Statistiques relative aux accidents de chemin de fer
- A propos de l'épouvantable accident de Charenton, nous empruntons à une statistique officielle les renseignements suivants sur le nombre de victimes d'accidents de chemin de fer en France, en Angleterre et en Belgique. Pendant la période de 1839 à 1854, c'est à dire pendant l'enfance des chemins de fer on comptait:
France......... 1 tué sur 1 955 555, 1 blessé sur 496 511
Angleterre ... 1 tué sur 5 236 290, 1 blessé sur 311 545
Belgique...... 1 tué sur 8 861 804, 1 blessé sur 2 000 000
La période qui s'étend de 1859 à 1869 accuse un sérieux progrès dans les trois pays. On y compte:
France......... 1 tué sur 13 323 014, 1 blessé sur 673 927
Angleterre ... 1 tué sur 15 2290 73, 1 blessé sur 407 260
Belgique...... 1 tué sur 13 000 033, 1 blessé sur 1 793 108
Enfin, dans la période qui s'étend de 1872 à 1879, les progrès ont continué en France, mais non en Angleterre où le nombre des tués est proportionnellement deux fois plus élevé que dans notre pays, comme en témoignent les chiffres suivants:
France......... 1 tué sur 27 879 000
Angleterre ... 1 tué sur 13 423 000
Belgique...... 1 tué sur 23 289 421
Si maintenant nous nous reportons à la dernière statistique publiée par le Ministère des Travaux Publics, nous voyons que les accidents de chemin de fer se sont élevés, pendant la période décennale de 1868 à 1877, au chiffre total de 773 pour les six grandes compagnies françaises. Ces accidents ont été funestes à 2376 personnes, parmi lesquelles 218 ont été tuées et 2158 blessées. Les morts se répartissent pour chacune des dix années de la manière suivante :
1868, 4 tués, 1869,2 , 1870, 35, 1871, 135, 1872, 7, 1873, 0, 1874, 1, 1875, 3, 1876, 6, 1877, 5.
Comme on le voit par ce tableau, une seule année, 1873, a été exempte d'accidents ayant entrainé la mort. L'année 1871 est de beaucoup la plus chargée. Pourtant c'est l'année où il a été transporté le moins de voyageurs, environ 95 millions, tandis que la moyenne est de 140 à 150 millions. Mais il est facile de se rendre compte de cette augmentation qui provient de l'état défectueux nos voies suite à la guerre.
Journal "La Nature" 1881. (Collection CNUM)