Bulletin PLM N° 23 de septembre 1932: Ouverture de ligne de La Ferté-Hauterive à Gannat

De WikiPLM
Aller à : navigation, rechercher

Titre de l’Article

La ligne de La Ferté-Hauterive à Gannat vient d’être ouverte à l’exploitation par M. Mauguin, Ingénieur Principal au Service Central de la Construction

Planche et figures de l’article

Article

La nouvelle ligne de La Ferté-Hauterive à Gannat a été ouverte à l’exploitation le 25 août dernier. Ses 35 km portent la longueur totale des lignes exploitées du Réseau PLM métropolitain de 9 931 à 9 966 km.


Cette ligne a pour but, selon les termes mêmes d’une dépêche ministérielle de 1905, de réduire le trajet d’une grande partie du sud et du centre de la France sur Paris, d’éviter la station de Saint Germain des Fossés, dont l’encombrement est toujours croissant, d’établir des communications plus rapides avec les stations thermales du Centre et de mieux desservir la région traversée.

Description

La nouvelle ligne se détache de la ligne de Paris à Saint Germain des Fossés en gare de La Ferté-Hauterive (carte figure 1) à 14 km au sud de Moulins. Elle laisse l’ancienne ligne à sa gauche pour gagner directement Gannat, où elle se raccorde à la ligne de Clermont Ferrand.


Cette nouvelle ligne raccourcit de 11 km la distance de La Ferté Hauterive à Gannat, qui est de 46 km par Saint Germain des Fossés.


Après La Ferté-Hauterive, elle passe sur des terrasses presque horizontales, puis, à 4 km de son origine, traverse l’Allier, en un point où cette rivière est un peu moins mal définie qu’ailleurs, à peu près normalement au courant des crues, sur le pont de Saint Loup dont nous parlerons plus loin.


Immédiatement après le pont de Saint Loup, on arrive à la station de Contigny, puis 4 km au delà, à la gare de Saint Pourçain sur Sioule.


Il convenait de desservir au mieux Saint-Pourçain sur Sioule, chef-lieu de canton de 5 000 habitants, où se tiennent d’importants marchés. Pour donner une idée de l’ordre de grandeur de la gare de Saint-Pourçain sur Sioule, indiquons seulement que le bâtiment des voyageurs a 30 m de longueur et que l’ensemble des quais couverts et découverts pour marchandises et bestiaux a 135 m de longueur.


Au delà de la gare de Saint-Pourçain sur Sioule, le tracé se tient entre la route nationale et la Sioule, dessert au passage la commune de Bayet, puis traverse la Sioule sur le pont des Paraudes (voir plus loin) et dessert les deux communes de Barberier et de Brou-Vernet.


Après la station de Barberier-Brou-Vernet, c’est-à-dire après le km 22, la ligne monte en rampe maxima de 6 mm par mètre, traverse de nouveau la Sioule sur le pont des Colettes, atteint le col du Moine, où est établie la station qui dessert Mayet-d’Ecole et Jenzat.


La ligne passe alors de la vallée de la Sioule dans celle de l’Andelot, autre affluent de l’Allier, monte toujours en rampe de 6 mm par mètre, dessert la commune de Saulzet, puis vient se placer à la droite de la ligne de Clermont Ferrand, qu’elle suit sur 1 km jusqu’à Gannat.


Immédiatement avant Gannat, à ces deux lignes, se joint celle qui vient de Montluçon et qui fait partie du réseau de la Compagnie d’Orléans.

Caractéristiques de construction

La nouvelle ligne, à double voie, a 35 km de longueur. Sa déclivité maxima est de 6 mm par mètre. Le rayon minimum de ses courbes est de 1 500 m et ses voies ont été réglées pour une vitesse maxima de 120 km à l’heure.

Ouvrages d’art

Trois ouvrages d’art méritent d’être mentionnés spécialement, ce sont le pont de Saint Loup, sur l’Allier; celui des Paraudes et celui des Colettes, sur la Sioule.

  • Pont de Saint Loup

Cet ouvrage, sur lequel la nouvelle ligne franchit l’Allier, est un pont en maçonnerie de 286,42 m de longueur totale, comportant sept voûtes en arc de cercle de 33 m d’ouverture surbaissées.

Aux abords immédiats de ce pont, deux digues insubmersibles, une sur chaque rive, fixent définitivement le cours de la rivière en amont et en aval.

La figure 2 représente une vue de la face amont des deux premières arches (côté La Ferté Hauterive).

Les deux culées et les six piles ont été fondées à l’air comprimé sur une couche de marne rocheuse très compacte. Ce pont comporte des refuges sur les pilastres et une passerelle en encorbellement pour piétons.

  • Pont des Paraudes.

On a exécuté près du hameau des Paraudes (commune de Brou-Vernet) pour franchir une première fois la Sioule, un pont en maçonnerie de 136 m de longueur totale comportant cinq arches de 20 m d’ouverture en arc de cercle surbaissé.

A l’amont, le courant est dirigé vers ce pont, sur la rive droite, par une digue insubmersible de 400 m de longueur et sur la rive gauche par un guideau de 110 m de longueur.

Ces dispositions sont complétées à l’aval, sur la rive droite, par un simple épanouissement du remblai et sur la rive gauche, par un guideau de 135 m de longueur.

Les deux culées et les quatre piles ont été fondées à l’air libre sur la marne bleue compacte.

  • Pont des Colettes.

La ligne franchit la Sioule une seconde fois, au km 23,4 près du hameau des Colettes. En cet endroit, l’axe du tracé fait avec celui de la Sioule, un angle de 75°.

Le pont, de 131 m de longueur, comporte quatre arches de 23 m d’ouverture. Pour supprimer toutes les difficultés de l’appareil biais, chaque arche a été constituée par deux voûtes à une voie, accolées mais décalées l’une par rapport à l’autre. Les voûtes sont donc droites; elles sont en arc de cercle surbaissé.

Les eaux sont dirigées sous l’ouvrage rive gauche, par une digue insubmersible qui se soude à un point insubmersible de la berge, situé à 500 m à l’amont du pont.

Cette digue est prolongée à l’aval de l’ouvrage par un épanouissement du remblai formant guideau. Rive droite, par deux guideaux situés l’un à l’amont, l’autre à l’aval du pont et formés par des épanouissements du remblai.

La figure 4 représente une vue d’ensemble de l’ouvrage. Les piles et culées ont été fondées à l’air libre et encastrées dans la marne bleue compacte.

Ces trois beaux ponts : de Saint-Loup, des Paraudes et des Colettes ont été conçus et exécutés sous la haute direction de M. Séjourné, Membre de l’Institut, Directeur honoraire du Service de la Construction, Conseil de notre Compagnie.

Voies

Les voies de cette nouvelle ligne sont constituées par des rails Vignole en acier du type standard S-33 pesant 46 kg au mètre courant et de 18 m de long sur les voies principales.

La voie V-1 est posée sur traverses en béton armé, système Vagneux, avec traverses de contre joint en bois. La voie V-2, les appareils de voie et les voies de service sont posés sur traverses en bois. On compte sur les voies principales 1 500 traverses au km.

Gares et stations, bâtiments

Outre les deux gares extrêmes de La Ferté-Hauterive et de Gannat qui ont été agrandies et aménagées pour recevoir le trafic de la nouvelle ligne, celle-ci comporte une gare Saint Pourçain sur Sioule, et cinq stations : Contigny, Bayet, Barberier-Brou-Vernet, Mayet-d’Ecole-Jenzat, Saulzet distantes entre elles de 5 km en moyenne.


La gare de Saint-Pourçain sur Sioule a un bâtiment des voyageurs (figure 5) de 27 m x 8 m avec annexe de 3.50 m x 8 m. Le corps principal est surmonté de deux étages comportant chacun deux logements.


Les installations PV de cette gare permettent d’y garer les trains omnibus de marchandises de chaque sens.


Les autres points d’arrêt sont moins importants. La figure 6 représente le bâtiment des voyageurs (12 m x 8 m avec annexe de 4 m x 8 m) de la station de Mayet-d’Ecole-Jenzat.


Les stations de Bayet et de Barberier-Brou-Vernet possèdent le même type de bâtiment des voyageurs.


La station de Bayet située à mi-distance des deux extrémités de la ligne, comporte, pour chaque sens de circulation, une voie de garage de 700 m de longueur.


La figure 7 représente le bâtiment des voyageurs (9,50 m x 9 m avec halle accolée) de la station de Contigny. La partie vitrée, en saillie, entre le bâtiment des voyageurs et la halle accolée, contient le poste de block.


Tous les bâtiments des gares, ainsi que les maisons de garde, du type ordinaire de 5 m x 8 m avec appentis, ont leur aspect harmonisé avec les constructions du pays les façades sont en maçonnerie de moellons bruts recouverte d’un enduit, sauf les encadrements des baies et la partie supérieure des soubassements qui sont accusés au moyen de briques apparentes, les unes rouges, les autres noires. La couverture est en tuiles de ton havane : tuiles et briques proviennent de Cusset (Allier).


Tous les points d’arrêt ont des trottoirs de 250 m de longueur, ils sont éclairés à l’électricité et sont munis d’horloges électriques.

Signaux

Un poste de block enclenché et deux sémaphores de cantonnement, un pour chaque sens de circulation, sont établis à chaque point d’arrêt, sauf à la station, service restreint, de Saulzet.


Un annonciateur vert et blanc précède à distance réglementaire chaque sémaphore de cantonnement.


La gare de Saint Pourçain sur Sioule et toutes les stations (y compris celle de Saulzet) sont protégées, dans chaque sens, par un disque rouge suivi, à distance réglementaire, d’un poteau limite de protection.


Les signaux avancés disques rouges et annonciateurs, sont munis de crocodiles.


Le sémaphore de cantonnement, l’annonciateur et le disque rouge de même sens de circulation sont enclenchés dans le poste de block.


Les appareils de voie des gares et stations donnant accès aux voies principales sont enclenchés avec les signaux de protection au moyen de serrures Bouré par l’intermédiaire d’une serrure centrale.

Installations de traction

Les gares de La-Ferté-Hauterive et de Gannat sont munies d’installations de traction (remise, annexe, grues hydrauliques, pont tournant).


A Gannat, l’eau est fournie par une source naturelle donnant 8 m3 à l’heure. Pour alimenter La-Ferté-Hauterive, une prise d’eau a été établie, près de l’Allier, à gauche de la nouvelle ligne. Elle est munie de deux pompes électriques (dont une de réserve) de 10 m3 à l’heure chacune.


A Saint-Pourçain-sur-Sioule, on a installé une grue hydraulique avec fosse à piquer sur chacune des voies principales. l’eau est fournie par la ville à raison de 25 m3 par vingt-quatre heures.

Exploitation

La nouvelle ligne est exploitée par block - system. Le dispatching - system y fonctionne et la ligne a été mise sous la dépendance du dispatcher de Clermont-Ferrand, dont le rayon d’action, vers Paris, s’étend jusqu’à Moulins.


Actuellement, la vitesse des trains ne dépasse pas 80 km/h. Ultérieurement, elle pourra être portée à 90, puis à 120 km/h.


Les communications électriques sont assurées par un circuit omnibus, un circuit dispatching et un fil de block, avec coupure à tous les points d’arrêts sauf à Saulzet et par un circuit direct avec coupure à Saint-Pourçain-sur-Sioule, Bayet et Mayet-d’Ecole-Jenzat.

Conclusion

A l’heure difficile que nous vivons, la conduite à bonne fin d’une entreprise de longue haleine, telle que la construction d’une ligne ferrée nouvelle, méritait qu’on s’y arrêtât un moment. C’est une oeuvre, au sens élevé du mot. C’est le témoin d’une belle geste, harmonieusement formée des diverses branches de l’activité humaine. La Science, l’Art et le Travail, intellectuel et physique, y ont chacun eu leur part.

Et c’est une artère de vie supplémentaire que l’on a ainsi créée. Quel poète saura chanter la pure et vivante beauté des voies nouvelles ?