Voir la source de Bulletin PLM n°2 de mars 1929 : Un nouveau mode d’éclairage des gares de triage

==Titre==
Un nouveau mode d’éclairage des gares de triage par M. Dargeou, Sous-Chef de l’Exploitation.

==Planche et figures de l’article==
<gallery>
Fichier:Bulletin PLM 02 Triage fig 01.JPG|Figure 1
Fichier:Bulletin PLM 02 Triage fig 02.JPG|Figure 2
Fichier:Bulletin PLM 02 Triage fig 03.JPG|Figure 3
Fichier:Bulletin PLM 02 Triage fig 04 et 05.JPG|Figures 4 et 5
</gallery>

==Article==
Parmi les problèmes soulevés par la modernisation de l’éclairage de nos gares, l’un des plus intéressants et des plus délicats est celui de l’éclairage des vastes espaces des triages, où les conditions du travail peuvent être considérablement améliorées par un éclairage rationnel des faisceaux.


Une excellente solution paraît avoir été apportée à ce problème par l’application d’un nouveau procédé, dit « éclairage par projecteurs », dont une installation d’essai a été réalisée par notre Compagnie, au début de 1928, à la tête du faisceau pair de triage de Villeneuve Saint Georges.


Jusqu’ici, nos chantiers de triage étaient éclairés par de nombreux foyers (lampes électriques ou lampes Roger Bardeau), disséminés dans le corps des faisceaux et montés sur des supports en bois ou en métal d’une hauteur maxima de 10 m. La nouvelle méthode consiste à remplacer ces nombreuses sources lumineuses par quelques projecteurs à grande puissance, supportés par des pylônes en acier de 20 à 30 m de hauteur et émettant des faisceaux très peu inclinés au dessous de l’horizontale, de manière à obtenir une portée de 200 à 400 m.


L’installation réalisée à Villeneuve Triage (figure 1) comprend trois pylônes l’un, A, placé sur la butte, porte un projecteur, dont le faisceau lumineux est dirigé, suivant la flèche a, vers la tête du faisceau de triage. Les deux autres, B et C, encadrent ce dernier et portent respectivement trois et deux projecteurs, dont les faisceaux, étalés en éventail (dans les directions b, b’ et b”, c et c’) viennent balayer toute la tête du faisceau et éclairer vivement la zone d’enrayage des wagons.


Les trois pylônes sont de construction identique (la figure 2 représente, à titre d’exemple, le pylône B). Ils ont une hauteur de 25 m et une section carrée de 1,20 m de côté. Ils se terminent par une plateforme sur laquelle sont installés les projecteurs et à laquelle on peut accéder par une échelle, établie à l’intérieur des pylônes.


Chaque projecteur est constitué par un bâti en aluminium, orientable à volonté et contenant un réflecteur en verre argenté, au foyer duquel se trouve une lampe de 2 000 bougies dont la ventilation est assurée par une cheminée d’aération. La face avant est constituée par une glace en verre moulé, à surface martelée (figure 3).


L’installation de Villeneuve Triage a permis de réaliser à la tête du faisceau pair un éclairage uniforme et particulièrement efficace, du fait que la lumière est envoyée presque horizontalement et répartie sur toute la surface à couvrir.


Ainsi que le montre la photographie de la figure 5, prise la nuit du haut de la butte, les voies et les appareils de la tête du faisceau se dessinent de manière très brillante du sommet du dos d’âne et du poste de manoeuvre, par suite de la réflexion de la lumière sur les rails; les wagons stationnant sur le faisceau se silhouettent très nettement sur le fond lumineux, permettant aux agents de voir exactement où se trouve l’extrémité des rames de wagons.


L’expérience a démontré que les projecteurs ne produisent pas l’effet aveuglant qu’on aurait pu craindre a priori. Ce résultat est dû, en partie, à la grande hauteur à laquelle ils sont placés. D’autre part, la glace en verre martelé, qui constitue la face avant de chacun d’eux apparaît comme un disque d’éclat atténué et uniforme.


Enfin, du point de vue financier, les résultats obtenus sont entièrement satisfaisants. Trois pylônes et six projecteurs ont suffi pour éclairer toute la tête du faisceau, tandis qu’avec les méthodes ordinaires il aurait fallu installer une vingtaine de lampes sur poteaux de 10 m, pour obtenir un éclairement analogue de cette zone. La diminution du nombre de supports et de sources lumineuses compense largement le prix plus élevé des pylônes et des projecteurs, si bien que, finalement, l’avantage revient plutôt à l’éclairage par projecteurs, en ce qui concerne la dépense d’installation.


Quant à la consommation de courant, elle est notablement moindre, à éclairement égal, par suite du meilleur rendement des projecteurs. Enfin, le coût d’entretien est plus faible puisqu’il y a moins d’unités à entretenir et que ces unités sont groupées.


En présence des résultats favorables obtenus à Villeneuve Triage, notre Compagnie a décidé d’étendre progressivement l’éclairage par projecteurs à un certain nombre de faisceaux de triage du réseau, où il permettra de faciliter le travail de nuit, tout en réduisant au minimum les avaries au matériel.