Talabot Paulin François, Directeur du PLM

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Biographie

Paulin Talabot 01 RF.jpg
  • Paulin Talabot est issu d’une famille bourgeoise de Limoges. Francois Talabot (1764-1839), avocat au parlement de Limoges, puis président du tribunal civil de Limoges épouse Marie Agathe Martin-Lagrave. Ils ont huit enfants, dont cinq fils :
    • Pierre Auguste (1790-1867), président de chambre à la Cour d'appel de Limoges,
    • Léon Joseph (1796-1863), X 1813, maître de forges, fondateur de Denain-Anzin, député de la Haute-Vienne de 1836 à 1848 et père de Lucie (1844-1973) qui épouse le baron Robert de Nervo, qui devient vice-président de la compagnie PLM et dont les descendants reprirent Denain-Anzin),
    • Francois Jules (1792-1868, industriel),
    • Jean-Baptiste Edmond (1804-1832).
    • Paulin François, (1799-1885) élève de l'Ecole polytechnique (promotion 1819), corps des ponts et chaussées.
  • Il améliore le canal Beaucaire-Aigues-Mortes (1829-1834) pour le compte d’une compagnie financière. Il étudie la jonction de la Méditerranée à la mer Rouge (1845-1847).
  • Au cours de plusieurs voyages en Angleterre, il se lie avec Stephenson et comme lui il pressent l'importance du chemin de fer. Il construit les premières lignes de chemin de fer dans le Sud-Est de la France. Il participe également au développement des chemins de fer italiens et autrichiens et, en Algérie, il réalise des projets de chemins de fer, de transports maritimes, et d'exploitations minières.
  • Il forme la Compagnie des chemins de fer de Lyon à la Méditerranée et contribue, par des fusions, à former la Compagnie Paris à Lyon et à la Méditerranée (PLM). Il en est le directeur général de 1862 à 1882 puis directeur honoraire jusqu’à son décès à 85 ans en 1885.

Discours de M. Mallet prononcé lors des obsèques de Paulin Talabot, le 24 mars 1885, au cimetière du Père-La-chaise

« Messieurs,

L'existence de l'homme éminent auquel nous rendons aujourd'hui les derniers devoirs a été, depuis plus de trente ans, intimement unie aux destinées de la Compagnie des chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, dont j'ai l'honneur d'être, en ce moment, l'organe.

C'est au nom de la Compagnie que je viens déposer sur ce cercueil l'hommage de nos profonds regrets et de notre respectueuse reconnaissance.

Il ne m'appartient pas de retracer ici la vie entière de M. Talabot, ni d'énumérer tous les travaux accomplis par lui dans les diverses branches de l'industrie, tant en France qu'à l'étranger; mais notre privilège, et aussi notre devoir, est de rappeler les immenses services qu'il n'a cessé de rendre, jusqu'à la fin de sa Carrière, à la vaste entreprise dont il avait créé, presque seul, plusieurs des éléments primitifs et qui lui doit une longue suite de développements inespérés et sa constitution définitive.

M. Talabot fut, en effet, l'âme de ces grandes combinaisons qui, de 1857 à 1863, permirent à l'Etat d'assurer l'achèvement du réseau général des chemins de fer, en réclamant le concours et le crédit des compagnies pour l'exécution des lignes déjà reconnues nécessaires et en les mettant à même de satisfaire ultérieurement à toutes les exigences des intérêts nationaux. C'est dans ces circonstances que la compétence de M. Talahot, sa haute intelligence, son jugement toujours sur, l'énergie et la ténacité de son caractère l'ont élevé au niveau des grands serviteurs du pays. Possédant dès longtemps la confiance de l'administration supérieure et en particulier de son représentant le plus autorisé, M. de Franqueville, sur de l'appui des actionnaires, dont il défendait si vaillamment les intérêts, il a depuis lors continué à exercer une salutaire influence sur les nombreuses transformations du régime que son inspiration avait contribué à fonder. Son rôle n'a pas été moins efficace dans le sein même de la Compagnie ; il avait su y rassembler des hommes d'une capacité bien rare et nous ne pouvons oublier qu'il avait ouvert un vaste champ aux aptitudes du regretté M. Audibert qui nous a été prématurément ravi. Celui de ses collaborateurs dévoués qu'il a, depuis plusieurs années déjà, désigné à notre choix pour le remplacer dans ses fonctions actives, nous dira de quel poids ont toujours été ses avis et comment l'autorité de son expérience n a cessé de planer sur l'ensemble de tous nos services, jusqu'au jour où l'âge et une cruelle infirmité lui ont commandé le repos.

Quant à nous, Messieurs, qui avons vieilli sous le regard de M. Talabot et qui l'entourions de notre vénération, nous garderons précieusement le souvenir de ses puissantes facultés ; nous transmettrons sa mémoire à ceux qui sont appelés à continuer son oeuvre, et qui, pour y parvenir, devront, comme lui, être animés de la noble ambition du devoir. »


Discours de M. Noblemaire, M. Noblemaire, directeur de la Compagnie PLM prononcé lors des obsèques de Paulin Talabot, le 24 mars 1885, au cimetière du Père-La-chaise.

« Messieurs,

C'est au nom du nombreux personnel de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée que je viens rendre un dernier hommage à celui qui, si longtemps, fut son chef, et dont le nom, populaire et aimé à tous les degrés de la hiérarchie, personnifiera longtemps encore la Compagnie qu'il a fondée, et dont pendant près de 40 ans il a dirigé tous les services.

La vie de l'homme qu'accompagnent ici nos regrets a été exclusivement consacrée au travail ; elle est de celles dont il faut conserver le souvenir parce qu'elles honorent un pays et une époque. Un petit nombre parmi nous en ont vu les débuts, beaucoup en ont connu l'apogée ; qu'il me soit permis de la retracer brièvement, pour les plus jeunes surtout, qui n'ont guère connu que de réputation ce champion des premières luttes de notre laborieuse industrie.

M. Paulin Talabot est né à Limoges, en 1799. C'était un véritable et digne enfant de ces fortes populations du centre de la France, et il en possédait au plus haut degré les précieuses qualités : âpreté au travail, persévérance dans les desseins, indomptable ténacité, complétées par une sérénité qu'aucune épreuve n'a pu ébranler jamais, étaient chez lui au service d'une organisation robuste, qui, jusqu'après la quatre-vingtième année a conservé une rare vigueur.

En 1819, il rentre dans les premiers rangs à l'École polytechnique, qui lui ouvre les portes du corps des Ponts et Chaussées. Après quelques années passées à Brest, il est attaché à Bourges au canal de Berry ; appelé à Nîmes en 1829, et chargé du service du canal de Beaucaire, il trouve dans le Gard le commencement d'une carrière industrielle que peu d'hommes ont parcourue d'une manière aussi brillante.

Pendant les quelques années passées au service de l'Etat, il avait suivi, avec une avide curiosité, la révolution qu'accomplissait en 1827 Georges Stephenson en appliquant la machine à vapeur à la traction des wagons sur des voies de fer depuis longtemps en usage dans les mines. De nombreux voyages en Angleterre l'avaient familiarisé avec la langue, l'esprit, le mouvement industriel de ce pays. Paternellement accueilli par le grand inventeur, il s'était lié avec Robert Stephenson, son fils, d'une amitié qui s'est cimentée par une suite de travaux entrepris en commun.

A peine le premier essai est-il tenté dans la Loire par Marc Seguin, M. Paulin Talabot conçoit le projet d'un chemin de fer destiné à amener jusqu'au Rhône, à Beaucaire, les produits du bassin houiller d'Alais, alors peu connu, et dont il avait deviné l'exceptionnelle importance. Dès 1830, il organise une société d'études, et, l'année suivante il présente l'avant-projet au Conseil général des Ponts et Chaussées. Il appelle auprès de lui, pour partager ses travaux, un de ses camarades d'école auquel l'a lié pendant plus de cinquante ans une affection inaltérable et féconde : j'ai nommé M. Didion, que nous conduisions ici naguère à la place du suprême repos, à quelques pas de l'endroit où voici aujourd'hui l'ami fidèle des bons et des mauvais jours.

En 1835, l'adjudication est prononcée en faveur des frères Talabot. Il restait, à faire partager aux capitalistes la confiance qui animait les fondateurs de l'entreprise. Tâche ardue à cette époque et délicate assurément! Mais c'était une des qualités maîtresses de M. Talabot que d'entraîner à ses idées, par une contagieuse et irrésistible expansion, les personnes qui en pouvaient faciliter la réalisation. En 1831, il constitue la Compagnie des mines de la Grand'Combe et des chemins de fer du Gard; en 1839 il livre à l'exploitation, de Nîmes à Beaucaire, le premier chemin de fer établi en France sur un type qui depuis n'a plus varié. A celui-ci succède, en 1843, la ligne de Marseille à Avignon ; il y construit deux ouvrages d'une extrême hardiesse, et qui, aujourd'hui encore, servent de modèle aux ingénieurs: le viaduc de Tarascon et le souterrain de la Nerthe, le plus important travail de cette nature qui existe dans notre pays. En 1851 la ligne se complète d'Avignon à Lyon, et les chemins de Montpellier à Celte et à Nîmes, réunis aux précédents, forment, en 1852, la Compagnie de Lyon à la Méditerranée.

C'est la première application de cette idée large et pratique de la constitution des grands réseaux, dont la conception appartient en propre à M. Talabot, et qui a eu pour le pays de si fécondes conséquences. A cette première fusion succède celle de toutes les voies de fer qui sont au nord de Lyon, fusion qui, organisée en principe en 1857, est en fait réalisée en 1862. La Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée est constituée, et M. Talabot en devient le Directeur général.

Malgré les labeurs incessants de l'administration d'une pareille affaire, se reposant avec confiance sur le collaborateur éminent qu'il s'était choisi, notre ancien chef, M. Audibert, il trouve le temps d'organiser les plus grandes entreprises industrielles de notre époque: les docks de Marseille, les mines de Mokta et la Compagnie générale de navigation à vapeur, les Chemins de fer Algériens et la Société Algérienne; en Autriche, les chemins de fer du Sud ; en Italie, les chemins Lombards.

Dans une autre direction, épris d'une idée sur laquelle depuis 1826 M. Enfantin n'avait cessé d'appeler l'attention publique, M. Talabot avec Robert Stephenson fait reconnaître l'isthme de Suez. Son esprit se refusait, dit-il, à admettre, à défaut de toute justification, un phénomène aussi merveilleux que celui de la différence de niveau des deux mers. Les savants de l'expédition d'Egypte, en 1799, l'avaient affirmé, et évaluée à 8 mètres environs; Laplace en avait absolument nié l'existence; son opinion fut confirmée par l'étude de M. Talabot, qui, fixant à 0,80 m la surélévation de la mer Rouge, lui permit d'arrêter un avant-projet de canal aisément praticable au moins au point de vue technique. Il était réservé a un autre travailleur dont notre pays s'honore, à M. de Lesseps, de réaliser cette idée grandiose, avec la foi ardente, l'inépuisable activité, qui, chez les hommes de cette taille, survit aux années et semble n'en pas connaître le poids.

La multiplicité de ces entreprises pourra étonner certains esprits : il n'est cependant pas malaisé d'y voir la suite et le développement d'une idée persistante et l'unité d'un dessein constant. Il n'en est pas une qui ne se rattache, par un lien plus ou moins direct mais incontestable, à l'accroissement du trafic et à la prospérité de la grande voie de Paris à la Méditerranée. C'était là l'oeuvre de prédilection de M. Talabot, le but et le résumé de toutes ses vues, de tous ses efforts.

Peu d'hommes ont accumulé sur leur tête un aussi lourd fardeau d'affaires. Grace à une activité prodigieuse, à une incomparable mémoire, à une philosophie qui lui laissait, dans les circonstances les plus graves, une liberté d'esprit aussi nécessaire que difficile à conserver, il suffit a tout sans faiblir. Et quand, en 1873, la mort vint si inopinément lui enlever M. Audibert, il nous donna ce spectacle surprenant d'un vieillard de 74 ans ressaisissant d'une main ferme le gouvernail, et se remettant à l'oeuvre de sa jeunesse avec cette résolution tranquille qui n'a jamais connu les difficultés. Une terrible épreuve lui était cependant réservée, qui était bien faite pour ébranler un caractère moins fortement trempé : il supporte avec un stoïcisme héroïque la perte de la vue. et, comme se repliant en lui-même, demandant à sa mémoire toujours fidèle, et à l'intuition de son esprit de suppléer à ce qu'il ne peut plus directement percevoir, il conserve, pendant neuf ans encore, avec les soucis des luttes de chaque jour, la direction de cette vaste entreprise.

C'est un grand exemple pour tous que cette vie si longue, si bien remplie d'oeuvres utiles, si bien couronnée par une fin chrétienne. Quelles que soient les crises qui semblent nous menacer, un pays ne tombe pas qui produit encore de tels hommes et qui sait leur rendre les hommages qu'ils méritent.

Et maintenant, disons un dernier adieu à notre vieux chef. Comme naguère sa parole, son souvenir nous soutiendra encore, et son nom vivra, vénéré, dans la Compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée, aussi longtemps qu'on y saura apprécier les services rendus, et qu'on y conservera le culte de l'honneur, du devoir et du travail. »

La presse

  • M. Paulin Talabot, le créateur du chemin de fer Paris-Lyon-Méditerranée, est très malade. Son âge, quatre-vingt-cinq ans, fait craindre une issue fatale.

Journal L'intransigeant 15-3-1885 (Collection BNF Gallica).

  • Journal LE RADICAL 22-3-1885 (Collection BNF Gallica). [[1]]
  • Journal LE RADICAL 26-3-1885 (Collection BNF Gallica). [[2]]
  • Nécrologie : Madame Paulin Talabot, veuve de M Paulin Talabot, l'ancien directeur des chemins de fer Paris-Lyon-Méditerranée, est morte cette nuit, à Marseille, dans sa villa du Roucas-Blanc.

Journal LE RADICAL 28-11-1889 (Collection BNF Gallica).

  • Nécrologie : Le directeur honoraire des compagnies du chemin de fer de Lyon, M. Paulin Talabot , est mort le vendredi 20 mars, à 9 heures 20 minutes du soir, dans son domicile de la rue Volney. M. Paulin Talabot était né à Limoges (Haute-Vienne) le 18 août 1799; il entra à l’École polytechnique en 1819, fut admis en 1821 à l’École des ponts et chaussées, et en sortit quatre ans plus tard avec le diplôme d'ingénieur. Il resta jusqu'en 1830 dans le service du gouvernement, mais alors il s'occupa de l'établissement des chemins de fer et prit une grande part à la création du réseau du Sud-Est de la France et au développement de l'industrie houillère du département du Gard. Nommé ingénieur en chef des ponts et chaussées, il est devenu directeur général de la Compagnie Paris-Lyon-Méditerranée et membre du conseil général pour le troisième canton de Nîmes. En 1863, il fut nommé député au corps législatif pour la première circonscription du Gard; il faut réélu en 1869, l'emportant de plus de 700 voix sur son adversaire. Officier de la Légion d'Honneur en 1855, il fut fait commandeur au mois d’août 1864. En 1870 il se retira tout à fait de la politique, ne s'occupant que d'affaires, passant son temps à écrire, à travailler et à répandre le bien autour de lui. M. Talabot faisait partie d'un grand nombre de conseils d'administration, où son tact, son entente des affaire, sa haute intelligence le faisaient rechercher. C'est ainsi qu'il était administrateur de la société générale, de la Compagnie du Mokta, de la Société des forges de Denain, d'Anzin, des mines d'Anjou, des Forges de Saint-Nazaire, des Docks de Marseille, etc. Dans ces dernières années, il devin aveugle; pourtant cette terrible infirmité ne lui enleva rien de son énergie mentale, de son ardeur au travail, de son activité multiple; jusqu'à ses dernières années, il était resté à la tête de la Compagnie P.-L.-M. Ce n'est que depuis l'année dernière qu'il fit nommer à sa place, comme directeur de la Compagnie, M. Noblemaire, ingénieur des plus distingués, des plus intelligents et qui était auparavant directeur de l'exploitation.

Revue La Nature 1885 (Collection CNUM 4KY28.24).