Article de la Revue générale d'Architecture de 1863: Gares de marchandises des stations ordinaires de la ligne de Paris à Lyon: Tournus

Gares de marchandises des stations ordinaires de la ligne de Paris à Lyon

Nous donnons ici le type des gares de marchandises le plus généralement employé sur le parcours du chemin de Paris à Lyon. Les applications qu'on en a faites sur cette ligne ne diffèrent que par le plus ou moins grand nombre de travées dont on a composé le bâtiment. Un des pignons étant en bois, il est toujours facile de le démonter et de le rétablir plus loin, après avoir ajouté quelques nouvelles travées à la gare.

Dans toutes ces gares, la disposition reste la même. Elle se compose d'un quai pour les marchandises, élevé de 1 mètre au-dessus du niveau de la voie ferrée, et servant au chargement et au déchargement des wagons et voitures de camionnage, d’un bureau de service, établi à l'extrémité du quai, et d'une sortie avec perron pour les employés.

La planche 24 reproduit le plan, le pignon principal et une coupe transversale de la gare de marchandises de la station de Tournus, avec la coupe longitudinale et l'élévation latérale d'une de ses travées. Des détails de construction du quai et de la charpente complètent la planche.

Sur le plan, on verra la position du quai entre l'embranchement pour les wagons venant de la voie, et le chemin pavé destiné aux voitures de camionnage. Ce chemin n'est séparé de la cour de service que par une rangée de piliers. On distinguera aussi les bureaux à l'une des extrémités du quai, s'appuyant au pignon en maçonnerie et communiquant directement avec le perron de sortie.

L'élévation du pignon principal fera reconnaître la grande baie d'éclairage de la halle, les entrées des voies qui longent le quai, et la forte saillie du toit sur la cour. Dans la coupe transversale, on retrouvera le quai entre la voie des wagons et le chemin des voitures de camionnage, les bureaux et la grande baie d'éclairage de la halle. On y verra aussi le système de la charpente, dont les dimensions principales ont été cotées avec soin.

- La coupe longitudinale d'une travée montre le mode de clôture, au moyen de grandes portes charretières, adopté pour fermer les vides entre les piliers du côté de la cour et par une travée de l'élévation latérale sur la voie de fer. On reconnaît l'unité de style qui existe dans la décoration et la physionomie générale du bâtiment.

Quant aux détails, ceux du quai du côté de la voie de fer montrent la saillie destinée à avancer le quai par un léger encorbellement jusqu'à la rencontre du plancher formant le fond des wagons, tandis que ceux qui donnent le profil du quai du côté des voitures de camionnage font voir que, de ce côté, le mur du quai est parfaitement d'aplomb, sans saillie ni retraite, afin que les voitures puissent s'y acculer et décharger ou charger facilement leurs colis.

Les détails de la charpente sont relatifs au poinçon, au blochet et à l'assemblage du titrant en fer avec la tige de suspension qui sert à prolonger le poinçon en bois jusqu'à ce tirant. Tout cela est si simple que nous nous bornerons à faire remarquer le raide que donne à la charpente le système de blochet composé de moises et embrassant à la fois l'arbalétrier et la jambe de force qui le décharge par le bas.

Le sapin a été presque exclusivement employé dans ce comble, le voligeage est formé de planches placées diagonalement et dont la direction se renverse à chaque couple de pannes. La couverture est en zinc n° 14, et le chéneau est fait avec le même métal, n° 16.

Le bâtiment servant de gare à Tournus mesure par travée 5 mètres d'axe en axe. Sa longueur totale, compris l'épaisseur des pignons, sans la saillie du perron (de 1 mètre), est de 25,70 m. Sa largeur, y compris l'épaisseur des murs, est de 22,70 m. Il y a de plus une saillie du toit de 2,60 m du côté de la cour de service, qui porte à 25,30 m la largeur totale de la surface couverte.

Les planchers de toutes les gares de marchandises de la ligne de Paris à Lyon sont sans exception en madriers de sapin de 0,06 m d'épaisseur, assemblés à rainures avec languettes en chêne. Ce plancher est fixé avec des vis sur les lambourdes de sapin de 0,09 x 0,20 m. On donne à ce plancher un léger bombement. De tous les systèmes essayés, c'est un de ceux qui paraissent offrir le plus de résistance et de durée.