Bulletin PLM n°7 de janvier 1930: Immobilisation des aiguilles

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Titre

L’immobilisation des aiguilles manœuvrées à distance sous les véhicules, une invention d’Agent PLM

Planche et figures de l’article

Article

Les aiguilles manoeuvrées à distance sont, pour la plupart, munies d’appareils de verrouillage ou de calage destinés à assurer l’immobilisation des lames d’aiguille contre le rail contre-aiguille. Ces appareils sont généralement complétés par une pédale qui s’oppose à la manoeuvre de l’aiguille sous le passage des machines ou wagons.


Cette pédale est constituée par une barre en acier qui se place le long de l’un des rails précédant l’aiguille et se soulève au-dessus du champignon de ce rail pendant la manoeuvre. Si la roue d’un véhicule se trouve sur le rail portant la pédale, son bandage s’oppose au soulèvement de cette pédale et rend, par conséquent, la manoeuvre de l’aiguille impossible.


Il importe donc que la pédale ait une longueur suffisante pour que la manoeuvre de l’aiguille ne puisse s’effectuer entre les passages de deux roues consécutives d’un même convoi. La longueur considérée pour être efficace dans tous les cas, doit être au moins égale à l’écartement maximum des essieux des plus longs véhicules.


La pédale de 6 mètres de longueur, qui avait été adoptée autrefois, est devenue de plus en plus insuffisante au fur et à mesure de l’augmentation de cet écartement.


Dès 1911, il fut procédé, sur notre Réseau, à des essais comparatifs entre une pédale mécanique de 12 m et un dispositif de calage électrique.


Les essais de la pédale mécanique de 12 m ne furent pas satisfaisants, en raison de la difficulté éprouvée par les aiguilleurs pour manoeuvrer une pédale d’un tel poids, surtout quand elle était appliquée à des aiguilles éloignées de leur cabine.


Pour ces raisons, on fut conduit à adopter le dispositif électrique. Celui-ci consiste à isoler un rail en avant de la pointe d’aiguille et à l’intercaler dans le circuit électrique d’un verrou monté sur le levier de manoeuvre, de telle sorte que la présence d’un essieu sur le rail isolé mette la pile en court-circuit et que le verrou immobilise alors le levier de manoeuvre.


Le calage d’aiguille par section de rail isolé offre l’avantage de pouvoir être installé dans la plupart des cas et il est particulièrement précieux dans les régions montagneuses, où les pédales mécaniques fonctionnent difficilement en cas de gel ou de neiges abondantes. Par contre, son fonctionnement nécessite, de la part d’un personnel spécialisé, une surveillance et un entretien fréquents et, par conséquent, son usage est plus coûteux que celui d’une pédale mécanique.


Ces considérations ont incité un Agent de notre Réseau, M. Chantelat, Inspecteur du Service Central de la Voie, à réaliser un système nouveau de pédale mécanique.


Cette pédale de 18 m de longueur, qui a été essayée avec un plein succès pendant ces dernières années, est très légère et peut s’adapter à tout appareil de calage ou de verrouillage existant; la manoeuvre en est très douce et le fonctionnement sûr et régulier. Son originalité réside dans le système qui arrête le mouvement du levier de manoeuvre de l’aiguille quand la barre de calage est occupée par une roue.


Dans les pédales mécaniques ordinaires, en effet, Si l’on tente de manoeuvrer l’aiguille quand la barre de calage est occupée, tout l’effort exercé sur le levier en cabine se reporte sur la barre arrêtée, dans son mouvement ascensionnel, par le bandage de la roue. On est alors conduit à donner à cette barre une forte section pour qu’elle ne fléchisse pas et, par suite, à l’alourdir. De plus, sa rigidité exclut son emploi quand le changement de voie est précédé d’une courbe.


Dans la pédale Chantelat (figure 1), au contraire, dès que le mouvement ascensionnel de la barre de calage est arrêté par le bandage, un ressort, tendu par l’effort exercé sur le levier en cabine, actionne un taquet qui vient alors se heurter à une butée fixe. C’est cette butée et non la barre elle-même qui arrête le mouvement du levier et en supporte tout l’effort.


Cette disposition a permis de construire une pédale légère, épousant parfaitement les courbures de la voie et n’exigeant qu’un effort supplémentaire peu important de la part de l’aiguilleur quand il manie son levier de manoeuvre.


L’appareil (figure 2) se compose d’une barre en acier A de section rectangulaire, de 18 m de longueur, articulée sur des manivelles B et maintenue contre le champignon du rail par des guides D. Les supports C des manivelles et les guides sont agrafés au patin pour permettre un montage rapide et facile, sans avoir à percer le rail.


Le pédale est actionnée par un appareil de manoeuvre tirefonné sur la partie extérieure des traverses et comprenant une équerre E, dont le bras F est relié à une bielle G par l’intermédiaire d’un ressort H attelé sur le coulisseau L (le coulisseau se déplace dans une rainure de la bielle). La bielle G commande la pédale par l’intermédiaire du renvoi I. Elle est munie, à son autre extrémité, d’un taquet J pouvant tourner autour d’un axe horizontal et relié par une biellette à ressort K au coulisseau L. En dessous et à proximité du taquet J se trouve un butoir M fixé au châssis de l’appareil.


Une bielle N relie l’équerre E à l’appareil de calage ou de verrouillage d’aiguille. Quand on manoeuvre le levier, si la pédale est inoccupée, le taquet J décrit un arc de cercle et évite le butoir M (position correspondant au schéma supérieur de la figure 3).


Au contraire, si la pédale est occupée par une roue, la bielle G est maintenue en place; sous l’effort du levier de manoeuvre, le coulisseau L se déplace en tendant le ressort H, le taquet J, poussé par la biellette K, bascule et vient s’appuyer sur le butoir M, empêchant ainsi de poursuivre la manoeuvre du levier (position correspondant au schéma inférieur de la figure 3).


Les essais de la pédale Chantelat ont été tellement satisfaisants que l’application de ce dispositif est déjà décidée pour 200 appareils.