Voir la source de Bulletin PLM n°17 de septembre 1931: La traction électrique des trains de marchandises sur la ligne de Modane

==Titre de l’Article==
La traction électrique des trains de marchandises sur la ligne de Modane par M. Bergeret, Ingénieur Principal au Service du Matériel

==Planche et figures de l’article==
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==Article==

Ainsi que cela a été annoncé dans un précédent Bulletin (Bulletin de juillet 1930), tout le service de la ligne de Chambéry à Modane est assuré exclusivement par des locomotives électriques depuis le 5 mai 1930.

*Ces locomotives sont de deux catégories :
**Les locomotives à grande vitesse (type 262 AE), déjà décrites ici (Bulletin de juillet 1930), qui sont affectées au service des trains rapides ou express et ont permis, grâce à leur puissance considérable, d’apporter de notables accélérations à l’allure de ces trains. En particulier, depuis le service d’hiver 1930-1931, la durée du parcours entre Chambéry et Saint Jean de Maurienne (70,4 km) a pu être réduite à 50 minutes.
**Les locomotives à vitesse modérée, affectées au service des trains omnibus de voyageurs ou des trains de marchandises, qui comprennent trois séries de 10, numérotées 161 BE 1 à 10, 161 CE 1 à 10 et 161 DE 1 à 10.


Leur fourniture a été confiée à trois groupements de constructeurs différents et leur construction exécutée conformément à un même cahier des charges (La Société d’Etudes pour I’Electrification des Chemins de fer (groupement Thornson Scbneider Jeumont) a construit les locomotives 161 BE 1 à 10, Le groupement Société des Constructions Electriques de France, Société Alsacienne de Constructions Mécaniques a construit les locomotives 161 CE 1 à 10 et le groupement Compagnie Electro - Mécanique, Compagnie de Fives Lille a construit les locomotives 161 DE 1 à 10). 

==Régime des locomotives à marchandises==
La puissance de ces locomotives, mesurée à la jante des essieux moteurs, est de 2 400 cv environ en régime unihoraire et la valeur de leur effort au crochet peut dépasser 20 000 kg, leur poids total en ordre de marche est de 128 t environ et la vitesse maxima qu’elles peuvent soutenir est de 80 km à l’heure.


Ces locomotives comportent toutes six essieux moteurs et un essieu porteur à chacune de leurs extrémités. Les moteurs, du type a suspension par le nez, attaquent les essieux correspondants par un ou deux trains d’engre¬nages, suivant le type de locomotive.


Grâce aux trois couplages des moteurs en série, série parallèle ou parallèle, et aux deux crans de marche avec excitation réduite que comporte chacun de ces couplages, on obtient, pour ces locomotives, neuf régimes de marche économique, c’est-à-dire sans résistances de réglage intercalées dans le circuit des moteurs. On peut ainsi facilement satisfaire aux différentes conditions de vitesse imposées par les marches tracées pour les trains.

==Récupération==
D’autre part, en raison des longues et importantes déclivités qui existent entre Modane et Saint Jean de Maurienne, toutes ces locomotives ont été munies du freinage par récupération, c’est-à-dire que leurs moteurs sont disposés de façon à pouvoir, dans ce cas, fonctionner en génératrices produisant de l’énergie électrique qui est renvoyée au conducteur de prise de courant. Une locomotive électrique peut ainsi, en déclivité de 30 mm, retenir un train de 400 t sans le secours des freins à air. Elle produit alors une puissance électrique importante, pouvant facilement dépasser 2 000 cv, qui est utilisée pour la circulation des autres trains en marche au même moment. On réalise ainsi une économie appréciable dans la consommation de l’énergie électrique pour la traction.


Le freinage par récupération peut être employé pour les trains de voyageurs comme pour ceux de marchandises. A cet effet, les différents appareils ont été disposés pour qu’on puisse faire usage de ce mode de freinage sur une gamme de vitesses très étendue qui va de 12 à 60 km à l’heure.

==Charge des trains==
La charge des trains de marchandises remorqués par ces locomotives entre Chambéry et Saint Jean de Maurienne, où les rampes ne dépassent pas 15 mm par mètre, a été fixée à 900 t, avec possibilité d’aller jusqu’à 1 100 t sur les parties de la ligne où les rampes ne dépassent pas 8 mm par mètre.


En raison des très fortes rampes qui existent entre Saint Jean de Maurienne et Modane, les trains sont généralement remorqués par deux locomotives placées l’une en tête et l’autre en queue. La charge est alors réduite à 600 t entre Saint Jean et Saint Michel (rampe maxima 26 mm) et à 500 t de Saint-Michel à Modane où il existe des rampes de 30 mm par mètre sur une notable partie du parcours.


On voit, d’après les chiffres qui viennent d’être donnés, que le tonnage des trains de marchandises entre Chambéry et Modane a pu être notablement augmenté depuis la mise en service de la traction électrique.