Ateliers de machines de Nevers, article de la Revue Générale des Chemins de Fer de mars 1924

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Titre

Les nouveaux ateliers de machines du PLM à Nevers par M. Pouillon, Ingénieur principal du Matériel au PLM, Directeur des ateliers de locomotives de la Compagnie Générale de Construction et d’Entretien du Matériel de Chemin de Fer

Planche et figures de l’article

Indications générales

Emplacement des Ateliers de machines

Le réseau de la Compagnie PLM s’étend en longueur depuis la région parisienne jusqu’aux rives de la Méditerranée. Lyon qui se trouve sensiblement au centre géographique, est à 512 km de Paris et à 575 km de Nice. Avec cette disposition, l’existence d’un seul atelier pour la réparation des locomotives, pour la fourniture des pièces de rechange aux différents dépôts, aurait entraîné des frais de transport considérables et des pertes de temps absolument préjudiciables à la bonne marche du service.

  • La Compagnie PLM a installé et développé trois Ateliers de réparation de locomotives :
    • Le premier pour la région septentrionale du réseau à Paris,
    • Le second pour la région centrale, à Oullins, près de Lyon,
    • Le troisième, pour là région méridionale, à Arles.

Nécessité de déplacer les Ateliers de Paris

Les Ateliers de Paris se trouvent enclavés dans les dépendances de la gare. Ils ne sont donc susceptibles d’aucun agrandissement. Leur desserte ne peut être assurée que par l’intermédiaire des voies de service de la gare, ce qui est une gêne importante pour le Service de l’Exploitation.

Or la Compagnie PLM a étudié des remaniements de la gare de Paris, comportant l’agrandissement sur place des installations de la Messagerie - Arrivée, et l’allongement des quais. L’absence de terrains disponibles aux alentours de la gare exigeait que certaines installations disparussent.

Dans ces conditions, il était tout naturel d’envisager le départ des Ateliers, dont la présence à Paris ne se justifiait en aucune façon, et de laisser toute la place au Service de l’Exploitation.

Choix du nouvel emplacement

La décision étant prise de supprimer les Ateliers de Machines de Paris, il fallait rechercher un emplacement pour la construction d’un nouvel Atelier.

  • Cet emplacement devait satisfaire aux conditions suivantes :
    • Desservir dans de bonnes conditions les dépôts de Paris, de Laroche (Yonne) et de Dijon, et ceux de la ligne du Bourbonnais,
    • Se trouver dans une région industrielle où le recrutement des ouvriers soit facile,
    • Etre à proximité d’une ville importante où les agents de la Compagnie puissent trouver aisément, pour eux et leurs familles, les ressources nécessaires au point de vue logement, approvisionnements et écoles.

La Compagnie PLM avait tout d’abord envisagé d’installer ses nouveaux Ateliers de Machines, à Villeneuve Saint Georges, mais le développement à prévoir pour les installations du Service de l’Exploitation ne permettait pas de disposer d’un terrain suffisant pour un agrandissement ultérieur. Le choix de la Compagnie s’est définitivement porté sur un terrain situé à proximité de Nevers. L’emplacement choisi se trouve dans la fourche formée par les lignes de Nevers à Moret, et de Nevers à Chagny.

Importance prévue pour les Ateliers de Nevers

Les Ateliers de Nevers ont donc été prévus primitivement pour remplacer les Ateliers de Paris, qui réparaient environ quinze locomotives par mois. Mais pour réserver l’avenir, et pour tenir compte de l’augmentation du Parc de la Compagnie PLM, il avait été prévu, avant la guerre, que les Ateliers de Nevers devaient être en mesure de réparer trente locomotives par mois. Après la guerre, étant donnée la situation, il a été reconnu que le programme des réparations devait être augmenté dans des proportions considérables et il a été admis que les Ateliers de Nevers pourraient, dans l’avenir, réparer cinquante locomotives et trente tenders par mois. C’est en vue de l’exécution de ce programme que les Ateliers de Nevers ont été aménagés.

Construction des Ateliers

Les terrains acquis pour la construction des Ateliers ont une superficie d’environ 18 hectares. La construction des bâtiments a été entreprise en 1914, au moment de la déclaration de la guerre. Seuls l’Atelier des Roues, l’Atelier des Forges et le Bâtiment d’Administration étaient construits. Ces bâtiments ont été tout d’abord réquisitionnés par différents services militaires.

En 1917, lorsque les Américains se sont organisés pour assurer le ravitaillement de leurs troupes, ils ont recherché un emplacement où ils seraient en mesure de remettre en état les locomotives leur appartenant et qui assuraient leurs transports.

Par son emplacement sur l’une des principales lignes de communication américaine, Nevers se trouvait tout désigné pour recevoir l’Atelier projeté, mais les bâtiments de réparation proprement dits n’existaient pas. La Compagnie PLM accepta de réaliser le plan qu’elle s’était tracé et de construire les bâtiments dont elle avait prévu l’édification. Les Ateliers de Montage, d’Ajustage et de Chaudronnerie furent donc construits par la Compagnie PLM, pendant la guerre, et immédiatement mis à la disposition de l’armée américaine, qui s’y installa en faisant venir d’Amérique, tout l’outillage nécessaire. L’armée américaine utilisa les Ateliers de Nevers jusque dans le courant de l’année 1919, à l’époque où les troupes américaines quittèrent la France.

Les Ateliers furent rendus à la Compagnie PLM, qui conserva l’outillage installé par l’armée américaine. La Compagnie PLM décida, à ce moment, de confier l’exploitation de ces Ateliers à une Compagnie privée, la Compagnie Générale de Construction et d’Entretien du Matériel de Chemins de fer.

Disposition générale des Ateliers

Dans le plan primitif, les Ateliers de Locomotives de Nevers devaient assurer non seulement la réparation des locomotives et des tenders, mais aussi la réparation des pièces de rechange provenant des dépôts, la réparation des essieux montés, des dépôts et des Ateliers de Voitures et de wagons, la confection de pièces pour les magasins. Du fait de la remise de l’exploitation des Ateliers de Nevers à une Compagnie privée, la Compagnie PLM se borna tout d’abord à lui demander la réparation des locomotives et des tenders . Tout récemment, au cours de l’année 1923, elle commença de lui confier la réparation des pièces de rechange et des essieux montés provenant des Dépôts. Elle s’est organisée pour effectuer, dans d’autres ateliers que ceux de Nevers les réparations des essieux montés des Ateliers de voitures et de wagons, ainsi que les confections de pièces pour les Magasins. Il résulte de ce changement de programme, que les bâtiments prévus pour abriter l’Atelier des Forges et l’Atelier des Roues sont beaucoup trop vastes et ont été utilisés d’une façon différente par la Compagnie chargée de l’exploitation des Ateliers.

Terrain

Le terrain occupé par les Ateliers proprement dits est situé, comme il est dit plus haut à l’intersection des ligues Nevers - Moret, Nevers - Chagny. Il a sensiblement la forme d’un quadrilatère, mesurant environ 500 m dans la direction Nord-Sud, 400 m dans la direction Est-Ouest.

Ateliers principaux

Les Ateliers principaux, c’est-à-dire l’Atelier de Montage, l’atelier d’Ajustage, l’Atelier de Chaudronnerie, occupent un seul bâtiment de 300 mètres de longueur, et de 133 mètres de largeur. Dans le projet primitif, ce bâtiment devait être à ossature métallique, mais au moment de l’exécution pendant la guerre, étant donné la nécessité d’économiser les produits métallurgiques, la Compagnie PLM s’est décidée à édifier ce bâtiment en ciment armé. Le bâtiment est divisé en 8 nefs longitudinales. Les deux nefs centrales constituent l’Atelier du Montage, les trois nefs Est constituent l’Atelier de Chaudronnerie et les trois nefs Ouest constituent l’atelier d’Ajustage.

Atelier du Montage

L’Atelier du Montage comprend deux nefs identiques, ayant chacune 25,70 m de largeur, leur longueur étant celle du bâtiment, soit 300 mètres. Après examen et études, la Compagnie PLM s’est arrêtée à la disposition du Montage « en long ». Chacune des nefs comprend trois voies de travail, munies de fosses sur toute leur longueur. Une voie de service est prévue dans chaque nef, entre deux voies de travail. Cette voie de service est doublée d’une voie étroite pour wagonnets Decauville.

  • Dans chaque nef, il existe deux séries de chemin de roulement :
    • Les chemins de roulement supérieurs sur lesquels circulent deux ponts roulants de 60 t. Cette puissance a été déterminée pour que les deux ponts roulants accouplés puissent soulever la machine la plus lourde dont la Compagnie PLM envisageait la construction dans l’avenir. Cette locomotive pèse 120 t avec un poids maximum de 25 t par essieu.
    • Les chemins de roulement inférieurs, sur lesquels circulent, pour le moment, deux ponts roulants de 4,5 t. Le nombre de ces ponts roulants pouvant être augmenté au furet à mesure de l’augmentation de production des Ateliers.

Les ponts roulants de 60 t sont utilisés pour les manutentions des locomotives et des tenders, l’enlèvement des chaudières, les manœuvres de châssis et les mises sur roues. Ils sont munis d’un crochet de 4,5 t permettant de les utiliser comme les ponts roulants inférieurs, aux opérations de démontage et de remontage, ainsi qu’aux manutentions de toute sorte.

Les six voies de travail et les deux voies de service se réunissent au sud des Ateliers en un faisceau de voies, réunies uniquement au moyen d’aiguilles, de telle sorte que tous les mouvements de véhicules se font sans aucune difficulté, à l’aide d’une locomotive de manœuvre.

Dans son projet, la Compagnie PLM prévoyait que les locomotives venant en réparation, entreraient dans l’Atelier par la voie de service. Elles auraient été amenées au voisinage de leur place de réparation, et une simple manutention transversale au moyen des ponts roulants supérieurs aurait amené les locomotives à leur place définitive.

Cette façon de procéder était admissible pour un Atelier ne dépassant pas 150 mètres de longueur et dont la production ne devait pas être supérieure à 25 locomotives par mois. Mais l’expérience a montré qu’avec un Atelier de 300 mètres de longueur, destiné à réparer 50 locomotives par mois, cette organisation aurait conduit à entretenir du désordre dans l’Atelier.

Par ailleurs, la Compagnie PLM envisageait de confier une locomotive à une seule équipe qui aurait été chargée de toutes les opérations de démontage, de réparation et de remontage.

La Compagnie Générale de construction et d’entretien de matériel de chemins de fer (CGCEM), désireuse de réaliser une organisation rationnelle du travail, a au contraire cherché à spécialiser ses, ouvriers dans la plus grande mesure possible. Elle a été conduite à rechercher cette spécialisation pour une autre raison : elle a été forcée d’embaucher tous les ouvriers qui se présentaient, dont la plus grande partie n’avait aucune notion de la locomotive. Pour faciliter l’instruction de ces ouvriers, il fallait donner à chacun toujours le même travail. De cette façon, le personnel pouvait acquérir, dans le minimum de temps, l’expérience nécessaire pour exécuter, dans de bonnes conditions, le travail, dont il était chargé.

  • Dans ce but, la CGCEM a créé un certain nombre d’équipes, chargées chacune d’un travail bien détermine :
    • Équipe Démontage chargée de démonter les locomotives dès leur entrée à l’atelier. Cette équipe comprend peu d’ouvriers professionnels,
    • Équipe Châssis chargée de la remise en état du châssis et des pièces fixées au châssis,
    • Équipe Chaudières chargée de monter la chaudière sur le châssis et de mettre en place les accessoires tels-que abri, tabliers, cheminée, etc,
    • Équipe Roues chargée de mettre le châssis sur roues et de monter tout le mécanisme.

Chaque équipe travaille toujours au même emplacement. Elle dispose d’un outillage approprié. La locomotive, au cours de sa réparation, se déplace d’une équipe à la suivante. Cette organisation est possible grâce aux puissants moyens de manutention dont dispose la CGCEM. Il est certain qu’au fut et à mesure que la production des Ateliers augmentera, la question des manutentions prendra de plus en plus d importance, et exigera, de la part de la Direction, une attention toute particulière.

Toute la partie Nord de chacune des deux nefs, est réservée à la réparation des tenders, sur une longueur de 50 mètre environ. La réparation des tender est organisée de la même façon que la réparation des locomotives : une voie est réservée au démontage, la- deuxième voie est réservée à là réparation du châssis (la réparation de la caisse à eau est faite à l’Atelier de Chaudronnerie), la troisième voie est réservée au remontage.

Il n’existe pour le moment aucun Atelier de peinture, la peinture est effectuée dans l’Atelier du Montage, après essais sur voies.

Atelier de Chaudronnerie

L’Atelier de Chaudronnerie occupe trois nefs situées immédiatement à l’Est des deux nefs de l’Atelier du Montage. Étant donné le bruit et la poussière produits par les travaux de chaudronnerie, un mur en maçonnerie, sépare l’Atelier du Montage de l’Atelier de Chaudronnerie. Quatre voies transversales réunissent les deux Ateliers, et permettent le transport des chaudières, des caisses à eau et des accessoires dont la réparation incombe à l’Atelier de Chaudronnerie.

Les trois nefs de l’atelier de Chaudronnerie ne sont pas identiques. La nef centrale, où s’effectue la réparation des chaudières et des caisses à eau, a une largeur de 18 mètres. Elle est desservie par deux ponts roulants de 30 t. La puissance de ces transbordeurs correspond au poids de la chaudière d’une locomotive de 120 t. Les deux nefs latérales ont chacune une largeur de 11 mètres. Chacune d’elles est desservie par deux ponts roulants de 4 t. De même que pour l’Atelier du Montage, la partie Nord de la nef centrale de l’Atelier de Chaudronnerie est réservée à la réparation des caisses à eau des tenders. Dans cette nef sont installés deux postes d’essai de chaudières chacun de ces postes comprend trois fosses : ces fosses sont munies d’un dispositif spécial pour l’évacuation des fumées. La nef latérale Ouest est réservée aux machines-outils (cisailles, poinçonneuses, perceuses, raboteuse, machines à confectionner les entretoises) et au travail des petites tôles. La nef latérale Est est réservée aux équipes de tuyauteurs. Au centre, cette nef a été complétée par une nef complémentaire de 50 mètres de longueur environ, où devaient être installés les divers fours. Jusqu’à présent, aucun four n’a été installé. Les Ateliers de Nevers se sont contentés d’y aménager des forges en terre, pour le travail de grosse chaudronnerie.

Atelier d’Ajustage

L’Atelier d’Ajustage occupe trois nefs situées immédiatement à l’Ouest des deux nefs de l’Atelier du Montage. Il n’a pas été jugé nécessaire d’élever un mur entre l’Atelier du Montage et l’Atelier d’Ajustage. La nef centrale de l’Atelier d’Ajustage est seule munie de deux ponts roulants de 5 t, les deux nefs latérales ne disposent d’aucun moyen de levage.

  • Cette disposition a conduit à grouper dans la nef centrale, tous les travaux concernant des pièces lourdes, et exigeant l’emploi des ponts roulants. Dans cette nef se trouvent :
    • Les machines-outils pour l’usinage des cylindres,
    • Les mortaiseuses, tours verticaux et gros tours parallèles,
    • Les machines à rectifier,
    • Les équipes d’ajustage chargées de la réparation des mouvements de distribution, des bielles, des pistons.

La nef latérale Est, est uniquement réservée aux machines outils : fraiseuses, étaux-limeurs, taraudeuses, petits tours, tours à décolleter, les machines semblables étant naturellement groupées ensemble. Cette nef est également occupée par le Magasin Central d’Outillage, et les Magasins d’outillage de l’Atelier d’Ajustage.

  • La nef latérale Ouest est réservée aux équipes d’Ajustage chargées de la réparation de la timonerie et suspension, des boîtes à huile, de la robinetterie. Cette nef est également occupée par :
    • La sous-station, où sont installés les commutatrices et les compresseurs d’air,
    • L’Atelier central, chargé de la confection des outils et de l’entretien de toute l’usine.

Toutes les machines-outils sont conduites par des moteurs individuels. De cette façon, l’Atelier est très dégagé et très clair.

Locaux annexes

Aux deux extrémités du bâtiment constituant les Ateliers principaux, ont été construits des locaux contenant les vestiaires, lavabos et quelques bureaux.

Ateliers secondaires

L’Atelier des Forges et l’Atelier des Roues ont été édifiés à l’Ouest du bâtiment principal. Ces deux Ateliers sont constitués par des nefs parallèles aux nefs du bâtiment principal, mais ayant simplement 64 mètres de longueur. Ainsi que nous l’avons dit plus haut, ces deux Ateliers ont été construits en 1914. Leur charpente est entièrement métallique.

Atelier des Forges

L’Atelier des Forges est constitué par deux nefs identiques, chacune ayant 14,80 m de largeur.

La nef Ouest est réservée aux travaux de petites forges, et aux marteaux pilons de faible puissance.

La nef Est est réservée aux travaux de grosses forges et aux marteaux pilons de grande puissance. Ces marteaux-pilons sont desservis par des fours placés sous un auvent ménagé sur le long pan Est de cette nef. Primitivement, aucune fermeture n’avait été prévue du côté des fours pour mettre le personnel à l’abri des intempéries, les Ateliers de Nevers ont installé une clôture en tôle ondulée. Parallèlement à l’Atelier des Forges, du côté Est, c’est à dire du côté des fours sont placées les soutes à charbon. De cette façon, l’alimentation des fours en combustible exige aussi peu de manutentions que possible.

Les vestiaires - lavabos, de l’Atelier des Forges sont installés dans des locaux annexes aménagés au Nord du bâtiment.

Ainsi que nous l’avons expliqué, le bâtiment des Forges est trop vaste étant donné, le travail confié aux Ateliers de Nevers. L’emplacement disponible a été utilisé pour installer Au Nord un chantier de cémentation ave four à gazogène.

Au sud un atelier de trempe et de forge pour les outils. Cet atelier dépend de l’Atelier Central. Au Sud également, un atelier de régulage (Dépôt de régule en couche mince sur un support métallique. Régule : Alliage anti-friction à base de plomb ou d’étain, utilisé pour le garnissage des coussinets), avec un four à réguler. Au centre un atelier de réparation de ressorts.

Atelier des Roues

L’Atelier des Roues est placé à l’Ouest de tous les Ateliers et à une distance assez grande, pour permettre l’installation, aux alentours, de parcs à essieux recevant les essieux montés, avant et après leur réparation.

L’Atelier des Roues comprend trois travées ayant chacune 14,55m de largeur. Seule, la travée Ouest est munie de deux ponts roulants. La puissance de chacun de ces ponts roulants est de 6 t. La présence de ces ponts roulants a conduit les Ateliers de Nevers à installer, dans cette nef toutes les machines-outils : tours à rafraîchir les bandages, tour à rafraîchir les fusées, tour à aléser les bandages, presse à caler, etc…

La partie Sud des trois nefs est aménagée pour recevoir l’Atelier d’embattage (Fixation à chaud du bandage métallique d’une roue). A cet effet, pour supprimer tout risque d incendie, le voligeage sous toiture est totalement supprimé.

D’autre part, la construction du bâtiment a été prévue pour installer un chemin de roulement aérien sur les deux longs pans. A cet effet les fermes sont prolongées de chaque côté et débordent de 1 m environ du mur du bâtiment.

  • De même que pour l’Atelier des Forges, le bâtiment de l’Atelier des Roues est trop vaste étant donné le programme des travaux des Ateliers de Nevers. L’emplacement disponible a été utilisé :
    • Au Nord pour installer le Parc aux pièces de rechange de la Compagnie PLM.
    • Au centre pour installer l’Atelier d’électricité et l’Atelier d’entretien (bois, serrurerie).

Le bâtiment des Roues était pourvu au Nord comme le bâtiment des Forges, de vestiaires - lavabos. Ces vestiaires ont été transformés en bureaux pour les agents chargés de la gestion du -Parc aux pièces de rechange.

Ateliers Annexes

En dehors des Ateliers principaux et des Ateliers secondaires qui viennent d’être décrits, les installations des Ateliers de Nevers comprennent un certain nombre de bâtiments annexes. Le groupe le plus important de ces bâtiments est situé entre le bâtiment principal et les soutes de l’Atelier des Forges. Un deuxième groupe est situé entre l’Atelier des Forges et l’Atelier des Roues. Un dernier groupe est placé à l’Est du Bâtiment principal.

Premier groupe d’Ateliers annexes

  • Ce premier groupe comprend :
    • Un magasin destiné à recevoir les pièces provenant des locomotives démontées après leur lessivage, et qui sont en attente de réparation ou en attente de réutilisation dans leur état primitif. Les pièces lourdes qui ne risquent pas de disparaître sont déposées sur des planchers aménagés autour de ce magasin.
    • Un Atelier de soudure autogène alimenté par un gazogène à acétylène et divisé en deux parties. La première partie est munie d’un pont roulant de 6 t et est aménagée pour recevoir les cylindres de locomotives pour lesquels la réparation par la soudure autogène peut être tentée. La deuxième partie qui ne possède aucun moyen de levage est réservée à la réparation des petites pièces.
    • Une salle de visite où passent toutes les pièces après leur nettoyage, en vue de l’établissement de procès verbaux de réparation.
    • Les cuves à lessiver comprennent deux groupes de deux cuves. Chaque groupe est installé sous un bâtiment fermé simplement sur les faces Sud et Ouest de façon à permettre l’évacuation facile des vapeurs. L’un des groupes est desservi par une grue de 1 t, l’autre groupe est desservi par un pont roulant de 2 t.

Il existe au Sud de ce groupe d’Ateliers annexes un emplacement disponible, sur lequel s’imposera, ultérieurement, lorsque la production des Ateliers atteindra 35 locomotives, la construction d’un bâtiment destiné à abriter les services du Bureau de Fabrication et du Bureau du Contrôle. Ces services sont actuellement logés dans les lavabos, disponibles par suite de l’effectif réduit des ateliers.

Deuxième groupe d’Ateliers annexes

  • Ce deuxième groupe comprend :
    • Une station de production de vapeur qui alimente les marteaux-pilons et les cuves à lessiver. Les Ateliers de Nevers ont utilisé les chaudières d’une station centrale qui avait été installée pour l’Armée américaine pour produire la force motrice nécessaire aux Ateliers. Actuellement la force motrice est fournie par l’extérieur, comme nous l’indiquerons plus loin.
    • Un groupe de quatre cuves à lessiver, spécialement aménagées pour le lessivage des essieux montés. Ces cuves sont protégées par une construction en ciment armé, incomplètement ouverte du côté Est.
    • Un bâtiment servant de magasin pour toutes les matières entrant dans la réparation des locomotives et tenders. Le bâtiment abrite, bien entendu, les pièces et matières de valeur, et celles qui se détérioreraient aux intempéries. Des planchers disposés autour du bâtiment, reçoivent les pièces encombrantes et lourdes qui ne craignent pas les intempéries.

Troisième groupe d’Ateliers annexes

  • Ce troisième groupe comprend :
    • Un Atelier de réparation des tubes à fumée (Figure 4) avec trommel (Crible cylindrique ou conique, légèrement incliné sur l’horizontale, servant à classer par grosseur des matériaux en morceaux ),
    • Un parc à tôles qui n’est pas encore installé, et qui sera desservi par un portique roulant.
    • Un réservoir d’eau de 600 m3. Un emplacement est réservé pour la construction d’un deuxième réservoir.
    • Il faut encore signaler la présence, sur l’une des voies du faisceau Sud, d’un local (Figure 3) abritant une bascule à 14 plateaux, permettant de peser les locomotives à 7 essieux, telles que les locomotives de banlieue de la Compagnie PLM.

Bâtiments de services généraux

Les façades Nord de tous les bâtiments sont dans le même alignement, et une allée centrale de 38 m de largeur a été aménagée d’un bout à l’autre des Ateliers, assurant une communication rapide d’un bâtiment à l’autre, et facilitant la surveillance.

  • Au Nord de cette allée centrale, se trouvent l’entrée principale et les Bâtiments des Services Généraux, savoir :
    • Le bâtiment d’Administration (figure 5) dans lequel sont installés :
    • Les bureaux des Ingénieurs,
    • Le service de la Surveillance et le bureau d’embauchage,
    • La Caisse,
    • Le bureau des Approvisionnements,
    • Le bureau de la Comptabilité,
    • La salle de dessin et l’Atelier de photographie,
    • Le réfectoire dans lequel peuvent prendre place ensemble 200 ouvriers,
    • L’infirmerie et la salle de visite,
    • Le garage des automobiles,
    • Une salle de réunion mise à la disposition du personnel,
    • L’Atelier d’apprentis, auquel est adjoint une salle de cours. Cet Atelier peut recevoir simultanément 60 apprentis,
    • Le Magasin pour les matières du service général de l’usine,
    • Le magasin à fers,
    • Les Soutes à vieilles matières,
    • Le Magasin des matières inflammables.

Disposition des voies ferrées

L’embranchement qui dessert les Ateliers de Nevers est relié directement à la gare de Nevers. Il pénètre sur les terrains des Ateliers au Sud, il se .continue par une voie qui suit la clôture Ouest, puis, après une courbe, traverse l’allée centrale, et dessert les soutes à vieilles matières, le magasin à fers, et pénètre dans le magasin des matières d’usage général. Sur cette voie sont effectués les essais des locomotives sortant de réparation.

Sur cette voie principale, se trouve un certain, nombre d’aiguilles qui commandent toutes les voies desservant tous les bâtiments. Une voie centrale pénètre à l’intérieur de la nef centrale de l’Atelier de Chaudronnerie, pour permettre le cas échéant, l’enlèvement des chaudières de dessus les châssis, sans avoir besoin de passer par l’intermédiaire des ponts roulants de l’Atelier du Montage.

Un certain nombre de voies traversent complètement les bâtiments, et sont réunies, sur la façade Nord, par deux transversales : l’une, réservée à la circulation des wagons, est munie de plaques tournantes de 4,40 m, l’autre, réservée à la circulation des wagonnets, est munie de plaques tournantes de 2,05 m seulement. Ces deux transversales sont placées entre l’allée centrale et la façade Nord des bâtiments et sont suffisamment éloignées l’une de l’autre, pour permettre l’organisation de dépôts de pièces.

En dehors de ces deux transversales Nord, il existe encore, vers le milieu des Ateliers principaux une transversale qui traverse complètement les Ateliers, et qui longe la façade Sud de l’Atelier des Forges et de l’Atelier des Roues. Cette transversale assure la circulation des essieux montés entre l’Atelier du Montage et l’Atelier des Roues.

Pour permettre l’évacuation des débris de toutes sortes, balayures de fosses, tournures, certaines voies sont doublées d’une voie Decauville qui aboutit aux soutes à ordures.

Enfin les Ateliers de Nevers utilisent des camionnettes électriques qui assurent les transports entre les différents Ateliers et entre les Magasins et les Ateliers. Pour assurer la circulation de ces camionnettes, il a été aménagé des pistes bétonnées pour traverser les voies et sur l’allée centrale, une piste goudronnée a été prévue.

Canalisations diverses

Pour assurer le fonctionnement d’Ateliers aussi importants que ceux de Nevers, il faut des canalisations nombreuses, desservant toute l’usine : électricité, air comprimé, eau, téléphone, etc…

Réseau d’Électricité

Les Ateliers reçoivent l’énergie électrique sous forme de courant triphasé à 15 000 volts. La ligne d’alimentation est double et aboutit à un poste de livraison placé à l’Ouest des Ateliers. De ce poste l’énergie est transmise par deux câbles souterrains à une sous-station de distribution, installée, comme nous l’avons déjà indiqué, dans la nef Ouest de l’Atelier d’Ajustage.

Les moteurs installés par l’Armée américaine furent des moteurs à courant continu à 240 volts, les installations faites ensuite ont été établies de la même manière. La tension du courant triphasé est d’abord abaissée de 15 000 à 170 volts, puis le courant triphasé est transformé en courant continu, au moyen de commutatrices de 500 kilowatts. Pour le moment, une seule commutatrice suffit pour l’alimentation de tous les Ateliers, mais trois commutatrices identiques sont installées et suffiront, lorsque les Ateliers seront en plein fonctionnement.

  • L’éclairage des Ateliers est assuré en courant continu, également. Cet éclairage a fait l’objet d’une étude particulière, et il donne toute satisfaction. En particulier, il permet le travail dans l’Atelier du Montage, sans aucun éclairage individuel. Les intensités lumineuses réalisées sont les suivantes :
    • 40 lux à l’Atelier du Montage,
    • 60 lux à l’Atelier d’Ajustage,
    • 40 lux à l’Atelier de Chaudronnerie.

Pour assurer l’éclairage du bâtiment d’administration, il ne pouvait être question de laisser une commutatrice en fonctionnement. Cet éclairage est assuré en courant triphasé, un transformateur spécial 15 000/ 250 V, assure cette distribution.

Réseau d’Air Comprimé

Etant donné le nombre considérable d’outils pneumatiques utilisés dans un Atelier de réparation (marteaux à river ordinaires, marteaux à river rotatifs, marteau à buriner, perceuses), il fallait prévoir une canalisation d’air comprimé assez importante, et de dimensions suffisantes pour éviter toute perte de charge.

La station de compression est installée, comme nous l’avons dit, dans la sous-station. Elle se compose de deux compresseurs compound. Chacun de ces compresseurs aspire 32 000 litres d’air par minute à la pression atmosphérique, et est conduit par un moteur de 225 chevaux alimenté par du courant triphasé à 2 300 volts”. La présence de ces moteurs exige donc des transformateurs spéciaux 15 000 / 2 300 V pour l’alimentation des compresseurs d’air.

A l’heure actuelle, un seul de ces compresseurs ne suffit pas pour alimenter l’ensemble des Ateliers. Il faut à certains moments, mettre deux compresseurs en service.

La distribution d’air comprime est assurée par une boucle complète faisant le tour du bâtiment principal. Dans chaque atelier des conduites longitudinales alimentent les différentes prises d’air.

Toutes les canalisations d’air comprimé sont aériennes, de façon à faciliter l’entretien et isoler rapidement les fuites. Cependant, les conduites alimentant les fosses centrales de chacune des nefs de l’Atelier du Montage, sont installées dans des niches prévues dans les fosses. Des lyres de dilatation sont prévues pour éviter toute rupture de joints. Un nombre suffisant de réservoirs d’équilibre assure le maintien d’une pression à peu près constante de 6 à 7kg dans les conduites.