Bulletin PLM N° 20 de Mars 1932 : Une belle œuvre sur le réseau algérien PLM « Le Petit Cheminot PLM à la Montagne »

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Une belle œuvre sur le réseau algérien PLM « Le Petit Cheminot PLM à la Montagne », par M. Léon Adoue, Chef de bureau en retraite.


Planche et figures de l’article

Article

Le Réseau PLM Algérien dessert notamment les régions fertiles et pittoresques qui s’étendent d’Oran à la frontière du Maroc.


Sur ce parcours, se trouvent les sites admirables qui tentèrent les Romains pour leur Pomaria et les Berbères pour cette Tlemcen dont ils firent une des perles du Maghreb.


Tlemcen est un bijou de souvenirs historiques et d’harmonies naturelles. Pouvait-on mieux trouver pour une colonie de vacances? Il n’y avait qu’à monter très haut vers l’air pur et les vues magnifiques.


C’est ainsi que monta la section oranaise du « Petit Cheminot PLM à la Montagne » pour atteindre un lieu dénommé Zarifelt, très accueillant par ses chênes-lièges, ses sources d’eau claire et ses horizons bleus.


II m’a été donné de passer quelques heures agréables dans ce camp, situe a 1200 m d’altitude, et d’ou l’on aperçoit, dans leurs couleurs chatoyantes, les plaines d’Hennaya, de la Tafna et de l’Isser.


Mais, avant de vous entretenir de ce séjour, il est juste que je rende un tribut d’admiration et de reconnaissance aux fondateurs et aux administrateurs de la Société dont dépend la colonie qui nous occupe.


La création de l’oeuvre du « Petit cheminot PLM à la Montagne » est due à l’initiative de M. Jourdain, Directeur du Réseau Algérien PLM. Il a, voulu procurer aux enfants des cheminots, souvent anémiés par les fièvres et les rigueurs du climat, la possibilité de refaire leurs forces dans une cure d’altitude et d’exercices physiques.


C’est en 1924 qu’il établit les statuts devant régir la nouvelle Société et qu’il fit élire le premier Conseil d’administration, à la tête duquel fut placé le philanthrope algérien si connu, M. Aymes, propriétaire-viticulteur et membre du Conseil supérieur des Chemins de fer. M. Jourdain ne conserva pour lui que les fonctions de Secrétaire General.


La Société se composait de membres actifs, honoraires, bienfaiteurs et fondateurs.


On devait envoyer tous les ans en villégiature, du 15 juillet au 15 septembre, un certain nombre de garçons et de filles âgés de 7 ans au moins et de 13 ans au plus.


Le premier essai fut tenté à Lodi, pour le département d’Alger. Il donna des résultats si satisfaisants qu’il fut permis d’envisager la création d’un nouveau centre dans le département d’Oran.


De cette décision naquit Zarifelt, dont je veux aujourd’hui tout spécialement vous parler.


La colonie de Zarifelt eut des débuts très modestes. La Société n’était pas riche. On eut recours à l’Autorité militaire pour l’installation d’un camp de fortune.


Les jeunes cheminots durent vivre sous la tente. Bien nourris et bien récréés, ils y dormirent comme dans un palais.


Mais la tente n’est qu’un abri précaire. Bientôt, les cotisations aidant et les Pouvoirs Publics s’intéressant aux petits cheminots, il fut possible de rêver aux premiers murs et aux premiers toits.


Aujourd’hui, le rêve est devenu réalité et je vais vous décrire le Zarifelt tout à fait prospère qu’il m’a été donné d’admirer en compagnie de M. Villeret, le sympathique Inspecteur Principal PLM, Secrétaire de l’oeuvre pour l’Oranie.


Voici d’abord un premier pavillon qui, divise en deux par une cloison mobile, sert de dortoir aux fillettes et aux garçons. Il peut contenir 55 lits qui sont tous occupés. Un surveillant et une surveillante sont affectés à la garde de ce dortoir.


L’administration dispose d’un pavillon où se trouvent la chambre à coucher et le bureau du Directeur. Dans d’autres pavillons sont installées les cuisines et leurs annexes, ainsi que la salle des douches.


Il n’y a pas de réfectoire. L’ombre des grands chênes n’est-elle pas le réfectoire rêvé?


Tous les petits colons sont de cet avis, car ils font le plus grand honneur au menu du « soldat-cuistot ». Ce cuisinier ne s’avise-t-il pas de leur confectionner des pâtisseries succulentes ?


Que fait-on de tout ce petit monde durant les longues heures de la journée ?


C’est M. Jacquot, Chef de gare de Bou-Henni, préposé avec Mme Jacquot, institutrice, à la direction du camp, qui répond à ma question. Prenez connaissance, me dit-il, de l’emploi du temps et vous constaterez que l’ennui ne peut jamais s’installer dans la colonie.


Je lis, en effet, dans le tableau affiché, que l’on se lève entre 5 et 6 heures, qu’après la toilette, on prend un petit déjeuner, qu’on affecte ensuite deux heures soit à la culture physique, soit a la promenade, soit à des jeux divers. On chante ou l’on joue de 9 à 10 heures. De 10 à 11 heures, les enfants se livrent aux plaisirs de l’hydrothérapie qui prépare au déjeuner, servi à 11 heures. Repos de midi à 15 heures, puis goûter-promenade ou goûter-causerie.


La causerie est souvent faite par les enfants eux-mêmes et surtout par les petites filles qui excellent à narrer un conte de fées. Les petits garçons ne font aucune difficulté pour reconnaître cette supériorité féminine et ils l’ont même consacrée en faisant de la meilleure conteuse une « Miss Zarifelt ».


Trois fois par semaine, avant le coucher, les enfants sont admis à écouter la TSF ou à assister à une représentation de cinéma.


Ce régime est absolument salutaire, car il n’est pas rare de constater chez les petits cheminots, après leur séjour réglementaire de quarante jours à Zarifeit, une augmentation de poids de 2 à 3 kilos.


Les exercices physiques, dont il a été parlé ci-dessus, sont dirigés par un maréchal des logis de cavalerie, mis à la disposition du camp par la subdivision de Tlemcen.


Le succès de l’oeuvre s’affirme tous les jours en Oranie et le meilleur témoignage qu’on puisse en donner résulte de l’effectif de la section, qui comprend aujourd’hui plus de 500 membres honoraires ou bienfaiteurs et plus de 1 000 membres actifs.


La colonie est visitée tous les ans par M. Jourdain et Mme Jourdain qui convient à cette visite les Autorités civiles et militaires si sympathiques à l’oeuvre.


La visite de 1931 a donné lieu à une photographie, où se trouvent réunis les petits cheminots ainsi que les directeurs et bienfaiteurs de l’oeuvre.


Telles sont les impressions que j’ai rapportées de ma visite à Zarifelt. La colonie est admirablement bien administrée par M. et Mme Jacquot. Je ne doute pas un instant qu’il ne faille bientôt envisager la construction de nouveaux pavillons.


Je remercie M. l’Inspecteur Principal Villeret de m’avoir ménagé le plaisir d’admirer la belle colonie de vacances du « Petit Cheminot PLM », que je serai toujours heureux de voir se développer pour le plus grand bien physique et moral des enfants de nos camarades.