21 janvier 1882, incident train président Gambetta, gare de Mâcon

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Circonstances de l’accident

  • COUP DE TAMPON

Le caractère français est véritablement empreint d'une impardonnable étourderie; les plus graves événements s'accomplissent, les catastrophe les plus formidables fondent sur le pays, les malheurs les plus terribles nous menacent et nous passons au milieu de tout cela sans nous en douter; pendant que les Parisiens préparaient le mardi gras et les Niçois leur carnaval, M. Gambetta a tamponné. Cela n'a pas été un tamponnement fictif, allégorique, un tamponnement pris au figuré, une métaphore de rhétorique comme le tamponnement du 26 janvier. C'est un tamponnement véritable, effectif, produit par le choc d'un train contre un wagonnet, et le bruit de ce tamponnement n'a pas retenti dans les deux mondes!

C'est à Mâcon que l'accident a eu lieu. M. Gambetta arrivait de GEnève et se disposait à prendre, à huit heures du soir, l'express n°4016 (nous précisons) pour rentrer à Paris. A neuf heures dis minutes, le sous-chef de service donnait le signal de départ et le train se mettait en mouvement. Il n'avait pas fait 20 mètres, qu'un choc violent se produisait, principalement dans les premières voitures du train où se trouvait M. Gambetta. Mais M. Gambetta n'était pas seul. M. Arnaud (de l'Ariège), qui l'accompagnait, ouvrit la portière et, d'un seul bond, se trouva sur la voie. Oui, d'un seul bond! Qu'on vienne nous parler maintenant de Blondin, des Hanlon-Lees et de tous les acrobates célèbres! Qu'on vienne nous dire où et quand ils ont accompli ce tour de force qui consiste à sauter, d'un seul bond, de l'intérieur d'un wagon sur la voie! Peut-être même le jeune secrétaire intime a-t-il compliqué ce prodige d'un saut périlleux exécuté en avant et en arrière; mais on néglige de nous renseigner sur ce point. Il a même dû le faire; sans cela, comme le Marseillais illustre, il aurait eu le temps de s'envoyer en l'air!

On avait donné l'alarme, le chef de train, sachant qu'il portait César et sa fortune, avait fait des signaux désespérés; les hommes d'équipe arrivaient de tous côtés avec des lanternes; on se précipité sur la wagon qui contenait, avec peine, l'homme d’État; on le palpe, on l'ausculte, rien!!! Et il passa dans toutes ces poitrines comme un long soupir de soulagement. Mais ce n'était pas tout! On avait constaté les effets, il fallait découvrir les causes et mettre la main sur le coupable. Le coupable était un chariot servant à tourner les wagons. Une rafale avait fait glisser le taquet destiné à retenir le chariot sur la voir parallèle à celle où se trouvait le train et l'avait amené insensiblement jusqu'à la voie d'où partait le train express. Mais le train, solidement lesté par le poids qu'il trainait, avait eu facilement raison de ce léger obstacle et le wagonnet, lancé au loin, gisait les quatre roues en l'air. Quelques instants après, M. Gambetta reprenait sa route et arrivait à Paris sans autre incident. Merci mon Dieu!

(On notera le ton sarcastique de l'article... Dans un quotidien vraisemblablement de tendance politique opposée à celle de M. Gambetta)

Journal LE RADICAL 22-2-1882 (Collection BNF Gallica).


  • Un déraillement a failli se produire, dans la nuit de vendredi, à l’express numéro 4016 à son départ de la gare de Mâcon. A neuf heures dix minutes, le sous-chef de service donnait le signal du départ et le train se mettait en mouvement. Il n’avait pas fait vingt mètres, qu’un choc violent se produisait. Les voyageurs descendirent immédiatement et s'informèrent des causes de ce choc. On découvrit alors sur la même voie que celle où se trouvait le train un chariot servant à tourner les wagons, qui venait d’être tamponné par la machine. Une rafale avait fait glisser le taquet destiné à retenir le chariot sur la voie parallèle à celle -où .se trouvait le train, et elle l’avait amené insensiblement jusque sur la voie d'où part aille train express. Le wagonnet avait été tamponné et aussitôt lancé au loin. Les voyageurs en ont été heureusement quittes pour une forte secousse. M. Gambetta et son secrétaire, M. Arnaud, se trouvaient dans les premières voitures. L’ex-chef de l’ex-Grand-Ministère n’était rien moins que rassuré. Cependant, il en a été quitte pour une forte émotion.

Journal L'INTRANSIGEANT 21-2-1882 (Collection BNF Gallica).

Photos et cartes postales

Croquis et plans