Bulletin PLM n°8 de mars 1930: Vénissieux Triage

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Titre

La gare de Vénissieux Triage par M. Mauris, Inspecteur Général du Mouvement,

Planche et figures de l’article

Article

La nouvelle gare de Vénissieux Triage se trouve à droite de la ligne de Lyon à Grenoble, à proximité de Lyon, entre les gares de Vénissieux et de Saint Priest (figure 1). Elle a pu être établie assez facilement dans une grande plaine encore dépourvue de constructions, pas trop loin du dépôt de Vénissieux, qui est le grand dépôt des machines à marchandises de la région. Mise partiellement en service en octobre 1928, elle a été agrandie et complétée pour la campagne d’automne 1929.


  • Vénissieux -Triage a été créée pour venir en aide à la gare de Lyon Guillotière, dont il est par suite intéressant d’indiquer brièvement les fonctions. Avant d’être déchargée par Vénissieux, la gare de Guillotière était à la fois :
    • Une grande gare locale, qui devait classer, à l’entrée et à la sortie, les 500 wagons qu’elle reçoit en moyenne chaque jour pour ses quais, ses voies de débord et ses embranchements particuliers.
    • Une grande gare de manoeuvres, à qui incombait le triage des wagons destinés aux gares comprises entre Lyon, d’une part, et Bourg, Ambérieu, Grenoble ou Valence, d’autre part, dont l’acheminement s’effectue par Lyon. Cette gare devait, en particulier, trier tous les wagons partant des gares de Lyon Part Dieu, Saint Fons et Vénissieux qui ont toutes trois un trafic très important : Part Dieu 350 wagons par jour, Saint Fons 100 et Vénissieux 150.
    • Une gare de relais, où venaient passer les courants de trafic des régions de Dijon, Besançon, Bourg, du nord et de l’est de la France, de la Suisse et de la Savoie pour la vallée du Rhône, le littoral méditerranéen et la région de Saint Etienne, ainsi que ceux de sens inverse. Ces trains de passage séjournent parfois longtemps à Guillotière, pour y changer de machines et de brigades, y attendre une marche libre et, de temps en temps, y prendre ou y laisser quelques éléments.


Or, le trafic dans la région de Lyon s’accroît d’une manière particulièrement intense. L’agglomération lyonnaise a gagné près de 100 000 habitants depuis la guerre, passant de 621 173 à 715 762. Lyon lui-même est passé de 523796 habitants en 1913 à 570 840 maintenant, tandis que d’autres communes, qui le touchent et qui ne font avec lui qu’une seule ville, présentent un développement plus rapide encore, comme Villeurbanne, passé de 42 526 à 63 795 habitants et Vénissieux, de 4 939 à 11 506.


Avec l’augmentation du trafic local, liée à l’accroissement de la population, avec le nombre grandissant des trains de passage, qui suit le développement industriel de toutes les régions de notre Réseau, la gare de Guillotière, qui met en marche, chaque jour, jusqu’à 80 trains de marchandises formés chez elle ou de passage, était de plus en plus gênée pour assurer convenablement son triple rôle, surtout en hiver, où les brouillards fréquents viennent ralentir le débit de ses installations. Comme il arrive toujours en pareil cas, les difficultés qui se produisaient sur un point quelconque de la gare se répercutaient rapidement sur l’ensemble. Elles diminuaient le rendement de tous ses chantiers et elles venaient influer défavorablement sur la bonne marche des trains de passage, dont la circulation intéresse les deux tiers de notre réseau.


En créant la gare de Vénissieux Triage, notre Compagnie s’est proposé d’y transporter la plus grande partie des opérations de triage effectuées auparavant à Lyon Guillotière, qui, soulagée de la partie la plus absorbante de son travail, peut donner tous ses soins à la desserte de son trafic local et au bon écoulement des trains de passage.


A cet effet, tous les wagons sortant des gares de Lyon Guillotière, Saint Fons et Lyon Part Dieu, qui étaient autrefois triés à Lyon Guillotière, sont maintenant envoyés sans aucun classement à la gare de Vénissieux, qui en opère le triage, ainsi que celui de tous les wagons qui, dans les deux sens, circulent sur la ligne de Lyon à Grenoble.


La gare de Vénissieux Triage (figures 2, 3 et 4) se compose essentiellement d’un faisceau de triage de 26 voies, longues de 700 m, et de deux faisceaux de réception l’un, spécialisé au sens impair, de six voies, le long du faisceau de triage, et l’autre, de cinq voies, situé à la suite du faisceau de triage, côté Grenoble. Ce dernier faisceau est disposé de telle sorte que ses voies servent de tiroirs et qu’il suffit de pousser les trains qui y ont été reçus pour les débrancher. On s’efforce de l’utiliser au maximum en y recevant directement le plus de trains possible, le faisceau de réception impair étant plutôt un faisceau de secours où on laisse momentanément les trains qui, dans les périodes de réceptions chargées, ne peuvent, faute de place, être conduits immédiatement par leur machine titulaire sur le faisceau dont les voies servent de tiroir.


Le débranchement des trains se fait par les méthodes habituelles.


Ils sont lentement poussés vers une butte en dos d’âne, d’où les wagons descendent par leur propre poids en se dispersant sur les diverses voies de triage, où ils sont réunis par tranches de même destination qui formeront les trains au départ. Ces wagons, après avoir nettement dépassé les aiguilles de tête du faisceau de triage, sont arrêtés au moyen d’un sabot - frein, placé sur le rail et qui cale les roues de l’essieu avant. Puis, une fois l’arrêt obtenu et le sabot - frein enlevé, ils reprennent tranquillement leur marche sous l’influence de la légère pente ménagée en cet endroit et viennent s’arrêter doucement au contact de ceux qui stationnent déjà là. De cette façon, les têtes de voies restent toujours libres et il n’est pas nécessaire, comme il arrive dans de trop nombreuses gares, de refouler fréquemment à la machine les wagons qui se sont massés dans la zone des aiguilles, opération qui interrompt le débranchement et diminue par conséquent le débit du chantier.


Du côté Lyon, le faisceau de triage est desservi par une seule voie de tiroir, sur laquelle une machine vient manoeuvrer pour former les trains omnibus de marchandises allant à Grenoble. La formation de ces trains est assez laborieuse, puisqu’il est nécessaire de rassembler les wagons destinés à chacune des gares de la route et de les classer dans l’ordre géographique, de manière à réduire au minimum les manoeuvres dans les gares de passage. Ces trains omnibus, une fois formés, sont placés sur une des voies du faisceau de réception impair, d’où ils peuvent partir sans interrompre les opérations sur le faisceau de triage. Comme, d’autre part, tous les autres trains partent du côté Lyon, on voit que les débranchements ne sont jamais interrompus par le départ des trains, ce qui permet de trier sans arrêt et d’obtenir un rendement élevé.


Il a été dit que la gare de Vénissieux recevait, pour les trier, les trains de marchandises de la ligne de Lyon à Grenoble, ainsi que ceux formés des wagons qui sortent des gares de Lyon Guillotière, Lyon Part Dieu et Saint Fons. Elle reçoit, en outre, quelques trains venant de Saint Germain au Mont d’Or et de Vaise. L’ensemble représente un total de 32 trains et 1 500 wagons par jour. Avec ces éléments, elle forme des trains directs pour Miramas, Portes, La Voulte, Roanne, Is sur Tille, Perrigny, Ambérieu, Grenoble, Badan, les diverses gares de Lyon et elle contribue à alimenter en wagons tombereaux vides le bassin minier de Saint Etienne.


Il convient de noter que les trains qui partent de Vénissieux pour se diriger sur Portes, Badan, La Voulte ou Saint Etienne empruntent un nouveau raccordement vers Saint Fons, où ils rejoignent la ligne de Lyon à Marseille.


Le bâtiment principal de service (figure 5) comporte divers bureaux au rez-de-chaussée et au premier, un poste d’agents de trains qui comprend cinq dortoirs à quatre lits, une cuisine, un réfectoire, un local pour lavabos, un local pour placards et des WC, le tout aménagé conformément aux données les plus modernes de l’hygiène. Bientôt, une salle de douches y sera installée, ainsi qu’une distribution d’eau chaude dans les lavabos. Au rez-de-chaussée est prévue une salle de récréation.


La mise en service de la gare de Vénissieux Triage soulevait le gros problème du logement du personnel. Elle est établie dans une plaine nue, assez loin des agglomérations de Saint Priest et de Vénissieux, qui sont elles-mêmes surpeuplées par suite du gros développement des usines de la région. La Compagnie l’a résolu en construisant une cité de douze maisons (figure 6), comprenant 68 logements au total, à proximité de la gare de Saint Priest, où aboutit l’extrémité, côté Grenoble, des voies de tiroir.


Ces maisons sont, pour la plupart, à deux étages et elles offrent, avec le rez-de-chaussée, six logements clairs et spacieux, bien distribués, comprenant (figure 7) une cuisine, trois chambres indépendantes et un WC.


Cette cité va être complétée par trois nouvelles maisons offrant 24 logements de plus.


La Compagnie possède, à Vénissieux, près du dépôt, une autre grande cité qui est surtout habitée par les Agents de la Traction. La gare de Vénissieux, comme il a été expliqué, soulage la gare de Guillotière du triage des wagons qui sortent des gares du groupe de Lyon. Mais il est probable que le développement continu de Lyon et de ses environs obligera dans quelques années à réaliser de nouvelles étapes de dégagement et à reporter à Vénissieux le chantier de transbordement des colis de détail de Lyon Guillotière et le triage des wagons arrivant dans la région lyonnaise, de telle sorte que Guillotière n ait plus à recevoir que les wagons destinés à son propre local et à ses embranchements particuliers. Cette extension est déjà prévue et la figure 2 indique en pointillé comment seront disposés le quai de transbordement et le faisceau de triage affecté aux trains arrivant du large, le tout complété par un faisceau spécial destiné à la formation des trains omnibus de marchandises. Les terrains sont achetés et les plans sont faits de telle sorte que l’on arrivera à réaliser, au fur et à mesure que se développera le trafic, un remarquable outil de triage au centre même du Réseau.