Bulletin PLM n°3 de mai 1929 : La question du logement du personnel sur le PLM

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La question du logement du personnel sur le PLM par M. Revirieux, Inspecteur des Cités

Planche et figures de l’article

Article

La question du logement du personnel peut être envisagée sous deux faces bien distinctes : d’une part, celle des facilités accordées aux agents pour les aider dans leurs propres efforts en vue de la construction ou de l’acquisition d’une maison, d’autre part celle de l’oeuvre de construction d’immeubles accomplie directement par la Compagnie.

Avant d’étudier plus spécialement cette deuxième forme d’action et de montrer toute l’ampleur qu’elle a revêtue sur le PLM, il convient de dire l’essentiel de ce qui a été fait en ce qui concerne la première.

Facilités accordées au personnel pour l’accession à la propriété

Pour permettre à ses agents l’accession à la propriété d’une maison familiale avec jardin, à proximité du lieu de leur travail, la Compagnie a instauré dès 1922 deux régimes : l’un comportant des avances à court terme, au taux de 3 %, susceptibles d’atteindre le montant d’une année de traitement avec maximum de 10 000 francs, l’autre des prêts hypothécaires jusqu’à concurrence de 25 000 francs, au taux de 5 à 3 % suivant le nombre d’enfants, remboursables dans un délai maximum de vingt-cinq ans et, au plus tard, à l’âge normal de la retraite.


Le chiffre de 25 000 vient d’ailleurs d’être porté à 40 000 pour Paris et la région parisienne, et à 35 000 pour la Province.


Ces institutions, qui permettent aux agents d’acquérir où de faire construire une maison pour eux et leur famille ou même, exceptionnellement, de faire procéder à certaines réparations indispensables, n’ont pas manqué d’être appréciées. C’est ainsi qu’au 31 décembre 1928, 1 700 agents avaient déjà bénéficié d’avances ou de prêts s’élevant à une somme totale de 17 millions et demi, sur lesquels 6 millions ont été remboursés.


D’autre part, depuis 1923, la Compagnie a décidé de céder à ses agents désireux d’y faire construire une maison d’habitation à usage personnel des terrains appartenant au chemin de fer.


Au 31 décembre 1928, elle avait consenti ainsi à une centaine d’agents des cessions de terrains hors ligne représentant une superficie d’environ 81 000 m2.

Historique

Dès l’origine, le PLM a été amené à loger les agents du mouvement dans les bâtiments des gares et une partie des cantonniers de la Voie dans les maisons de gardiennage a niveau. On s’est efforcé de même de loger le personnel dirigeant des dépôts de machines dans l’enceinte ou à proximité immédiate de ces dépôts.


La question du logement des agents d’autres catégories se posa pour la première fois en 1879, lorsque fut créé le dépôt de machines de Laroche, en un point dépourvu de toute ressource de logement.


La Compagnie construisit là 23 maisons comportant 112 logements. Cette cité (figure 1) fut agrandie à diverses reprises et, en 1914, elle comprenait 53 maisons offrant 213 logements.


En 1886, des difficultés analogues se présentèrent pour les agents du nouveau dépôt de machines de Veynes. On fit 24 logements dans un bâtiment - caserne (figure 2), auquel vinrent s’ajouter trois maisons de quatre logements chacune en 1895, au moment de l’ouverture de la ligne de Livron.


En 1914, la Compagnie PLM possédait, en définitive, au titre « cités et maisons ouvrières », 97 maisons formant un ensemble de 477 logements.

Avec la guerre et l’après-guerre, la question du logement prit rapidement une ampleur nouvelle. Il avait fallu, en effet, créer notamment de nouveaux dépôts de machines et des chantiers de triage en des points dénués de ressources. Ensuite, la loi de huit heures et le développement du trafic vinrent augmenter les effectifs dans des proportions considérables. Enfin, la crise du logement se manifestant presque partout avec acuité, les agents éprouvèrent les plus grandes difficultés à se loger.


Pour aboutir rapidement à un premier résultat, la Compagnie se procura tout d’abord des chalets en bois, installés à proximité notamment des dépôts d’Ambérieu, des Laumes, de Miramas, de Portes près Valence, mais on édifia en même temps des maisons et même des cités telles que celles de Chalon sur Saône, Corbeil, La Seyne Tamaris sur Mer, Le Teil, Montchanin (figure 3), Saint Jean de Maurienne, Saincaize et Gimouille. A la fin de 1924, on disposait de près de 350 maisons de plus et de 265 chalets répartis dans plus de 100 localités.

Méthode adoptée depuis 1924

Néanmoins, la nécessité apparaissait d’intensifier cet effort et c’est ainsi que la Compagnie eut recours à un nouveau moyen financier, basé sur d’autres ressources que celles des travaux d’établissement. Ce moyen, qui a aujourd’hui fait ses preuves et permis une extension considérable de la construction des logements, est brièvement exposé ci-après. Au lieu d’employer en valeurs mobilières toutes les sommes qu’elle reçoit annuellement au titre des retenues et des dotations de la Compagnie, la Caisse des Retraites en affecte une partie à l’achat de terrains sur lesquels elle construit à ses frais des immeubles destinés au logement du personnel. Comme elle doit néanmoins retirer de ses fonds une rémunération suffisante et fixe, elle demande cette rémunération à la Compagnie qui, après s’être reprise, pour une faible fraction, sur les loyers perçus des agents, complète la différence à titre d’institution patronale et pourvoit, en outre, à l’entretien et aux charges d’impôts.


La combinaison est excellente, car la Caisse des Retraites fait ainsi un placement sûr et, d’autre part, on ne peut que se louer de cette affectation, à l’usage du personnel, d’une partie des sommes qu’il a versées. On verra d’ailleurs plus loin les résultats considérables déjà obtenus.

Les types de logements et les installations des cités

Disons d’abord quelques mots du genre de logements mis à la disposition des agents. Il y a lieu de préciser tout de suite que, pour l’exécution du vaste programme envisagé, il n’était évidemment pas possible de procéder par constructions isolées. On a donc adopté des types de maisons. Ces types de maisons n’en groupent pas moins, d’ailleurs, des logements confortables et agréables, ainsi qu’il apparaît sur les quelques vues données plus loin (figures 6 à 10).


En dehors des villes, on a bâti des maisons à un ou deux étages comportant quatre ou six logements agrémentés de balcons et dotés de jardins. Dans les villes, où le terrain est rare et coûteux, on a fait des maisons à trois ou même quatre étages.


Quant à la composition des logements, ceux destinés aux agents subalternes sont, en principe, uniformément de quatre pièces, mais leur disposition est telle que l’on peut faire, de certains d’entre eux, moyennant de légers remaniements, des logements de cinq pièces pour familles nombreuses. On y peut également constituer facilement des chambres pour célibataires. Les agents supérieurs et les dirigeants disposent d’une ou deux pièces de plus.


Dans toute maison, chaque logement a son water-closet, une cave et un grenier, avec eau, électricité, gaz, lorsqu’il a été possible de l’installer, et, le cas échéant, salle de bains.


Toutes les fois qu’on possède un terrain suffisant aux abords de la cité, chaque locataire dispose d’un jardin de l’ordre de 200 mètres carrés, avec quelques arbres fruitiers fournis par la Compagnie.


On prévoit, dans les cités importantes, des bâtiments pour bains et douches. Le premier, représenté figure 4, a été installé à Saint Germain au Mont d’Or, un autre, plus vaste, va être livré très prochainement dans la cité de Villeneuve Saint Georges.


Il faut noter, à ce propos, que la Compagnie s’est préoccupée de faciliter le ravitaillement de ceux de ses agents qui, sur certains points du Réseau, forment, avec leurs familles, la majorité, sinon la totalité des agglomérations nouvelles, en dehors de tout centre d’approvisionnement. Dans ce but, elle a favorisé la création ou le développement des Sociétés coopératives en leur accordant des allocations et des prêts, ou même, dans certaines cités, en mettant à leur disposition des locaux spécialement aménagés.


La Compagnie aide, en outre, fréquemment au fonctionnement des organisations récréatives lorsqu’il en existe et elle participe aussi largement, le cas échéant, à la création de nouvelles salles de fêtes et de réunions, cercles d’études, centres d’enseignement ménager, etc.


A Laroche et à Villeneuve Saint Georges, où la fréquentation des écoles communales est difficile, en raison de leur éloignement, pour les enfants logés dans les cités, la Compagnie a créé des écoles dont elle assure le fonctionnement. Une école maternelle vient aussi d’être créée à La Seyne Tamaris sur Mer.

Résultats obtenus

La valeur de la méthode instaurée depuis 1924 peut se mesurer au très considérable programme de constructions qu’elle a permis de réaliser et qui consiste essentiellement dans la création et l’agrandissement des nombreuses et importantes cités dont le fourmillement apparaît d’une façon frappante sur la carte d’ensemble (figure 5).


Les principales cités agrandies sont celles d’Ambérieu (figure 6), Badan, La Buisserate près Grenoble, Laroche Migennes, Les Laumes Alésia, Miramas, Modane, Paray le Monial (figure 7), Portes, Saint Germain des Fossés, Villeneuve Saint Georges, Vénissieux.


Parmi les cités nouvelles, il faut nommer Breil, Clermont Ferrand (cité du dépôt et cité du Triage des Gravanches, la première représentée figure 8), Dôle, Mouchard, Port de Bouc, Saint Etienne (cité de Saint Etienne Pont de l’Ane et cité de Saint Etienne Châteaucreux, celle-ci représentée figure 9), Saint Germain au Mont d’Or (figure 10), Saint Priest. Ajoutons que plusieurs autres cités sont sur le point d’être terminées, en particulier à Culoz et à Nice Saint Roch, et que d’autres sont en construction où vont être entreprises, notamment à Vichy, Carnoules, Chamonix-Mont-Blanc, La Blancarde et Melun.


Disons encore que les cités définitives offrant le plus de logements sont celles de Laroche Migennes, véritable petite ville avec ses 397 logements, Miramas (246 logements), Vénissieux (207 logements), Paray le Monial dont on voit s’étendre à perte de vue, sur la figure 7, la perspective des maisons aux 204 logements, Les Laumes Alésia (199 logements), Badan (198 logements).


Il paraît intéressant de terminer cet aperçu de l’oeuvre du PLM en matière de logement du personnel par le résumé succinct de la situation de fait au 1er janvier 1929.

  • Cette situation est la suivante :
    • Cités définitives (au nombre de 39) : 2 919 logements avec 9 935 habitants,
    • Cités provisoires avec chalets en bois : 500 logements avec 1 335 habitants,
    • Maisons isolées à deux logements au moins : 648 logements avec 2 126 habitants.

En y ajoutant les autres immeubles de la Compagnie, y compris les bâtiments des gares et ceux des passages à niveau gardés, soit 10 394 logements avec 34.019 habitants, on arrive à un total général de: 14 461 logements avec 47.415 habitants.


C’est donc, si l’on se réfère à ce dernier chiffre, une oeuvre équivalente à la construction d’une grande ville comme Avignon et au logement de toute sa population que le PLM a d’ores et déjà menée à bien. Il est inutile de souligner davantage l’importance d’une telle oeuvre.