Bulletin PLM N° 22 de Juin 1932 : Le nouveau dépôt de machines de Nevers

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Titre de l’Article

Le nouveau dépôt de machines de Nevers par M. Junilhon, Ingénieur de la 4ème section de Traction

Planche et figures de l’article

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L’ancien dépôt de Nevers, qui a été abandonné par la Traction le 1er décembre 1931 et va être démoli en vue de l’agrandissement de la gare, comportait : une rotonde de 75 m de diamètre, construite en 1861, abritant 32 voies rayonnantes, desservies par une plaque tournante de 20 m, un parc à machines, construit en 1882, comprenant 42 voies rayonnantes découvertes, enfin un atelier de levage à 5 fosses.


L’importance prise par ce dépôt, surtout pendant la guerre, du fait des transports américains, avait nécessité la réalisation, en 1918, d’une première étape du nouveau dépôt, constituée par l’installation de 58 voies de remisage autour d’un pont tournant de 23 m.


Les plans schématiques des figures 2 et 3, établis à la même échelle, permettent de comparer l’ancien et le nouveau dépôt.


Ce dernier, construit entre les voies principales du Bourbonnais et les voies de détournement de la ligne de Nevers à Chagny, est relié à la gare de Nevers Voyageurs par deux voies de circulation de machines.


Il comporte une première remise annulaire (figure 1) en ciment armé à auvent, de 131,90 m de diamètre, pouvant recevoir sur fosses 53 machines des plus modernes, à l’aide d’un pont - plaque de 24 m, lequel dessert également 5 voies découvertes, dont une avec fosse de préparation.


Les locomotives y sont remisées, cheminée vers la périphérie, en face de hauts et larges vitrages assurant un excellent éclairage diurne.


Un transbordeur circulaire électrique d’une tonne, nécessaire pour la manutention des pièces lourdes, dessert toutes les fosses. Sur les piliers sont installées des prises d’air comprimé et de courant électrique pour les marteaux et perceuses portatifs nécessaires à l’entretien courant des machines.


Le nouveau dépôt comporte également une deuxième remise de même type que la précédente et agencée pareillement, comprenant 30 voies couvertes avec fosses, desservies par un pont - plaque de 23 m, lequel dessert en outre 28 voies rayonnantes de remisage à découvert dont 2 avec fosses.


Enfin, on dispose d’un parc de remisage desservi par un pont - plaque de 24 m, pouvant recevoir actuellement 32 locomotives, dont 15 sur fosses, et ultérieurement 58, ce qui porte à 148, dont 101 sur fosses, le nombre des machines pouvant être remisées simultanément et réserve 26 places pour les besoins de l’avenir.


A proximité des deux remises se trouve une centrale thermique (figure 4), destinée à permettre le lavage et le remplissage des chaudières à l’eau chaude, en utilisant uniquement les calories provenant de l’eau restant dans les chaudières des locomotives à vidanger avant lavage.


L’automaticité est complète et l’appareillage est double, de sorte que toutes les commandes électriques peuvent, éventuellement, être faites à la main.


L’atelier de levage (figures 6 et 7), d’une superficie de 2 460 m2, largement éclairé par de hauts vitrages, doté de prises d’air comprimé et de prises de courant, offre 8 fosses de 16 m de longueur desservies, pour la manutention des pièces lourdes, par 2 transbordeurs roulants électriques de 2 t et, pour les opérations de levage, par 12 vérins électriques de 25 t et par 1 grue électrique de 24 t.


L’outillage comprend un nombre suffisant de machines-outils modernes et à grand débit, groupées dans une même travée desservie par un transbordeur roulant électrique de 2 t.


D’autre part, un vérin hydraulique à une fosse coupée et un vérin électrique à deux fosses coupées permettent les visites des boites à huile des machines et tenders. Une bascule multiple à commande électrique, à 14 éléments, sert au pesage du matériel locomoteur.


En outre, le dépôt est muni d’un potassage moderne (figure 5) avec cuve de grandes dimensions pouvant recevoir les châssis de bogies et de bissels. Cette installation est desservie par un transbordeur électrique de 5 t.


  • La manutention mécanique des combustibles est faite au moyen d’une installation à commande électrique (figure 8) qui comprend :
    • 1 grue servant également pour la manutention des scories,
    • 1 crible à secousses pour séparer le poussier,
    • 4 trémies de distribution, formant réserve de combustible prêt à être chargé sur les tenders et permettant le contrôle des poids délivrés,
    • des cabestans électriques avec poupées de renvoi,
    • 1 grue à vapeur à benne preneuse.


La grue utilisée pour la manutention du charbon et des scories est une grue électrique roulante et tournante, à portée variable de 7 m à 12,50 m et à benne preneuse ouvrant à toute hauteur. Elle roule sur un portique de 28 m de portée, qui se déplace au-dessus d’une soute à combustibles de 150 m de longueur. Au-delà de la soute, le portique peut aller jusqu’aux fosses mouillées à scories, qui se trouvent à l’origine des deux voies de rentrée des locomotives.


Cette grue permet de manutentionner 35 t de combustible à l’heure.


Les quatre trémies de distribution sont affectées chacune à l’une des qualités de charbon susceptibles d’être délivrées tout- venants, menus, criblés, agglomérés. Elles sont placées à 25 m de distance l’une de l’autre entre les deux voies de rentrée des locomotives. Chaque trémie peut contenir environ 50 t de charbon et peut alimenter deux goulottes, pour desservir l’une ou l’autre des deux voies. La base est fermée par un registre horizontal mis en mouvement par un moteur électrique commandé par boutons et contacteurs.


Une bascule d’un modèle spécial (voir schéma, figure 9) permet de peser chaque trémie. Les poids avant et après chargement sont inscrits sur un ticket par un appareil imprimeur, la différence des deux poids bruts donne le poids du combustible délivré.


Le crible à secousses, mû par un moteur électrique, est placé entre la trémie des menus et celle des criblés. Il déverse dans l’une ou dans l’autre, d’une part, le poussier et les menus, d’autre part les gros morceaux. Ce crible peut traiter à l’heure 35 t de charbon tout-venant. Dans la zone qu’elle peut desservir, la grue électrique assure toutes les manutentions, y compris le chargement en wagons des scories prises dans les fosses mouillées. Dans les autres zones du magasin des combustibles, on utilise une grue à vapeur, automotrice, à benne preneuse.


La distribution des huiles est faite automatiquement. Pour assurer la fluidité de l’huile, une température convenable est maintenue à l’aide de deux chaudières génératrices de chauffage central qui, en même temps, réchauffent en hiver les trémies à charbon. La rainure J permet l’introduction d’un jeton spécial qui, en tombant dans un tube déclenche le contacteur du moteur M actionnant la pompe qui débite la quantité d’huile correspondant au type du jeton.


  • La figure 10 représente le schéma d’une partie de l’installation qui comprend :
    • 9 cuves de 2,5 t à 6,8 t de contenance,
    • 1 motopompe électrique pour l’alimentation de ces cuves,
    • 4 motopompes électriques pour l’alimentation des bacs de distribution,
    • 4 distributeurs automatiques correspondant chacun à l’une des quatre qualités d’huile susceptibles d’être délivrées.


Le séchage du sable destiné aux locomotives est effectué à l’aide d’un four rotatif Vernon, à grand débit.


Les charbonniers disposent dans le bâtiment du magasin des combustibles d’un réfectoire, d’un vestiaire, d’un lavabo à 8 cuvettes à eau courante chaude et froide avec 5 cabines de douches.


Les autres installations à l’usage du personnel ont été groupées dans deux bâtiments pourvus du chauffage central. L’un, destiné aux agents de la résidence, est composé d’un rez-de-chaussée et d’un étage. Au rez-de-chaussée se trouve le vestiaire des agents sédentaires, pouvant contenir 403 armoires métalliques et les lavabos. Ceux-ci renferment 8 grands bacs munis chacun de 18 robinets donnant un mélange d’eau chaude et d’eau froide. En outre, une salle de bains offre 8 cabines de bains et 1 cabine de douches.


L’étage comprend le réfectoire des agents sédentaires ainsi que le vestiaire du personnel des machines, pouvant contenir 418 armoires métalliques, et les lavabos. Ceux-ci renferment 16 cuvettes et 2 cabines de douches (figure 11, droite).


Le sol de tous ces locaux est revêtu d’un carrelage en céramique. Les parois intérieures et les cloisons sont recouvertes, jusqu’à 1,80 m du sol, de carreaux céramiques émaillés blancs. Au-dessus, jusqu’au plafond, et y compris le plafond lui-même, règne le ripolin blanc. Ce mode de revêtement donne une grande clarté à l’ensemble et une très heureuse impression d’hygiène et de confort.


Le deuxième bâtiment, destiné aux mécaniciens et chauffeurs de passage, met à leur disposition : 1 lavabo à 12 cuvettes avec 4 cabines de douches (figure 11, gauche), 1 réfectoire vaste et bien éclairé, 26 chambrettes à 2 lits confortables et des WC.


En outre, il existe un bâtiment spécial au Service médical, qui comprend, au rez-de-chaussée, une salle d’attente, un cabinet de consultation, une salle de pansements, et une installation de radioscopie. A l’étage, on a aménagé un logement pour une infirmière professionnelle, chargée d’assister le médecin dans les consultations et de donner les premiers soins aux malades et aux blessés.


Enfin, un atelier d’apprentis a été édifié dans un bâtiment spécial, largement éclairé, comprenant une salle de cours, un vestiaire - lavabo, et l’atelier proprement dit (figure 13) qui renferme 20 étaux, 1 étau-limeur, 1 tour, 1 machine à percer et 1 forge de forgeron.


L’affichage des documents intéressant le personnel en général a été groupé sur des panneaux placés vers l’entrée du dépôt sous un auvent vitré (figure 12), à l’extérieur du mur d’une remise.


L’éclairage général du dépôt est assuré par projecteurs.


Les différents bureaux et postes disposent, pour leurs relations, d’un téléphone automatique.


Enfin, il convient de rappeler que la Compagnie a fait édifier à proximité du nouveau dépôt, dans un parc dont les grands arbres ont pu être conservés, une cité comprenant 1 maison d’habitation à 3 logements pour agents supérieurs, 2 maisons à 8 logements pour agents dirigeants, 1 maison à 8 logements pour agents subalternes; soit au total 27 logements (Bulletin de mars 1932).