Expériences de 1829 : Différence entre versions
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"Marc Seguin s’appliquait à résoudre les questions de matériel et de traction: pourrait-on utiliser des locomotives sur toutes les pentes du chemin ou devrait-on recourir à « un système de halage analogue à celui de la remorque à points fixes par la vapeur ?
Il avait obtenu du Gouvernement l’autorisation d’introduire en franchise, au prix de 12.500 francs l’une, deux machines provenant des ateliers Stephenson à Newcastle pour servir de modèles aux constructeurs français. Mais ces locomotives ne lui donnaient pas satisfaction. Leur énorme pesanteur, l’insuffisance de leur vitesse lui faisaient craindre qu’elles ne pussent remonter les pentes qu’avec beaucoup de difficultés, et seulement avec un très petit nombre de wagons peu chargés. Pour remédier à ces inconvénients, il fallait augmenter les moyens de production de la vapeur. Marc Seguin imagina « de multiplier les surfaces échauffantes en faisant passer l’air chaud provenant de la combustion à travers une série de tubes plongés dans l’eau de la chaudière ». Sur ce principe il construisit une locomotive moins lourde et aussi forte que les machines anglaises dont « le feu au lieu d’être alimenté par l’air attiré par une cheminée qui s’élève à quinze pieds, comme dans la machine anglaise, l’était au contraire par de l’air poussé dans le foyer par un ventilateur mis en mouvement par la machine elle-même, ce qui donnait le moyen de substituer à une haute et lourde cheminée une cheminée basse et légère.
Une première expérience eut lieu le 7 novembre 1829. Le feu fut allumé à onze heures et demie et, à midi six minutes, la machine manoeuvrait sur un chemin de fer d’essai d’environ cent quarante mètres de long établi dans le chantier Perrache, et qui présentait les difficultés les plus grandes que l’on aurait à surmonter sur la ligne, savoir, une pente de quatorze millimètres, et une courbe de cinq cents mètres de rayon. « La machine remorquait 4 wagons. chargés de 15 tonnes de fonte de fer; ainsi, en ajoutant au poids remonté celui des wagons, elle a remorqué en montant 19 tonnes. Elle a exécuté cette manoeuvre avec la plus grande facilité. On l’a fait arrêter au milieu de la pente la plus forte, afin de s’assurer qu’elle pourrait surmonter cet obstacle sans être aidée par le mouvement précédemment acquis. Après quelques instants de repos, elle est repartie sans la moindre difficulté; la manoeuvre s’est continuée pendant près d’une heure avec le même succès. Le mouvement était à la montée de deux mètres par seconde; il y avait deux hommes sur le chariot de suite; ils suffisaient parfaitement au service, et cependant ils avaient à changer de direction à chaque instant, étant obligés d’aller et venir sans cesse.
La réussite fut telle que les gérants convoquèrent aussitôt le Conseil et les commissaires à un second essai dont le compte rendu figure au rapport du 21 décembre 1829: « L’expérience du 12, où assistèrent tous les commissaires eut moins de succès; c’est précisément notre présence qui en fut indirectement la cause. On nous attendait; on avait tout graissé avec le plus grand soin, et plus qu’il ne fallait; la graisse échauffée coula sur les roues de la machine et sur les rails, de telle sorte que les roues, au lieu d’être aidées par le frottement à vaincre la résistance des wagons, tournaient en glissant sur les rails. Quoiqu’il ait été pris diverses précautions pour les nettoyer, l’effet de la graisse se fit sentir pendant toute la durée de l’expérience. Cependant, malgré ces inconvénients, l’on pu porter le nombre des wagons remorqués à 6 et le poids dont ils étaient chargés à 17 tonnes 1/2. Mais la machine remontait lentement avec cette charge, et elle ne put entraîner les 6 wagons lorsque leur charge fut élevée jusqu’à 18 tonnes. Nous pensons cependant qu’elle les eût fait mouvoir si les rails avaient été dans l’état où ils seront toujours sur la ligne, c’est-à-dire non graissés. D’ailleurs il faut remarquer que les wagons dont on se servait étaient tout neufs, et que les points de frottement n’étaient pas encore adoucis par l’usage ».
Source: Hommes et choses du PLM