16 février 1882, accident de travail, ateliers de Paris
Circonstances de l’accident
- Les rentes des travailleurs.
Un terrible accident est arrivé hier dans les ateliers de la compagnie P.-L.-M.; qui va plonger dans la misère une nombreuse famille d’honnêtes ouvriers. Hier, soir à dix heures du matin, M. P..., forgeron, demeurant, 201, rue de Paris, à Charenton, ébarbait une pièce de frein incandescente avec un de ses camarades. Pendant que celui-ci la soutenait sur l’enclume, M. P... frappait avec un énorme marteau. Les étincelles volaient autour d’eux. Tout à coup une esquille un peu grosse se détacha et alla s’enfoncer dans son œil en produisant une plaie horrible. On reconduisit immédiatement chez lui le malheureux qui était en proie à des souffrances atroces. Cet infortuné travailleur est marié et est père de trois enfants en bas-âge. Sa femme, en outre, est enceinte d’un quatrième et a été réduite à l’inaction il y a deux mois par l’amputation du médius de la main droite, qui avait dû lui être faite à la suite d’une blessure reçue au cours de son travail. Par suite de la belle organisation qui régit la société actuelle, ces malheureuses victimes du travail seront bientôt réduites à la plus affreuse misère. Espérons qu’au nom de la solidarité, l’initiative privée leur viendra en aide.
Journal "L'INTRANSIGEANT" du 17-2-1882 (Collection BNF_Gallica)