Bulletin PLM n°13 de janvier 1931: modification de la signalisation des réseaux français

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Titre

La modification de la signalisation des réseaux français par M. Robin, Chef de bureau principal à la 2ème Division du Service Central de l’Exploitation.

Planche et figures de l’article

Article

Pour répondre aux besoins de la circulation, les Réseaux ont mis à l’étude, à la fin de 1926, une refonte complète de la signalisation française. Leur programme a reçu, le 1er août 1930, l’approbation définitive du Ministre des Travaux publics et va entrer dans la période de réalisation.


A l’occasion des étapes d’exécution, le Bulletin indiquera ultérieurement les modalités de ce projet, mais il a paru intéressant de donner, dès maintenant, sur la question, quelques renseignements d’ordre général.

Aspect des signaux

L’aspect des signaux sera profondément modifié, surtout au point de vue des indications de nuit.


Le point de départ du programme est, en effet, la substitution au feu blanc, actuellement utilisé pour commander la voie libre, d’un feu coloré, en l’espèce le feu vert, déjà employé avec cette signification sur la plupart des chemins de fer étrangers et qui présentera le grand avantage de donner aux mécaniciens une indication très nette, sans possibilité de confusion avec les foyers d’éclairage.


Le vert, devant commander la voie libre, ne pourra plus servir à commander le ralentissement (disque vert, signal à main de ralentissement) ou l’avertissement (signaux annonciateurs). Il sera remplacé, pour ces indications, par la couleur jaune, analogue à celle des feux de nos disques jaunes actuels. Ces derniers signaux seront eux-mêmes modifiés pour donner un feu violet à l’arrêt.


La couleur violette étant ainsi utilisée ne sera plus disponible pour les sémaphores de bifurcation; ceux-ci seront donc également transformés et leur visibilité de nuit sera améliorée.


Le feu rouge continuera, bien entendu, à commander l’arrêt.


Des changements interviendront aussi dans l’aspect de jour des signaux. Notamment, pour répondre à une préoccupation souvent manifestée par les mécaniciens, on attribuera à chaque type de signal une silhouette particulière. Par exemple, le disque vert, qui a actuellement la même forme circulaire que le disque rouge, aura l’aspect d’un triangle (figure. 1). L’annonciateur, qui a actuellement la même présentation que le signal carré d’arrêt absolu, aura l’aspect d’un losange (figure. 2).


Enfin les Réseaux se sont attachés, dans l’étude de la nouvelle signalisation, à adopter des dispositions favorables au développement ultérieur « des signaux lumineux ». Déjà utilisés sur d’autres Réseaux que le nôtre, ces signaux sont constitués par des panneaux sombres sur lesquels se détachent de petits projecteurs électriques visibles même le jour (figure. 3); ils donnent donc, le jour comme la nuit, les mêmes indications, qui sont les indications données actuellement la nuit par les signaux ordinaires. Particulièrement visibles, ils ont, en outre, l’avantage de bien s’adapter à l’emploi du block automatique, qui sera installé progressivement sur notre grande ligne de Paris à Marseille.


Le block automatique par signaux lumineux restera d’ailleurs réservé, en raison de son prix d’établissement, aux artères à grande fréquentation et la majorité de nos lignes restera équipée avec les signaux ordinaires, transformés, bien entendu, pour donner les nouvelles indications.

Utilisation des signaux

D’autre part, à l’occasion de la nouvelle signalisation, on s’efforcera de simplifier la tâche des mécaniciens en réduisant au minimum le nombre de leurs observations. Dans la mesure du possible, on diminuera d’abord le nombre des signaux eux-mêmes. C’est ainsi que, sur certaines bifurcations, la suppression des sémaphores de bifurcation est envisagée.


On étudiera, en outre, la possibilité de faire disparaître, la nuit, les indications superflues à certains égards et voici ce qu’il faut entendre par là : dans la situation actuelle, lorsque deux signaux sont groupés au voisinage l’un de l’autre, on laisse apparaître les indications de chacun des deux signaux. Dans le cas, par exemple, d’un carré et d’un disque, si le carré est effacé et le disque fermé, le mécanicien aperçoit le feu blanc du carré en même temps que le feu rouge du disque; c’est ce feu blanc qu’on s’attachera à masquer pour ne laisser subsister que le feu rouge. Cette solution, déjà possible sur les signaux lumineux, où elle se réalise très simplement par des montages électriques, pourra vraisemblablement être étendue aux signaux ordinaires.

Exécution des travaux

La transformation générale de la signalisation devra être conduite suivant un programme commun à tous les Réseaux, pour éviter toute difficulté aux mécaniciens passant d’un Réseau sur l’autre. Elle s’appliquera, sur tout le territoire français, à 70 000 signaux environ et sa réalisation s’échelonnera sur une durée de l’ordre de cinq années.


Les travaux seront exécutés par étapes qui seront réglées de manière à éviter toute possibilité d’erreur de la part des mécaniciens. C’est ainsi qu’avant d’être utilisée pour commander la voie libre, la couleur verte sera progressivement supprimée et remplacée par la couleur jaune. Un laissera s’écouler un délai convenable, au bout duquel les mécaniciens se seront déshabitués de la signalisation actuelle de ralentissement, et l’on réintroduira ensuite cette couleur avec sa nouvelle définition.


Plus claire et plus simple que la signalisation actuelle, la nouvelle signalisation permettra donc de faciliter la conduite des trains par les mécaniciens. Elle aura, en outre, l’avantage de s’adapter aux besoins futurs des lignes à grand trafic. A ce double point de vue, les Réseaux français et en particulier notre propre Réseau en tireront un bénéfice certain.