Enlèvement des scories

Les scories (cendres et mâchefers du cendrier, escarbilles de la boite à fumée) sont basculées dans des fosses profondes, remplies d’eau, dites « fosses mouillées » du genre de celles qui existent dans divers dépôts américains et dépôts français (notamment sur le réseau du Nord et aux dépôts du PLM de Laroche et de Roanne).

Mais alors que dans la plupart de ces établissements les fosses étaient assez longues (17 m à Roanne, 17 à 45 m Laroche), on a pu, à Nevers, tout en conservant les mêmes possibilités, réduire sensiblement la longueur des fosses.

Deux groupes de deux fosses de cinq mètres chacune ont été construites entre les deux voies de rentrée au dépôt, en avant du point de chargement des combustibles. (Les figures 6 et 7 montrent la disposition d’ensemble de ces fosses).

Elles ont une forme trapézoïdale et leurs bords latéraux sont inclinés de manière que lorsque le chauffeur vide le cendrier, les mâchefers soient entraînés par la gravité dans la partie centrale de la fosse, dont la profondeur atteint 3,50 m. Ce glissement est facilité par l’arrosage abondant des bords latéraux à l’aide de tuyauteries placées à leur partie supérieure. Le trop-plein s’écoule dans les égouts d’évacuation du dépôt.

De part et d’autre des fosses, des niches cimentées et des escaliers d’accès permettent au chauffeur de descendre sous les locomotives sans aucun danger, pour opérer la vidange du cendrier intérieur.

Ce travail s’effectue, dès lors, commodément et dans d’excellentes conditions hygiéniques, parce que l’arrosage des scories supprime toutes projections de cendres et de poussières.

Comme la plupart de nos locomotives modernes possèdent, non seulement un cendrier intérieur, mais aussi des cendriers latéraux, les fosses mouillées comportent, à chaque extrémité, des ouvertures spéciales pour permettre la vidange de ces cendriers latéraux.

Pour éviter tout accident, chaque fosse est entourée complètement par une cage de fers cornières de 2,50 m de hauteur. Des inscriptions très apparentes « ATTENTION À LA FOSSE » sont peintes en lettres blanches sur les extrémités des cages d’entourage et l’ensemble est très vivement éclairé pendant la nuit.

L’enlèvement des scories, au lieu d’être fait comme à Laroche et Roanne à l’aide d’un portique roulant avec benne preneuse spécialisé à ce travail, est effectué, à Nevers, avec la grue à benne preneuse du portique qui dessert les trémies à combustibles. Cette disposition, très avantageuse, a permis de réduire sensiblement les dépenses de premier établissement.

Remisage des locomotives

Le dépôt dispose de trois centres de remisage Figure 8):

Une remise

Elle est presque entièrement couverte, du type à auvent actuellement adopté d’une manière uniforme pour toutes les constructions neuves (Figure 9). La superstructure de la remise est toute entière en ciment armé. La figure 10 montre en coupe la disposition de la construction. Le coût d’établissement a pu être un peu réduit, par l’emploi d’un auvent du côté de la partie centrale. Les supports extrêmes de la toiture, du côté du centre, se trouvent en retrait de 3,50 m. La toiture est ainsi en porte-à-faux sur cette même longueur. L’avantage de cette disposition est le suivant : deux colonnes voisines, du côté du centre, doivent avoir un écartement suffisant pour que la circulation du personnel puisse se faire de chaque côté de la machine qui stationne entre elles. Si e est cet intervalle et n le nombre des voies, la circonférence passant par le pied de ces colonnes devra avoir une longueur de ne et un diamètre d = ne / π. Si la profondeur de la partie couverte est de l, le diamètre extérieur de la remise devra être D = d + 2 l. En disposant la toiture en auvent, c’est-à-dire avec un porte-à-faux, on réduit évidemment le diamètre de la remise.

Ici, où le porte-à-faux est de 3,50 m, le diamètre extérieur de la remise n’est plus que de D = d +2 l - 7 m. L’économie de construction est importante.

Cette remise, dont l’angle de rayonnement des voies est de 6° et dont le diamètre extérieur est de 131,90 m, peut recevoir sur fosses 53 locomotives des types les plus modernes. Elle est desservie par un pont - plaque de 24 m, à commande électrique, dont le principe est le même que celui du pont - plaque de 23 m qui est décrit dans le numéro d’Avril 1927 de la Revue Générale.

Les locomotives sont disposées, dans cette remise, cheminées vers la périphérie et placées sous des hottes en fibrociment, à base rectangulaire de 2,50 m x 4 m, surmontées de cheminées pour l’évacuation des fumées à l’extérieur.

De larges et hauts vitrages aménagés dans le mur de pourtour assurent un excellent éclairage diurne.

Les fosses ont une longueur de 23 m, avec escalier d’accès à une extrémité et elles comportent un caniveau pour l’évacuation des eaux usées à l’égout.

Comme le montre la figure 10, la remise comprend trois travées. La travée du milieu est surélevée par rapport aux deux autres pour permettre le déplacement d’un pont transbordeur aérien. Ce pont, à commande électrique, d’une puissance d’une tonne peut, par évolution circulaire autour du centre de la remise, être amené sur l’une quelconque des voies, pour l’enlèvement et la mise en place des pièces lourdes des locomotives remisées.

Cette remise est, bien entendu, agencée de bornes-fontaines, de prises d’air comprimé pour l’utilisation des outils pneumatiques portatifs nécessaires à l’entretien courant des locomotives, et de prises de courant électrique pour lampes baladeuses.

Parc - remise

Il comportant, pour la partie couverte de 30 voies, les mêmes dispositions que la remise dont il vient d’être question. La partie non couverte comprend 28 voies dont deux avec fosses. L’ensemble est desservi par un pont - plaque de 23 m, à commande électrique, du type décrit dans le numéro ci-dessus rappelé de la Revue Générale.

Parc de remisage à découvert

Il est du type à 58 voies (comme le parc - remise, mais dont 32 voies seulement ont été construites : 15 de ces voies sont pourvues de fosses. Ce parc est desservi par un pont - plaque de 24 m à commande électrique, semblable à celui de la remise.

Au total, le dépôt dispose de 148 places de remisage, dont 83 à couvert et 101 sur fosses. En cas de développement ultérieur du trafic, le nombre des places peut être porté à 173.

Atelier de levage

L’atelier a été établi pour permettre la révision générale de huit locomotives et tenders par mois, ce qui nécessite huit fosses occupées en permanence.

Il comprend quatre lignes de deux fosses de 16 m de longueur, espacées de 8 m d’axe en axe avec, en bout, une nef de 14,50 m de largeur réservée aux machines-outils (Figure 12).

Chaque ligne de fosses est directement accessible des deux côtés : une extrémité est reliée au pont - plaque de 24 m de la remise annulaire Sud, l’autre à la voie de rentrée du dépôt, chaque fosse est ainsi indépendante des autres. Cette disposition permettrait un agrandissement facile de l’atelier par prolongement de la longueur d’une fosse du côté des voies de rentrée, sans modifier la disposition des transbordeurs existants, dont les chemins de roulement seraient simplement allongés. Les voies de raccordement ont été tracées en tenant compte de cette éventualité.

Trois voies transversales permettent les mouvements d’essieux et les transports de pièces lourdes par wagonnets. Les voies extrêmes sont raccordées aux voies des fosses par plaques tournantes de 2,05 m, la voie centrale par plaques tournantes de 3,25 m, pour le tournage des bogies.

La travée des machines-outils et les deux travées comportant chacune deux lignes de fosses sont desservies par trois transbordeurs électriques de deux tonnes, dont les trois mouvements sont commandés du sol. En plus de ces ponts, une grue de 24 tonnes électrifiée, se déplaçant sur des chemins de roulement encadrant les fosses, est destinée à la manutention des pièces lourdes et particulièrement au levage des tenders et à l’enlèvement de leurs caisses à eau.

Les locomotives sont levées et mises sur roues à l’aide d’appareils à quatre vérins. A cet effet, l’atelier dispose de deux jeux de six vérins et de deux moteurs. Chaque jeu étant réservé à une travée de deux lignes de fosses (deux vérins à chaque extrémité et deux du côté de l’allée centrale), les transports d’une fosse sur la fosse contiguë se font sans difficulté à l’aide du transbordeur. Pour ne pas dépasser la charge admissible sur le sol, quatre massifs de béton de 2,20 m x 5,50 m ont été prévus au droit de chaque fosse. Ils permettent le levage des locomotives de différents empattements.

Machines-outils

  • tour à roues Sculfort et Fockedey à grand débit : 5 essieux à roues de 2 m en 8 heures,
  • 6 tours parallèles,
  • 2 machines à percer et à aléser,
  • 3 machines à percer dont une sensitive.
  • 2 étaux-limeurs,
  • 2 machines à fraiser,
  • 1 machine à fileter et à tarauder,
  • 1 marteau-pilon pneumatique,
  • 4 cisaille - poinçonneuse
  • 1 presse hydraulique de 60 tonnes.
  • diverses meules, scies, machines à affûter les mèches et les fraises, forges diverses, potences, etc.

Le bureau affecté au sous-inspecteur chargé de l’entretien des machines et aux contremaîtres dirigeant l’atelier est surélevé de 0,80 m et largement vitré pour faciliter la surveillance (Figure 13).

Force motrice

Quatre prises de courant de 60 ampères et deux prises de courant de 15 ampères permettent d’alimenter les appareils à vérins, la grue, un poste de soudure électrique; et un groupe électrique à mandriner les tubes. Un compresseur d’air de 6 000 litres dessert 12 prises d’air comprimé réparties par groupe de deux entre les fosses.

Installations annexes

Four à réguler

Fourni par la Société Héring, il fonctionne au coke comme gazogène. Il y a actuellement 20 fours de ce type en service dans les dépôts de la Compagnie PLM. Un ventilateur électrique permet de régler l’activité de la combustion. Une chambre chauffée par les gaz de combustion du gazogène sert au dérégulage des vieux coussinets ou au réchauffage des coussinets avant régulage. Les températures de coulée sont contrôlées par un pyromètre.

La table de coulée est mobile à l’air comprimé et un dispositif de leviers permet de couvrir la poche de fusion et de la déverser directement dans l’entonnoir de coulée des coussinets.

Grâce à tous ces avantages, on obtient un très bon rendement au point de vue de la dépense de combustible et de la perte d’alliage par oxydation.

Potassage

On a tenu compte de la nécessité de potasser les châssis de bogie, qui nécessitent une cuve de 3,75 m x 2,25 m. Un transbordeur de cinq tonnes permet de prendre les châssis, de les plonger dans la cuve, puis de les déposer sur des chantiers pour réparation et remontage. Un foyer situé au-dessous assure le chauffage direct du bain de potasse (Figure 14).

Précision. Organes de frein. Atelier du peintre

Ces trois locaux séparés permettent aux agents spécialisés de travailler à l’abri des poussières.

Magasin - Outillage commun

Les wagons des pièces de magasin et des pièces de « parc » (pièces dont la réparation est faite par les Ateliers du Matériel) sont amenés dans la cour du magasin. Des abris sont prévus pour le remisage des briques réfractaires, des tubes à fumée et des éléments surchauffeurs. L’outillage commun renferme un petit approvisionnement de pièces de consommation courante (boulons, goupilles, etc.) et les outils spéciaux (machines à percer, marteaux à river et à buriner, vérins, crics, etc.). L’outilleur a à sa disposition une machine à affûter les mèches et une machine à affûter les fraises.

Vérins à fosse coupée

Pour retirer rapidement l’essieu d’une machine sans lever toute la machine (cas d’un chauffage de boite à huile ou d’un ébranlement de bandage par exemple), le dépôt de Nevers disposera de deux vérins à fosse coupée.

L’un, déjà installé dans un bâtiment contigu à l’atelier, est actionné hydrauliquement.

L’autre appareil, en cours d’installation, permettra de desservir trois voies (deux voies d’amenée des machines et une voie d’évacuation des essieux). La manoeuvre (montée et translation) sera entièrement électrique. La plateforme mobile aura 2,40 m de long.

Bascule

Le réglage de la suspension des locomotives et tenders et la répartition des poids sur leurs points d’appui s’effectuent avec une bascule constituée par 14 éléments indépendants, ayant chacun une puissance de 12,5 t, et pouvant être de placés par l’intermédiaire d’un arbre de transmission commandé par moteur électrique. Cette bascule est située dans un bâtiment contigu à la remise Sud et on peut y amener les machines par l’une ou par l’autre de ses extrémités.

Station centrale thermique pour le lavage et le remplissage des chaudières des locomotives

La récupération des calories perdues pendant le refroidissement et la vidange des chaudières a déjà fait l’objet de nombreuses études et applications (voir notamment Revue Générale de Janvier 1905, d’Octobre 1922, de Décembre 1926 et de Mars 1929, Bulletin du Congrès des Chemins de fer de Mai 1924, Rivista Tecnica delle Ferrovie Italiane d’Août 1926, Organ du 1er Août 1930 sur la centrale de Fulda). La réalisation faite au dépôt de Nevers par la Société Auxiliaire des Chemins de fer et de l’industrie, suivant le principe de « de Micheli », est la première sur le réseau PLM. Elle se rapproche beaucoup des applications antérieurement faites par la Société Nationale des Chemins de fer belges, les Chemins de fer de l’Etat Italien et le Réseau du Nord français.

L’installation est tout à fait analogue, aux dimensions des citernes près, à celle de la centrale thermique du dépôt de San-Lorenzo, à Rome, décrite dans le numéro d’Octobre 1922 de la Revue Générale.

Le volume des réservoirs d’eau de lavage et d’eau de remplissage est de 25 m3.

Cette installation permet de traiter 10 machines par jour, en les lavant avec de l’eau à 60° et en les remplissant avec de l’eau à 80°, et procure d’appréciables économies sur la conduite et le combustible de la chaudière fixe qui, autrefois, jouait le même rôle.

Huit fosses de la remise annulaire voisine sont équipées pour la vidange, le lavage et le remplissage à chaud des chaudières.

Atelier d’apprentis

Un atelier largement aéré et éclairé a été aménagé pour recevoir les apprentis (Figure 15) dans un bâtiment de 38 m x 8 m comprenant (Figure 15) : - un atelier d’ajustage avec 20 étaux, utilisé pour les travaux manuels. - une forge à un feu, où les apprentis reçoivent à tour de rôle les principes du forgeage et de la trempe, - un vestiaire - lavabo, - une salle de cours, pour 20 élèves,

Installations à l’usage du personnel

Les agents en résidence à Nevers ont à leur disposition des vestiaires et des lavabos avec douches et des réfectoires. Ces locaux sont répartis en deux bâtiments. L’un d’eux, situé à l’entrée du dépôt, est destiné au personnel en général, à l’exception des charbonniers. Il abrite deux vestiaires pouvant contenir chacun environ 400 armoires métalliques individuelles et affectés respectivement aux agents des machines et aux agents sédentaires. A chaque vestiaire sont adjoints des lavabos à eau chaude et eau froide. Des salles de bains et des cabines de douches sont également mises largement à la disposition de ce personnel. Les charbonniers, dont le travail est particulièrement salissant, disposent d’installations analogues, réunies dans un deuxième bâtiment, sur le chantier même de leur travail.

Les mécaniciens et chauffeurs des locomotives de dépôts étrangers, qui stationnent à Nevers, disposent, dans un bâtiment spécialement à leur usage, de dortoirs, d’un réfectoire et de lavabos avec cabines de douches (Figure 16). Les cuvettes de lavabos, au nombre de 12, sont alimentées en eau chaude et en eau froide.

Les dortoirs sont constitués par 26 chambrettes à 2 lits de 2,90 m x 4,30 m, entièrement séparées les unes des autres par des cloisons montant jusqu’au plafond. Le cube d’air est de 18 m3 par lit.

Ce bâtiment comprend également deux chambrettes à un lit chacune, pour les chefs mécaniciens.

Ces locaux, tous pourvus de chauffage central, sont établis sur un type uniforme, étudié depuis peu et qu’on généralise sur tout le réseau, lors des constructions neuves ou des remaniements importants.

Service médical

On a édifié, pour le Service Médical, un pavillon à deux étages, conforme au dernier plan-type. On y a donc réalisé les meilleures conditions d’hygiène, d’aération, d’éclairage, de chauffage et installé les aménagements techniques les plus modernes.

Au rez-de-chaussée : salle d’attente à 40 places, cabinet de consultations avec local pour les rayons X et petit laboratoire pour les examens bactériologiques et histologiques courants, salle de pansements avec équipements très modernes et WC. Le pavement est en grès cérame, les murs sont revêtus de carreaux émaillés à la partie basse, le reste est ripoliné.

Une infirmière professionnelle, pourvue du diplôme d’Etat, sera attachée en permanence au Service Médical et résidera au premier étage du bâtiment.