L’Intransigeant du 7 février 1927 : Pour nettoyer les wagons. Une machine monstre au pont de Charenton

Titre

Une machine monstre au pont de Charenton.

Texte

Mais oui... Une machine à nettoyer les wagons. Elle se trouve presque au-dessous du pont de chemin de fer dit « de la Liberté », à Charenton, soit, comme l’annonce un énorme écriteau, à 3 kms de Paris. Aussi bien, de ce pont, chacun peut-il la voir fonctionner. Dressées verticalement au long d’une voie ferrée, quatre hautes brosses cylindriques faisant face à quatre autres brosses semblables placées de même façon de l’autre côté de cette voie. Au-dessus de ces huit brosses, une sorte de plafond, formant comme un petit tunnel. Au milieu de la voie, une cuve avec un long caniveau central grillagé qui va servir à l’écoulement des eaux. Car, eu même temps que les brosses tourneront, elles lanceront une multitude confondue de petits jets d’eau froide. Enfin, ces brosses, ces goupillons, sont, en réalité, des axes entourés de peaux, uniquement de peaux flottantes, des peaux de chamois. Mais voici le 7e train qui, depuis une heure et demie, va s’engager entre les brosses... Une locomotive spéciale — de manœuvre — toujours conduite par le même mécanicien spécialisé dans cette besogne, le fait avancer à reculons, à peine à la vitesse d’un homme au pas. Aucun arrêt ne sera nécessaire... La seule précaution préalable a été de fermer toutes les glaces des wagons... A l’instant précis où le train pénètre dans le petit tunnel, les brosses se mettent à trépigner, à cracher, sur le seul déclic d’un seul homme placé dans une cabine voisine... Et elles cesseront de s’agiter à la minute exacte où tous les wagons auront défilé. A cette minute-là, le train sera nettoyé sur toutes ses faces (sauf celle d’en-dessus), et il ne restera plus que les cuivres « à faire ». Cette machine à nettoyer les wagons est la première qui soit mise en service en France. On ne croit pas qu’il en existe d’analogues à l’étranger. Elle remplace trois équipes de 80 personnes chacune, — A. L