RGCF de décembre 1928 : Wagon atelier de soudure du PLM

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Titre

Wagon atelier de soudure du PLM, par M. Portal Ingénieur principal du Matériel

Documents

Généralités

Dès que la Compagnie PLM eut mis au point, dans ses grands ateliers, la réparation par soudure oxyacétylénique des foyers en cuivre, elle pensa qu’il y avait lieu de mettre immédiatement en pratique,dans les dépôts, ce procédé qui non seulement, permettrait de s’affranchir de la plupart des anciens modes de réparation employés dans l’entretien courant des foyers (pièces rapportées, cornières, bagues, etc…) mais devait, en outre, dans bien des cas, éviter l’envoi des locomotives dans un atelier. On pouvait espérer une économie sensible sur les frais d’entretien et sur la durée d’immobilisation.


La soudure du cuivre étant cependant une opération relativement délicate qu’il ne faut confier qu’à des agents expérimentés, des difficultés surgirent. Allait on éduquer des soudeurs pour pourvoir le plus grand nombre possible de dépôts ? Chaque soudeur n’ayant pas l’occasion de souder très fréquemment du cuivre dans son dépôt, que deviendrait, au bout de quelques temps, son habileté péniblement acquise ? Un échec était à craindre et il parut préférable de rattacher à un grand atelier une équipe volante de soudeurs, de doter cette équipe d’un matériel facilement transportable et de l’envoyer successivement dans les divers dépôts où sa présence serait reconnue nécessaire. Dès lors, il était naturel de ne pas limiter l’action de ces soudeurs à la seule réparation des foyers en cuivre et de leur donner un outillage complet de soudure oxyacétylénique et électrique, permettant d’effectuer la réparation des parties en acier de la chaudière et du châssis.

Ainsi naquit l’idée d’un wagon atelier de soudure.

  • Le wagon choisi est un wagon américain de 20 tonnes, freiné à l’air comprimé, ce qui permet son incorporation dans des trains de messagerie. Il est divisé, comme le montre le schéma de la figure 1, en quatre compartiments communiquant entre eux par des portes coulissantes.
    • Le premier contient les générateurs d’acétylène,
    • Le deuxième l’outillage et les approvisionnements,
    • Le troisième le logement des soudeurs,
    • Le quatrième, un groupe électrogène pour la soudure électrique.


Toutes les ouvertures de la caisse sont disposées de telle façon qu’elles ne puissent être ouvertes que de l’intérieur, à l’exception d’une seule s’ouvrant de l’extérieur et munie d’une serrure fermant à clé.

Premier compartiment

Les deux générateurs d’acétylène sont d’un type à charge de 20 kg (production horaire individuelle de 4 000 litres). Deux panneaux mobiles de la toiture permettent l’ascension de la cloche pendant le fonctionnement. Toutefois, dans le cas où le wagon ne peut pas être amené dans le voisinage immédiat de la locomotive à réparer, les générateurs sont sortis par le bout du wagon s’ouvrant à deux battants et mis à terre chacun sur un chariot à quatre roues. La manœuvre est facilitée par un palan suspendu à un chariot mobile dont le rail conducteur coulisse pour former potence à l’extérieur du wagon.

Deuxième compartiment

Il renferme un approvisionnement de 24 bouteilles d’oxygène et de 500 kg de carbure de calcium.

  • L’outillage, enfermé dans des casiers ad hoc comprend, outre les chalumeaux (1 800, 2 200 et 2 800 litres), le petit outillage indispensable :
    • une sableuse fonctionnant à l’air comprimé pour le nettoyage des parties à souder,
    • un casque « Sloan »,
    • une machine à percer électrique pouvant percer jusqu’à 32 mm,
    • une meule portative électrique,
    • un transformateur pour permettre l’utilisation de ces deux machines électriques dans les dépôts alimentés par des courants de voltages variés.

Troisième compartiment

Quatre couchettes superposées deux à deux, des placards individuels, une table et des bancs constituent le mobilier de la chambre de repos du personnel. Le chauffage est assuré par un thermosiphon placé dans le quatrième compartiment. ==Quatrième compartiment== (figure 3) Il renferme le groupe électrogène composé d’un moteur à essence de 20 CV tournant à 1 400 tours/minute qui entraîne par un manchon élastique une génératrice de courant continu, celle-ci donnant sous une tension variable de 20 à 35 volts en charge, un débit maximum de 300 ampères. Elle débite sur un tableau de contrôle et de réglage de l’arc. Ce groupe, placé sur roues peut, comme les générateurs d’acétylène, être mis à terre à l’aide d’un palan monté sur un rail coulissant dans l’axe du wagon.

Personnel

  • Sous les ordres d’un contremaître, le personnel comprend :
    • un soudeur à l’arc électrique soudant également au chalumeau oxyacétylénique,
    • un soudeur oxyacétylénique pour la soudure du cuivre, de la fonte et de l’acier,
    • un soudeur auxiliaire chargé de la surveillance des appareils pendant les opérations de soudure et pouvant aider au réchauffage pour les réparations d’éléments en cuivre,
    • un chanfreineur–mateur pouvant aussi river.


Un système de primes stimule l’équipe tout en garantissant une bonne exécution du travail. Pour obtenir de cet atelier volant le rendement maximum, il faut que son personnel très spécialisé n’ait à intervenir que dans sa spécialité et qu’il ne soit jamais retardé par les autres travaux dont l’exécution incombe toujours aux dépôts.


    • L’utilisation du wagon atelier fait donc l’objet d’une réglementation très précise dont les points essentiels sont les suivants :
    • les réparations susceptibles d’être exécutées par l’équipe du wagon atelier sont parfaitement définies par une notice qui fixe également les démontages préliminaires à effectuer par les dépôts, Les principaux cas prévus sont :
      • réparation de fissures aux interstices des trous de tubes de plaque tubulaire, de boîte à fumée ou de foyer,
      • réparation des fissures dans les arrondis verticaux et horizontaux de la plaque de porte et de la plaque tubulaire de foyer,
      • réparation des fissures au droit des trous de rivets,
      • réparation de criques au droit des trous d’entretoises,
      • rechargement des usures et corrosions,
      • application de pièces locales aux éléments de foyers en acier,
      • réparation des fissures aux éléments de boîte à feu et du corps cylindrique,
      • réparation des fissures aux longerons.
    • lorsqu’un dépôt demande l’intervention du wagon atelier, il fixe la date à laquelle, les démontages préliminaires ayant été effectués, la locomotive pourra être visitée par le contremaître chargé du wagon atelier,
    • le contremaître, la visite passée, précise les démontages complémentaires et les travaux à effectuer par le dépôt avant soudure, il fixe la date d’arrivée du wagon au dépôt,
    • le moment venu, le wagon atelier, convoyé par son personnel, est acheminé vers le dépôt par les voies les plus rapides,
    • le ravitaillement en oxygène, carbure et électrodes est effectué dans le dépôt.


L’intervention de l’équipe volante est limitée aux travaux de soudure proprement dits, ainsi qu’aux travaux de burinage et de matage des parties soudées ou rechargées.


Cette organisation très stricte évite les pertes de temps, les fausses manœuvres et les démontages inutiles.

Les résultats

Dès que le wagon atelier fut mis à la disposition des dépôts, les demandes furent si nombreuses que son intervention dut être limitée à la réparation de chaudières et que son champ d’action fut réduit à la partie sud du réseau.


Du 15 janvier 1927 (date de sa mise en service) au 31 décembre 1927, le wagon atelier a effectué, dans une quinzaine de dépôts, 136 réparations de chaudières (soit une moyenne de 11 à 12 par mois), qui ont toutes données satisfaction. 70 d’entre elles auraient nécessité l’entrée de la locomotive dans un atelier.


Il est inutile d’insister sur l’importance de ces résultats particulièrement heureux au point de vue de l’immobilisation du matériel locomoteur.


Cette organisation a bien répondu à ce qu’on attendait d’elle, aussi la Compagnie PLM envisage-t-elle la mise en service, dans le centre et le Nord du réseau, d’un deuxième wagon atelier du même type.