1 décembre 1890, tentative d'escroquerie, gare de Toulon
Circonstances de l’incident
- Toulon, 1er décembre.
Agression en wagon
Un vol accompli dans des conditions aussi mystérieuses que dramatiques, a eu lieu cette nuit dans le train 494 venant de la frontière d’Italie et se dirigeant sur Marseille. À l’arrivée du train à Toulon une dame a été trouvée bâillonnée dans un compartiment de deuxième classe, réservé aux dames seules. Cette dame a déclaré se nommer Mme Zoé Marques et être la femme d’un pharmacien de Bordj-bou-Arrepidj {province do Constantine). Elle à raconté que, partie à minuit de Monte-Carlo et se trouvant seule dans le compartiment des dames elle a lu jusqu’à Saint-Raphaël et que, peu après, elle s’est endormie. Pendant son sommeil un individu, qui serait sans doute monté dans son wagon alors que le train était en marche s'est précipité sur elle et l'a bâillonnée avec une serviette. Réveillée en sursaut elle n’a pu se défendre, ayant reçu un coup à la tête qui l'a étourdie. Après lui avoir attaché bras et jambes, l’individu en question l’a dépouillée de tout son argent. Le vol s’élève à 6 450 francs. L’enquête continue, On se demande si son récit, n'est pas une pure invention
Journal L'Intransigeant 3-12-1890 (Collection BNF Gallica).
Toulon, 2 décembre.
Le juge d’instruction chargé de l’enquête, au sujet de l’agression et du vol mystérieux dont a été victime Mme Marguet, a reçu ce matin les dépositions des agents de la Compagnie qui faisaient le service du train 494. Ces agents, venus tout exprès de Marseille, ont déclaré qu’ils n’avaient rien observé d’anormal pendant le trajet. Les chefs, des stations comprises entre Nice et Toulon ont répondu dans le même sens. L’enquête continue.
Journal L'Intransigeant 4-12-1890 (Collection BNF Gallica).
Toulon, 7 décembre.
La dame Marquet, qui s’était présentée au parquet comme victime d’un vol important en chemin de fer, n’avait simulé qu’une maladroite comédie, dans un but facile à comprendre. Cette dame avait habité la principauté de Monaco sous différents noms et racontait qu’elle avait perdu beaucoup au jeu. Le juge d’instruction de Toulon a relâché Mme Marquet qui est allée rejoindre son mari en Algérie, avec les quelques sous que son prétendu agresseur n'a pas pu trouver au fond de son sac.
Journal L'Intransigeant 9-12-1890 (Collection BNF Gallica).
Toulon, 8 décembre.
On a maintenant des preuves certaines que la femme Marqguet n’a été victime d’aucune agression en chemin de fer. La police monégasque vient en effet de transmettre au juge d’instruction un rapport suivant lequel Mme Marquet aurait été vue plusieurs jours de suite jouant au Casino, et une lettre de cette dame adressée à une de ses amies habitant Monaco, dans laquelle elle conte tout au long la fumisterie dont elle est l'auteur et qui avait pour objet de se faire payer une forte indemnité par la Compagnie du chemin de fer. .
Journal L'Intransigeant 10-12-1890 (Collection BNF Gallica).