Prosper Enfantin, Directeur de la Compagnie
- M. PROSPER ENFANTIN
M. Prosper Enfantin, directeur du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée, ancien chef de l'École saint-simonienne, est mort à Paris, le 31 août, des suites d'une congestion cérébrale.
M. Enfantin fut un des hommes les plus remarquables de notre époque, et, sans avoir à discuter ici ses opinions personnelles, nous rendons volontiers un hommage mérité à la grandeur de ses vues et à la profondeur de ses conceptions : il fut un des grands initiateurs du progrès industriel.
Il était né à Paris le 8 février 1796. Élève de l'École polytechnique, il prit part à la défense de Paris en 1814, et, après le licenciement de l'École, il entra dans l'industrie et se lia avec Olinde Rodrigues, exécuteur testamentaire du comte de Saint-Simon. En 1831, complétement converti aux idées sociales et religieuses du novateur, il fut, avec M. Bazard, proclamé un des chefs de la nouvelle doctrine, et bientôt ce dernier s'étant retiré par suite de divergences d'opinion, il resta seul à la tête de l'École saint-simonienne. Il fonda la maison de Montaniste, où il se retira avec les partisans du nouveau système, parmi lesquels se trouvaient un grand nombre d'hommes devenus célèbres, tels que Félicien David,— Pierre Leroux, — Carnot, — Jean Reynaud, — Cazeaux, — Saint-Chéron, — Guéroult,— Lherminier, — Jules lechevalier, - Tamisier, - Transon, - d'Eichthal, - Émile péreire, - Laurent, — Duveyrier, - Émile Barrault, - Olinde Rodrignes, — E. Talabot, — Baud, — Amail, - Louis Jourdan, - Blaise (des Vosges), — Arlès-Dufour, etc. Les saint-simoniens, disperés par suite d'un procès qui leur fut intenté par le gouvernement, embrassèrent différentes carrières.
Enfantin partit pour l'Égypte où il s'occupa de questions industrielles de l'ordre le plus élevé. Après son retour d’Égypte, il se fit maître de poste de Lyon.
En 1841, il fit partie de la mission scientifique d'Algérie. En 1845, il fut placé à la tête du chemin de fer de Paris à Lyon.
A sa mort, M. Enfantin était directeur du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée.
Il serait injuste, à nous autres écrivains, d'oublier un projet de Banque intellectuelle, dont quelques copies autographiques ont circulé dans le public il y a dix-huit mois environ. Rien de ce qui touche à l'intelligence et au progrès ne lui était étranger. M. Enfantin était justement considéré comme un esprit des plus éminents de notre temps, et consulté sur un grand nombre de questions de haute administration et de travaux industriels; sa mort laisse un grand vide.
A. HERMANT.
PROSPER ENFANTIN, décédé le 31 août. (D'après une photographie de M. Bisson aîné.)
Source
- Journal "Le monde illustré", n° du 10 septembre 1864 (Collection BNF Gallica) [[1]]
