Article de la Revue générale d'Architecture de 1861: les types de stations de tête et exceptionnelles du PL, extrait concernant Mâcon

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Gare de Mâcon, gare exceptionnelle de premier ordre

  • Cette gare, dont le plan général se voit planche 62, est élevée à l'une des extrémités de la ville de Mâcon, sur un plateau dominant la Saône. On arrive dans la cour des voyageurs par une pente douce, là sont installés les services du départ et de l'arrivée. De la cour des voyageurs on communique avec celle de la gare des marchandises.


  • La gare de Mâcon reçoit l'embranchement du chemin de Genève, de sorte que l'on a dû y ménager, jusqu'à la réunion des deux lignes dans les mains de la même compagnie, un service distinct pour l'embranchement de Genève.


  • Les bâtiments se composent d'une grande station couverte, d'une rotonde pour 17 machines locomotives, d'une remise pour 8 machines en feu, d'un petit atelier de réparation, d'un quai à coke avec bureau (et chambre d'employé au-dessus), d'une remise pour les voitures de la ligne de Genève (en tête de la gare du chemin de Lyon) et d'une gare de marchandises pour chacune des deux lignes (sur Paris et Lyon et sur Genève).


  • On y trouve aussi toutes les voies ferrées nécessaires au service des bâtiments ainsi qu'à celui des trains de voyageurs et de marchandises.


  • La planche 63 donne le plan détaillé de la halle couverte.


  • Dans le plan détaillé de la planche 63, on reconnaît toutes les dispositions des bâtiments de service des voyageurs (A, B, C), bâtiments placés sur la cour du départ et de l'arrivée, et, parallèlement à ceux-là, de l'autre côté des voies traversant la halle couverte, celles de la remise des voitures de service des trains, avec les agencements utiles pour leur lavage.


  • Une partie de cette remise est consacrée à des «  closets », à la lampisterie et à un petit buffet desservant les trains de passage de ce côté de la halle.


  • Le pavillon-milieu (C) du bâtiment des voyageurs, qui forme un avant-corps, contient le vestibule de départ, le bureau de distribution des billets, celui du chef de gare et celui de la télégraphie électrique, la salle des voyageurs de première classe et l'escalier desservant les étages supérieurs, destinés aux logements des employés et facteurs, étages dont les plans sont donnés dans le liant. de la planche 63.
  • Le vestibule, foyer de la circulation générale, donne accès, à droite (côté de Paris), au service des bagages au départ. Le reste de l'aile droite du bâtiment des voyageurs contient la salle des bagages venant de Lyon et des bagages de la messagerie, une pièce pour le chauffage des chaufferettes, le corps de garde des hommes d'équipe, des « closets », le cabinet du médecin et celui du commissaire de la surveillance administrative, enfin deux escaliers montant à un entresol composé de pièces diverses pour le chef de gare du chemin de Genève, le dortoir des chefs de train, etc., et le logement du facteur. Le plan de cet entresol se voit dans le haut de la planche 63, à droite.


  • Le vestibule s'ouvre à gauche (côté de Lyon) sur les salles d'attente de 2ème et de 3ème classe, attenantes à la salle des premières. Le reste de l'aile gauche du bâtiment des voyageurs est occupé par le buffet, la buvette et la salle à manger, par un escalier conduisant au logement du buffelier, à l'entresol, par une salle des bagages venant de Paris et par le bureau du sous-chef de la gare.


  • Une des faces du bâtiment des voyageurs regarde la balle, et nous avons dit que la halle était couverte; l'autre face regarde la cour, et, de ce côté, une marquise, portée par des colonnettes en fonte, règne sur toute l'étendue de l'édifice. On peut donc, sur la cour comme du côté de la halle, faire à couvert tous les services de débarquement et d'embarquement des voyageurs et de leurs bagages.


  • La France est trop redevable à Mâcon, Paris surtout, pour qu'un artiste parisien ait pu un instant se montrer oublieux des beaux titres du Mâconnais à nos souvenirs reconnaissants. La vigne, fruits et feuilles, se mêlent donc à la décoration du pavillon principal, décoration que l'artiste a voulu emprunter à la flore du pays. Ce sont aussi des feuilles de vigne qui forment le motif principal de l'ornementation des moulures de la pile de tête reproduite planche 65. Cette pile, qui regarde vers Lyon, porte les armes de Dijon, parce que les trains se dirigent sur Dijon en quittant Mâcon pour Lyon.


  • La planche double 67-68 complète la série des dessins que nous avons consacrés à faire connaître l'importante gare exceptionnelle de Mâcon. Elle reproduit l'ensemble et les détails du comble de la halle, construit en bois et fer, comme la halle de la gare de Paris. Les fermes ont entre les murs une portée de 29,30 m, et leur écartement, d'axe en axe, est de 5 mètres. La grande portée des fermes a engagé l'architecte à employer 3 bielles et un triple système de cordes sous tendeurs pour roidir l'arbalétrier. Un sabot ou boîte de faîtage assemble les sommets des arbalétriers d'une même ferme. Les arbalétriers sont en sapin et ont 15,85 m de longueur, sur un équarrissage de 0,40 x 0,22 m. Comme à la gare de Paris, le pied de chaque arbalétrier est reçu par un sabot faisant console. Ce sabot est muni d'une paire d'oreilles que traversent quatre boulons, qui pénètrent ensuite au travers du mur et assemblent le sabot avec des plaques de fonte incrustées sur la face extérieure de l'édifice. Des fers à double T sont boulonnés sur le sommet des boîtes qui réunissent les têtes des arbalétriers. Ils forment une ligne de faîtage qui relie toutes les fermes entre elles et soutient la lanterne d'aérage de la halle. Les consoles que portent les boîtes de faîtage (voir les coupes longitudinales) facilitent et fortifient ce travail. La volige de ce grand comble est posée diagonalement, disposition adoptée par les ingénieurs anglais depuis trente à trente-cinq ans, et qui est généralement en usage parmi nous pour les grandes surfaces couvertes depuis vingt à vingt-cinq ans. Les fermes en sont plus solidaires, la couverture plus roide et mieux unie dans toutes ses parties. Cette volige est en sapin, posée à feuillure, avec couvre-joints.


  • Le quart de la surface de la couverture est vitré en verre double, dépoli. Le verre de la lanterne d'aérage couronnant le toit est aussi double et dépoli. Les trois autres quarts de la couverture sont en zinc, qui est posé d'après le même système qu'à Perrache.


  • Les détails d'assemblage du tirant principal, des bielles avec leurs plaques, des sous tendeurs des arbalétriers, du poinçon ou tige de suspension et des cordes horizontales rattachant les poinçons entre eux, sont donnés dans le bas de la planche 67-68, ainsi que le dessous de la boîte ou sabot de faîtage. Les autres figures de cette planche montrent la face du sabot à console qui reçoit le pied de l'arbalétrier, et la coupe longitudinale du comble.
  • Comme nous l'avons fait pour les autres gares déjà publiées dans cette Revue, nous ajouterons à cette description, comme un complément utile, un aperçu général de la dépense par corps d'état, avec quelques observations sur le mode de construction adopté.
  • Les socles, les arcades généralement, ainsi que les pilastres et les archivoltes des arcades des pavillons de chaque côté de la halle, sont construits avec une pierre dure provenant des carrières de l'abbaye de Damparis, distantes environ de vingt lieues de Mâcon, le pays immédiatement autour de Mâcon n'en fournissant que fort peu. Les arcs et les chambranles des portes des bâtiments en ailes sont exécutés avec la même pierre. Les étages, corniches, pilastres, bandeaux, fenêtres, tant des bâtiments en ailes que des pavillons, ainsi que l'entablement et les pilastres à l'intérieur des salles d'attente, et l'entablement et les pilastres des fenêtres d'attique sur la grande halle, sont en pierre blanche tendre de Tournus et des environs.
  • Tout le reste de la grosse maçonnerie, compris les murs de la halle et les murs intérieurs, sont en moellon du pays et plâtre de Paris.


Prix de revient de la gare de Mâcon

  • Bâtiments des voyageurs :
    • Maçonnerie : 176 200 fr
    • Charpente : 56 200 fr
    • Serrurerie, fonte : 69 250 fr
    • Couverture : 50 250 fr
    • Menuiserie : 100 450 fr
    • Vitrerie, peinture : 25 000 fr
    • Total : 477 350 fr
  • Grande halte :
    • Maçonnerie : 94 200 fr
    • Charpente : 25 500 fr
    • Serrurerie, fonte : 105 300 fr
    • Couverture : 34 600 fr
    • Menuiserie : 34 300 fr
    • Vitrerie, peinture : 30 150 fr
    • Total : 324 050 fr
  • Gare des marchandises :
    • Maçonnerie : 51 750 fr
    • Charpente : 39 200 fr
    • Serrurerie, fonte : 20 400 fr
    • Couverture : 36 800 fr
    • Menuiserie : 16 200 fr
    • Vitrerie, peinture : 3 900 fr
    • Total : 168 250 fr
  • Remise des machines en feu :
    • Maçonnerie : 51 600 fr
    • Charpente : 22 100 fr
    • Serrurerie, fonte : 10 200 fr
    • Couverture : 42 600 fr
    • Menuiserie : 2 450 fr
    • Vitrerie, peinture : 7 000 fr
    • Total : 136 250 fr
  • Dépôt de 16 machines :
    • Maçonnerie : 76 450 fr
    • Charpente : 17 000 fr
    • Serrurerie, fonte : 13 000 fr
    • Couverture : 25 000 fr
    • Menuiserie : 10 000 fr
    • Vitrerie, peinture : 2 800 fr
    • Total : 144 250 fr
  • Total général pour la gare : 1 250 150 fr

Iconographie de l'article