21 octobre 1885, collision, Paris : Différence entre versions
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'' Mardi soir, vers neuf heures, près du pont de Rambouillet, non loin, par conséquent, de la gare de Paris, une machine de manœuvre se trouvait engagée sur la voie principale, quand,arrivée à une bifurcation elle fut prise en queue par une autre qui se rendait au Dépôt ; elle fut par la violence du choc presque renversée au travers de la voie. A ce moment arrivait de Montargis le train de voyageurs n° 712, conduit par la mécanicien S......t, on peut juger de la frayeur de ce dernier ; son train étant lancé à toute vapeur sur cet obstacle imprévu, une réédition de la catastrophe de Charenton était presque inévitable. N’écoutant que son courage, S.....t renverse la vapeur, serre son frein. Le train 712 vient se heurter à la machine de manœuvre mais, grâce aux précautions prises, grâce à la présence d’esprit, à l’énergie du mécanicien S......t, la choc est sans gravité, et sauf les premières voitures, qui heureusement ne contenaient que des marchandises, le train n’a pas subi le sort qui le menaçait. Voyageurs et mécaniciens en ont été quittes pour la peur pour quelques heures de retard. La circulation n’a été rétablie qu’à deux heures du matin. Les dégâts s’élèvent environ à 15,000 fr.. les trois machines sont avariées. Il est extraordinaire que des catastrophes comme celle de Charenton ne se produisent pas plus souvent sur cette ligne, lès trains de voyageurs étant obligés de circuler, depuis Villeneuve-St-Georges jusqu’à Paris, sur les mômes voies où se font les manœuvres, les transbordements de la Ceinture et des trois gares, Bercy, Nicolaï et la Râpée. Si les voyageurs se doutaient du danger qu’ils courent de Paris à Villeneuve-Saint-Georges, jamais ils n’oseraient voyager sur cette partie de la ligne du P.-L.-M. Comment se fait-il que le ministre des travaux publics n’intervienne pas, alors que la vie des voyageurs est constamment menacée ? Suivant les fameuses conventions, il est dit au cahier des charges qu’étant donné le danger que courent les voyageurs de P.-L.-M. entre Villeneuve et Paris, il sera Immédiatement établi, pour ce parcours seulement, une voie spéciale pour les trains de voyageurs, les isolant de toute promiscuité dangereuse et garantissant enfin leur sécurité. Il y a trois ans que les conventions sont signées, attend-on, pour les exécuter, une nouvelle catastrophe? On serait tenté de le croire. '' | '' Mardi soir, vers neuf heures, près du pont de Rambouillet, non loin, par conséquent, de la gare de Paris, une machine de manœuvre se trouvait engagée sur la voie principale, quand,arrivée à une bifurcation elle fut prise en queue par une autre qui se rendait au Dépôt ; elle fut par la violence du choc presque renversée au travers de la voie. A ce moment arrivait de Montargis le train de voyageurs n° 712, conduit par la mécanicien S......t, on peut juger de la frayeur de ce dernier ; son train étant lancé à toute vapeur sur cet obstacle imprévu, une réédition de la catastrophe de Charenton était presque inévitable. N’écoutant que son courage, S.....t renverse la vapeur, serre son frein. Le train 712 vient se heurter à la machine de manœuvre mais, grâce aux précautions prises, grâce à la présence d’esprit, à l’énergie du mécanicien S......t, la choc est sans gravité, et sauf les premières voitures, qui heureusement ne contenaient que des marchandises, le train n’a pas subi le sort qui le menaçait. Voyageurs et mécaniciens en ont été quittes pour la peur pour quelques heures de retard. La circulation n’a été rétablie qu’à deux heures du matin. Les dégâts s’élèvent environ à 15,000 fr.. les trois machines sont avariées. Il est extraordinaire que des catastrophes comme celle de Charenton ne se produisent pas plus souvent sur cette ligne, lès trains de voyageurs étant obligés de circuler, depuis Villeneuve-St-Georges jusqu’à Paris, sur les mômes voies où se font les manœuvres, les transbordements de la Ceinture et des trois gares, Bercy, Nicolaï et la Râpée. Si les voyageurs se doutaient du danger qu’ils courent de Paris à Villeneuve-Saint-Georges, jamais ils n’oseraient voyager sur cette partie de la ligne du P.-L.-M. Comment se fait-il que le ministre des travaux publics n’intervienne pas, alors que la vie des voyageurs est constamment menacée ? Suivant les fameuses conventions, il est dit au cahier des charges qu’étant donné le danger que courent les voyageurs de P.-L.-M. entre Villeneuve et Paris, il sera Immédiatement établi, pour ce parcours seulement, une voie spéciale pour les trains de voyageurs, les isolant de toute promiscuité dangereuse et garantissant enfin leur sécurité. Il y a trois ans que les conventions sont signées, attend-on, pour les exécuter, une nouvelle catastrophe? On serait tenté de le croire. '' |
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Circonstances de l’accident
- Encore la Compagnie P.-L.-M
Mardi soir, vers neuf heures, près du pont de Rambouillet, non loin, par conséquent, de la gare de Paris, une machine de manœuvre se trouvait engagée sur la voie principale, quand,arrivée à une bifurcation elle fut prise en queue par une autre qui se rendait au Dépôt ; elle fut par la violence du choc presque renversée au travers de la voie. A ce moment arrivait de Montargis le train de voyageurs n° 712, conduit par la mécanicien S......t, on peut juger de la frayeur de ce dernier ; son train étant lancé à toute vapeur sur cet obstacle imprévu, une réédition de la catastrophe de Charenton était presque inévitable. N’écoutant que son courage, S.....t renverse la vapeur, serre son frein. Le train 712 vient se heurter à la machine de manœuvre mais, grâce aux précautions prises, grâce à la présence d’esprit, à l’énergie du mécanicien S......t, la choc est sans gravité, et sauf les premières voitures, qui heureusement ne contenaient que des marchandises, le train n’a pas subi le sort qui le menaçait. Voyageurs et mécaniciens en ont été quittes pour la peur pour quelques heures de retard. La circulation n’a été rétablie qu’à deux heures du matin. Les dégâts s’élèvent environ à 15,000 fr.. les trois machines sont avariées. Il est extraordinaire que des catastrophes comme celle de Charenton ne se produisent pas plus souvent sur cette ligne, lès trains de voyageurs étant obligés de circuler, depuis Villeneuve-St-Georges jusqu’à Paris, sur les mômes voies où se font les manœuvres, les transbordements de la Ceinture et des trois gares, Bercy, Nicolaï et la Râpée. Si les voyageurs se doutaient du danger qu’ils courent de Paris à Villeneuve-Saint-Georges, jamais ils n’oseraient voyager sur cette partie de la ligne du P.-L.-M. Comment se fait-il que le ministre des travaux publics n’intervienne pas, alors que la vie des voyageurs est constamment menacée ? Suivant les fameuses conventions, il est dit au cahier des charges qu’étant donné le danger que courent les voyageurs de P.-L.-M. entre Villeneuve et Paris, il sera Immédiatement établi, pour ce parcours seulement, une voie spéciale pour les trains de voyageurs, les isolant de toute promiscuité dangereuse et garantissant enfin leur sécurité. Il y a trois ans que les conventions sont signées, attend-on, pour les exécuter, une nouvelle catastrophe? On serait tenté de le croire.
Journal "L'intransigeant" 23-10-1885 (Collection BNF Gallica)