Août 1885, Jules Ferry est sifflé à la gare de Lyon-Perrache

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Suite à "l'affaire" du Tonkin, au cours de la guerre Franco-Chinoise, le gouvernement Ferry chute et le Président du COnseil va en garder une forte impopularité qui va le suivre plusieurs mois. En août 1885, par exemple, il est reçu sous les sifflets et les hués lors d'un déplacement à Lyon. La presse (de l'opposition) relate cet événement.


  • FERRY A LYON

On verra plus loin comment l’affreux Ferry a été reçu par les Lyonnais. Les apostrophes, les sifflets, les huées l’ont pris à sa descente de wagon et l’ont accompagné jusqu’à 1’hôtel Collet. La population dë la seconde ville de France a donné là une belle leçon à l’entrepreneur des aventures coloniales...


Lyon, 9 août, minuit 45. Parti hier matin de Saint-Dié, Ferry débarquait à la gare de Perrache, ce soir, à dix heures et demie. Longtemps avant l’arrivée du train, les abords de la gare étaient envahis par une foule nombreuse et des plus calmes. Pas un cri, pas un incident, rien qui pût laisser pressentir l’accueil qui allait être fait au grand chef des pépitiers tonkinois. Mais à peine le train est-il signalé par le sifflet de la locomotive, que de tous côtés éclatent des milliers d’autres sifflets, dominant le bruit strident Ferry descend de son vagon. A-t-il en tendu les sifflets ? C’est probable, car il est très pâle et c’est en balbutiant qu’il répond aux paroles de bienvenue qui lui sont adressées par les compères organisateurs du banquet. Devant l’attitude de la foule, on a songé un moment à faire esquiver l’ex-ministre par une porte dérobée ou une fenêtre. Mais on a pensé que cette façon de sortir de la gare Perrache lui rappellerait un souvenir trop douloureux : celui de son évasion de la Chambre des Députés, le 30 mars, lorsqu’il fut contraint de passer par-dessus un mur, au moyen d’une échelle. On fait donc approcher une voiture et l'on y hisse l’ex-président du conseil des ministres. Dès que celui-ci est aperçu par la foule, à la sortie de la gare, de tous côtés éclatent de nouveau des bordées de sifflets, auxquels se mêlent les huées et le cri de A bas Ferry! A bas le Tonkinois! Au Rhône le lâche! Vive Courbet! Quelques partisans disséminés dans la foule, où ils avaient mission de chauffer l’enthousiasme , essaient timidement de jeter le cri de vive Ferry! mais la foule leur impose énergiquement silence. En vain le cocher veut faire prendre le trot à ses chevaux : il ne peut fendre la foule qui entoure la voiture et l’accompagne pas à pas sans cesser de huer et de siffler l’odieux pandour qu’elle renferme, C’est avec ce cortège peu triomphal que le Tonkinois a traversé la ville de Lyon, jusqu’à l’hôtel Collet, où il est descendu. Partout sur le parcours, devant chaque café, aux fenêtres des maisons de Perrache et de la rue de la République, les huées et les sifflets saluaient le passage de Ferry.

M. FErry quitte Lyon le 12.

Journal L'Intransigeant du 11 août 1885. Collection BNF-Gallica.