Orange à Isle-sur-Sorgue (L’)
Sommaire
Généralités
Ligne à voie unique de 38 kilomètres de longueur, comportant 10 gares dont 3 de correspondance. Elle prend sa source en gare d'Orange sur la ligne "impériale". Elle y est momentanément parallèle puis s'infléchit pour atteindre la gare de Jonquières. L'Ouvéze est franchie sur un viaduc de 48 mètres et un pont métallique de 82 mètres. La ligne descend ensuite vers la vallée de la Salette et la gare de Sarrians-Montmirail, traversant au passage l'ancienne halte de Pied-Card au PN 14. Au delà de cet établissement et après franchissement du Brégoux, elle s'oriente légèrement vers le sud et entame une longue montée jusqu'à Carpentras. La gare d'Aubignan-Loriol est atteinte après la traversée d'un pont métallique de type Eiffel de 30 mètres sur le Méde (située à mi-chemin entre les deux villages dont elle porte le nom). Le rail pénètre dans Carpentras après franchissement d'un superbe viaduc de 150 mètres en quinze arches et traversée de la ville en grande partie en tranchée. Elle opère la rencontre avec la ligne montant de Sorgues. Celle-ci est laissée sur la droite dés la sortie de la gare et la voie, par un tracé presque rectiligne et en pente douce, se dirige vers Pernes les Fontaines. Après le franchissement d'un pont métallique de 25 mètres sur la Nesque, la ligne se dirige jusqu'à Velleron et pénètre dans le pays des Sorgues dont elle franchit de nombreux bras. L'arrivée en gare de L'Isle-Fontaine de Vaucluse est effectué en courbe par le Nord-est, de concert avec la ligne d'Avignon à Miramas via Cavaillon et Salon.
Historique
- Période PLM
Vers 1860 on songe, du coté de Carpentras, à réclamer à la Cie du P.L.M. d'élargir l'offre ferroviaire en installant un réseau de lignes complémentaires régionales, embranchées sur la ligne Impériale que l'on le souhaite bâti en "étoile" autour de la sous-préfecture. Les élus Carpentrassiens émettent en mai 1868, le vœu d'une ligne reliant Orange à L'isle/Sorgue passant par leur ville. Vœu repris par le Conseil Général et la chambre de commerce d'Avignon. Elle permettrait, en cas de perturbations, de détourner ou de délester le trafic de la ligne impériale vers Cavaillon et Miramas (proposition intégrée à un faisceau de projets privés visant à établir un réseau de chemin de fer cohérent dans le nord du Comtat venaissin (Projets Oppermann, Prunier, Morette & Javal) pour l'instant délaissé par le rail).
Mais rien ne sort de cette abondance de projets et, en 1876, la municipalité doit donc renouveler son vœu. Vœu désormais inclus dans le cadre plus ambitieux de la création d'une seconde ligne Lyon-Marseille, prenant sa source à Orange et se dirigeant vers Carpentras, Cavaillon et Miramas. Mais les instance gouvernementales sont partagées sur ce projet quant au point de jonction avec la ligne impériale. Si le projet initial le prévoit à Orange, d'aucuns souhaiteraient le voir à Sorgues (ligne se dirigeant vers St-Saturnin. Le Conseil Général souhaite que le projet Orange-L'isle soit substitué au projet Sorgues-Carpentras en cours d'étude dans le cadre des projets de loi du réseau complémentaire des Chemins de Fer secondaires.
Alors que les politiques débattent, les études concrètes conduites par l'ingénieur civil Courtasse, continuent sur le terrain (propose Miramas, Cavaillon, l'Isle, Carpentras, Vaison, Valréas, Nyons, Dieulefit). Ces études, permettent au Conseil Général de faire inscrire le projet de ligne Orange-L'Isle, au titre du complément de construction des lignes d'intérêt général, dans le cadre de la nouvelle loi Freycinet. La ligne est enfin classée comme concession éventuelle en 1879 (n°134 loi du 17/7/1879. Définitivement concédée au P.L.M. par la convention du 26/5/1883 approuvée le 20/11/1883). Pour "emporter" la décision, le Conseil Général avait par ailleurs proposé de financer pour moitié l'acquisition des terrains nécessaires à la mise en place de la nouvelle ligne. Il est prévu, de tout acheter et tout construire dans l'optique d'une ligne à double voie.
La déclaration d'utilité publique est prononcée en avril 1880 (confirmée le 7/1/1881. Nombre et emplacements des stations officiellement définis par décision ministérielle du 4/3/1881), plus de 15 ans après l'émission des premiers vœux. Mais les Comtadins ne sont pas pour autant "au bout de leurs peines". Les spécialistes estiment que deux ans seulement suffiront pour établir cette nouvelle ligne... En réalité, prés de douze ans de lutte seront nécessaires avant de voir circuler le premier train entre Orange et L'Isle.
Déjà, l'acquisition des terrains pour l'établissement de la voie et des gares se heurte à de très nombreuses difficultés. Un nombre impressionnant de "dossiers" est constitué sur les communes de Velleron, Le Thor, Pernes, Carpentras, Loriol, Sarrians... Si le Conseil Général tient à peu prés ses promesses, il n'en est pas de même de l'administration centrale qui octroie les indemnités "au compte gouttes". De nombreux propriétaires contestent les estimations financières et la superficie des parcelles à exproprier. L'arbitrage de la justice est nécessaire. Le tracé lui même est empreint de polémique. On discute, par exemple, à Velleron sur des tracés passant à l'Est ou l'ouest du village, ou à Pernes où l'on souhaite un déplacement de l'emplacement prévu pour la gare. La municipalité la souhaiterait implantée au quartier de Toussaint, sur le bord de la Nesque. En février 1881, la commune s'engage même à créer une rue "de la gare" pour assurer la desserte de celle-ci. Mais les années s'écoulent et rien de concret n'apparaît. La commune de Pernes qui a dépensé 15 000 Fr. pour construire la rue de la gare, réclame en 1885 la prompte exécution des travaux... Puis encore en 1886 et en 1887, 1888, 1889... Ainsi que d'autres communes, Orange, l'Isle/Sorgue etc.. Mais le P.L.M. ne dépose le projet définitif qu'en 1886, lequel est approuvé en ce qui concerne les terrassements en janvier 1887. Quant à l'arrêté de cessibilité pour cause d'utilité publique il n'est diffusé que le 25/11/1889! Les caisses de la Cie. sont fortement malmenées par les autres travaux de construction. Il faut terminer ce qui est commencé avant d'ouvrir de nouveaux chantiers.
On propose aussi en 1886 et 1887 des variantes passant par Camaret, Violès et Vacqueyras au lieu de Sarrians et Jonquiéres. Une pétition circule en 1887 sur ce sujet. On réclame l'établissement d'un halte à Sarrians quartier des Sablons. On discute, enfin, du point de raccordement de la ligne à celle d'Avignon-Miramas. A Carpentras et Cavaillon, on préférerait que la ligne soit prolongée pour que le raccordement soit effectué directement à Cavaillon, ce qui parait être l'avis du ministère, (Décision du 30-12-1881 fixant Cavaillon comme tête de ligne...) qui finalement se rétracte et revient sur le projet initial de raccordement à l'Isle sur Sorgue, tout en conservant une exploitation directe jusqu'à Cavaillon (mai 1893. Le coût de 91 000Fr occasionné par la modification du projet ne serait pas justifié).
Diverses évolutions sont finalement avalisées, comme cette demande de halte entre Orange et Jonquiéres. Un décision ministérielle de 1893, confirme l'acquisition d'un simple quai pour les voyageurs (sans abri, ni bagages) au P.N. de Pied-Card. Il en coûte toutefois 4 000Fr.. La commune de Sarrians en finance une partie, le reste est fourni via une souscription. Une autre (27/12/1894) donne accord pour le projet d'agrandissement de la gare d'Orange. Satisfaction est aussi donnée à M. Desplan, propriétaire de l'établissement thermal de Montmirail. Le 13/07/1893, le P.L.M. accepte de nommer la future gare de Sarrians, SARRIANS-MONTMIRAIL.
Les travaux sont pourtant commencés "dés" 1891, car dans tous les cas ils seront particulièrement importants. Notamment dans les gares de jonction d'Orange, Carpentras et L'Isle/Sorgue qui, déjà en exploitation, doivent être entièrement réorganisées. La gare de Carpentras perdant, de fait, son statut de gare terminus, pour devenir gare de bifurcation. Mais les travaux ne sont pas seulement ferroviaire. La mise en place de la nouvelle voie scinde la ville en deux! De nombreuses rues et ruelles doivent être réaménagées, notamment la route d'Avignon (dont le niveau est abaissé de plus d'un mètre au P.N. de la gare!). Ces importants travaux se déroulent sur fond de désaccord financier entre la commune, l'Etat et le P.L.M.. Ils posent aussi des problèmes de sécurité. De nombreux "curieux" semblent se presser sur les zones de travaux, au point qu'un arrêté interdisant la circulation du public doit être pris! Puis, les premiers trains circulent enfin. Mais les installations de sécurité aux passages à niveau ne sont pas encore en place et ces circulations présentent des risque d'accidents graves. La mairie de Velleron réclame des mesures visant à réduire ces risques (suite à un accident évité de justesse sur la commune). Le chantier requiert une importante main d'oeuvre... Souvent étrangère. Le maire de Jonquiéres s'en émeut et demande que seulement 10% d'ouvriers étrangers ne soient admis sur les chantiers. Mais aucune loi ne peut imposer ce quota! L'extraction de graviers dans le lit de l'Ouvéze, soulève aussi des protestations de riverains car nuisant à l'irrigation.
Les travaux se poursuivent et...
Le train roule enfin...
Quelques jours après la marche d'un train d'essai et épreuve des 45 ouvrages d'art le 8 octobre, la ligne est enfin livrée à l'exploitation le 3 novembre 1894 (bien que tous les aménagements des gares ne soient pas encore totalement terminés). 30 ans se sont écoulés entre le lancement des projets et la mise en exploitation effective de la ligne! A partir de 1898, les délaissés sont reversés à l'administration des domaines et remis en vente aux enchères publiques.
Des études en vue de la pose de la seconde voie entre Orange et Carpentras sont entreprises entre 1906 et 1909. Mais ayant cheminé avec une "sage lenteur", elles sont mises de côté avec la survenue de la guerre. Et puis les conditions financières de l'après conflit ne permettant pas de ré-envisager les travaux, elles sont... Abandonnées.
- Période SNCF
La ligne est coordonnée en 1939 et perd son service voyageurs.
La déchéance commence dés les années 50. Peu à peu les sections comprises entre Pernes et L'Isle sont fermées à tout trafic (En 2 étapes. Velleron/L'Isle en 1955 et en 1959 Pernes/Velleron) puis déclassées en 1970 et déferrées en 1971. En 1959, la section Pernes-Velleron est abandonnée par la S.N.C.F., mais les voies, considérées par les militaires comme stratégiques, restent en place et bénéficient d'un entretien minimal jusqu'en 1972. Cette même année le "sens" de la ligne est modifié. Il faut désormais parler de la ligne Orange-Sorgues via Carpentras et non plus Sorgues-Carpentras et Orange-L'Isle.
Le B.V. de Velleron est abattu pour permettre divers aménagements routiers, suivi peu après, par l'ancienne halle. Peu à peu, les gares de la ligne sont fermées (comme celle de Sarrians en 1987). La neutralisation de la section Orange-Carpentras, réalisée en juin 1988, précipite la fin de ce tronçon, livré désormais aux ronces et herbes folles. Peu après, le tablier du passage sous voies du PK 8,6 (entre Jonquières et Sarrians) est déposé pour permettre des travaux d'élargissement du CD 977. L'opération scelle l'inéluctable déclin de la ligne que plus aucune circulation, fût elle spéciale, ne peut plus emprunter. Les installations de sécurité et les passages à niveaux automatiques démontés. Quelques sections de rails sont supprimées dans le courant de 1995 (décret de déclassement du 20 mars), l'abandon des installations des gares et l'invasion de la rouille et de la végétation ne laissent plus planer de doute sur la destination finale de cette lente agonie.
Les années 2000, voient les actions de la FNAUT pour obtenir l'abandon du déclassement de la section Carpentras/Pernes (arrêté cassé en 2004), mais en parallèle la vente de l'ancienne voie ferrée entre Orange et Carpentras (01/2006) au Conseil Général de Vaucluse est effective.
Le 8/06/2009, malgré de vives protestations le Conseil Général de Vaucluse ayant finalisé son projet de destruction, le chantier d'enlèvement des voies entre Jonquières et Carpentras est ouvert. La ligne d'Orange à Carpentras a vécu...
Profils
Date d’ouverture
- 3 novembre 1894.
Gares et ouvrages d’art classés par Point kilométrique à partir d’Orange
Orange
- Point kilométrique à partir d’Orange : 0,0 (origine des installations de la ligne au Point kilométrique - 0,177 à partir axe du BV d'Orange)
- Point kilométrique à partir de Paris : 713,263.10 (Ligne de Paris à Marseille)
- Altitude : 46,10 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 10/6
Jonquières
- Point kilométrique à partir d’Orange : 6,746.65
- Altitude : 55,45 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 10/10
Pied-Card (halte au PN 14)
- Point kilométrique à partir d’Orange : 11,159.43
- Altitude : 50,20 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 8/0
Sarrians-Montmirail
- Point kilométrique à partir d’Orange : 13,336.83
- Altitude : 35,95 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 8/10
Aubignan-Loriol
- Point kilométrique à partir d’Orange : 17,435.51
- Altitude : 58,01 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 1,5/10
Carpentras
- Point kilométrique à partir d’Orange : 21,926.29
- Point kilométrique à partir de Sorgues:16,497.71 (Ligne de Sorgues à Carpentras)
- Altitude : 93,79 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 10/2
Pernes (les fontaines)
- Point kilométrique à partir d’Orange : 27,685.07
- Altitude : 74,67 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 10/6
Velleron
- Point kilométrique à partir d’Orange : 33,006.28
- Altitude : 53,45 m
- Pente maxima trains impairs / pairs : 2,5/5
Isle-sur-Sorgue (L’), Poste 1, Aiguille PK 38,0
- Point kilométrique à partir d’Orange : 38,0
- Altitude : m
- Pente maxima trains impairs / pairs :
Isle-sur-Sorgue (L')
- Point kilométrique à partir d’Orange : 37,976.61
- Point kilométrique à partir d’Avignon :23,240.91 (Ligne d'Avignon à Miramas par Salon)
- Altitude : 58,77 m
- Pente maxima trains impairs / pairs :
Isle-sur-Sorgue (L’) fin de la ligne
- Point kilométrique : 38,198
- Altitude : m
- Pente maxima trains impairs / pairs :