9 septembre 1883, agression entre Saint-Chamas et Miramas

Circonstances de l’accident

• Marseille, 9 septembre.

Une nouvelle tentative d’assassinat a été commise la nuit dernière, en chemin de fer, entre Saint-Chamas et Miramas. La victime, un nommé R....x, marchand de bestiaux à Cuers (Var), qui venait de faire des achats dans le Cantal, a reçu des blessures légères. Des voyageurs voisins ayant entendu ses cris, et se disposant à lui porter secours, l’assassin prit la fuite après avoir tiré un coup de revolver qui n’atteignit personne.

Journal "L'INTRANSIGEANT" du 11-9-1883 (Collection BNF_Gallica)

• Marseille, 12 septembre.

Le journal donne les détails suivante sur la tentative d’assassinat commise en chemin de fer entre Miramas et Saint-Chamas et que nous avait signalée notre correspondant particulier. Un marchand de bestiaux de Cuers (Var), nommé R.....d, revenait du Cantal, où il s'était rendu pour ses affaires. I1 voyageait en troisième classe et se trouvait seul dans u compartiment de milieu. Les deux autres compartiments étaient occupés, celui d'avant par un territorial se rendant à Marseille pour faire ses treize jours, et celui «arrière, par un individu à mine suspecte. Durant le trajet, R.....d s’était endormi. Il ne peut préciser l’endroit. Le train venait de quitter Miramas, lorsque tout à coup une détonation se fit en tendre. En même temps, R....d se levait et criait à l’assassin. 11 était blessé et venait recevoir un coup de revolver derrière la tète. Aussitôt les deux voyageurs des compartiments voisins s’approchèrent, et celui de derrière, que l’on suppose être l’assassin, s'empressa de dire avec assurance que le coup avait été fait par un employé du chemin de fer; qu’il l’avait vu. R.....d, quoi que blessé, se mit alors à la portière, mais il ne vit personne. En arrivant à Saint-Chamas, R.....d a fait sa déclaration au chef de gare. Le voyageur que l'on a quelque raison de considérer comme l’assassin avait disparu. On l’à cherché vainement. Le Wagon qui a été le théâtre de cette tentative criminelle a été laissé à Saint-Chamas; il a été visité minutieusement, mais on n'a pu trouver trace de la balle qui a blessé R.....d. Quant à celui-ci, après un premier pansement, il pu regagner Marseille, où il s’est arrêté. Dans la matinée d’hier, M. Astie, commissaire spécial de la gare de Marseille, s’est rendu à Saint-Chamas pour faire une enquête sur cette tentative mystérieuse. Le parquet d’Aix s’est également transporté dans cette localité. Le Petit Marseillais annonce qu’on a arrêté un nommé C.."., exerçant à Salon la profession de décrotteur et dont le signalement répond à celui donné par M. R......d. La voix publique accuse C... d’être l’auteur des autres attentats, commis en chemin de fer qui ont ému la région du Midi.

Journal "L'INTRANSIGEANT" du 14-9-1883 (Collection BNF_Gallica)

• Aix 15 septembre.

L’instruction relative à la tentative d’assassinat en chemin de fer se continue avec vigueur. Le réserviste Gascon est arrivé ce matin à Aix. Il a été immédiatement interrogé par M. le juge d'instruction. Par les soins du parquet, certains effets appartenant à C.....n, tel est le nom du décrotteur inculpé, ont été envoyés de Salon et on l'en a fait se revêtir. C'est dans cette tenue qu'il a été confronté au réserviste. Ce dernier a aussitôt reconnu C....n. Comme le juge d’instruction l'a prié de préciser, il à formellement déclaré reconnaître le prévenu pour l’assassin. Le sieur R.....d, la victime, a demandé avec instance l’autorisation au parquet de ne se rendre à Aix que vers la fin de la semaine. Sa demande étant basée sur les nécessités de sa profession on s'est empressés d'y faire droit. Ce n'est que vers la fin de la semaine que le sieur R.....d se rendra Aix pour y être confronté avec C......n. Le réserviste, qui fait ses vingt-huit jours au 1er hussards, est reparti cette après-midi pour Marseille où il sera confronté ce soir encore avec un individu arrêté là-bas. C........n continue à protester énergiquement de son innocence, en cherchant a établir des alibis. Dans sa prison il ne parait pas trop s'inquiéter et ne cesse de répéter qu'il est sûr que son innocence sera bientôt reconnue et qu'il sera relâché.

Journal "L'INTRANSIGEANT" du 14-9-1883 (Collection BNF_Gallica)